La drogue du zombie : la xylazine est cette nouvelle « menace émergente » aux Etats-Unis. La xylazine, utilisée à l’origine pour anesthésier les chevaux et couplée au fentanyl, s’est répandue dans les rues américaines, laissant sur son sillage des corps et des esprits dévastés. Une catastrophe à prendre au sérieux dans un pays déjà ravagé par toutes formes de drogue.
LE NOUVEL ENNEMI PUBLIC NUMÉRO UN
Alors que la crise des opioïdes fait rage aux Etats-Unis à cause du Fentanyl, cette drogue se retrouve désormais mélangée à un sédatif pour animaux, la xylazine. Un produit qui aggrave une situation déjà critique. C’est un bidon d’essence sur un incendie. Le 12 avril dernier, le directeur du bureau chargé de la lutte contre les drogues du gouvernement américain présentait le nouvel ennemi public numéro des Etats-Unis : la xylazine, un sédatif pour animaux autorisé depuis 1972 dans le pays. Et pour cause : entre 2018 et 2023, le nombre d’overdoses mortelles liées à ce produit a été multiplié par 13 dans le pays. Selon le centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) auprès de l’Agence France Presse (AFP). Environ trois milles cas par an qui s’ajoute aux 75 000 décès annuels liés à la consommation d’opioïdes aux Etats-Unis.
UN PRODUIT PEU DANGEREUX EN LUI-MÊME
Pourtant, la prise de ce produit n’est pas dangereuse en tant que telle. Concrètement, la xylazine ne provoque pas d’effets psychotropes comme une drogue. A l’inverse, ce tranquillisant pour animaux inhibe le système nerveux sympathique, responsable du rythme cardiaque, de la contraction des muscles et donc de la respiration du consommateur. Problème : aux Etats-Unis, ce produit est aujourd’hui vendu sous forme d’un cocktail de drogues appelé « tranq », rapporte le CDC. On le retrouve souvent mélangé à du fentanyl, un analgésique de synthèse dérivé de l’opium, 50 fois plus puissant que l’héroïne et en grande partie responsable de la crise des opioïdes dans le pays. Ignorant parfois qu’ils consomment de la xylazine, les consommateurs se retrouvent ainsi dans un état amorphe pendant plusieurs heures vagabondant dans les grandes métropoles américains comme morts vivants. Un phénomène qui lui a donné son surnom de « drogue du zombie ».
EFFETS SECONDAIRES DESTRUCTEURS
Au-delà de cet effet sédatif et psychotrope, cette combinaison est également destructrice pour les corps de ceux qui se l’injectent en seringue. Dans un reportage publié le 21 juin dernier par le quotidien « Libération », des consommateurs de « tranq » dévoilent des plaies béantes et nécrosés sur leurs bras et leurs jambes parfois jusqu’à l’os. Des effets secondaires uniques à la xylazine, que s’ils ne sont pas traités, peuvent obliger à pratiquer des greffes de peau ou des amputations, indique une infirmière du centre de soin St Ann’s corner The Harm Reduction de New-York. De même la xylazine ne peut pas être traitée comme les autres drogues. N’étant pas un opioïde, le sédatif ne réagit pas à l’utilisation de Naloxone, un spray nasal généralement utilisé comme antidote au fentanyl. Il complique ainsi le traitement des consommateurs de « tranq » et augmente leurs risques de faire une overdose mortelle.
Majoie Kisalasala
