Procès Benalla : 18 mois de prison avec sursis requis contre l’ancien collaborateur de l’Elysée

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L’Ex-chargé de mission de l’Elysée est jugé depuis plusieurs semaines pour des violences commises au cours des manifestations du 1er mai 2018, à l’origine d’un scandale politique. D’après l’expression du procureur, les faits du 1er mai 2018 ont constitué la « chronique d’un dérapage annoncé ». Le parquet a requis jeudi 30 septembre, 18 mois d’emprisonnement avec sursis et 500 euros d’amende à l’encontre de l’ancien chargé de mission de l’Elysée, Alexandre Benalla, notamment pour les violences commises lors de cette manifestation, à l’origine d’un scandale politique retentissant. En outre, le ministère a estimé qu’Alexandre Benalla devait être aussi être reconnu coupable d’avoir utilisé, après son licenciement, deux passeports diplomatiques lors de onze voyages, en Afrique noire, au Maroc ou aux Bahamas et d’avoir réalisé un faux document afin d’obtenir un autre passeport, de service cette fois. Il doit par ailleurs être sanctionné pour avoir porté une arme sans autorisation le 28 avril 2017 à Poitiers, après un meeting de campagne du candidat Macron, ont estimé les procureurs. Une peine d’un an d’emprisonnement avec sursis a été requise à l’encontre de Vincent Crase, Ex-employé d’Elysée, présent avec Alexandre Benalla lors du cortège de la fête du travail, ainsi que deux et quatre mois avec sursis contre deux policiers de la préfecture de police de Paris, jugés à leurs côtés dans un autre volet du dossier. Dans une affaire « qui a fait couler beaucoup d’encre », déjà jugée par le tribunal de l’opinion, le procureur Yves Bardoc a demandé de revenir aux « faits » et non à leur « commentaire », faisant appel à la « souveraineté du tribunal ». Le magistrat a demandé la condamnation d’Alexandre Benalla pour avoir molesté deux manifestants au Jardin des plantes et un couple, à la place de la Contrescarpe, ainsi que la condamnation de Vincent Crase pour des violences sur trois  de ces personnes. Le procureur a souligné que les deux hommes « avaient agi avec des policiers, comme des policiers et parfois à la place des policiers », alors qu’ils n’étaient ce jour-là qu’observateurs du cortège. « C’est l’Etat, la puissance publique dont l’émanation est la police, qui détient l’usage de la force », a-t-il lancé, soulignant que les agissements du duo ne pouvaient être « légitimes » et demandant leur condamnation pour « violences en réunion » et « immixtion » dans la fonction de policier. Il a par ailleurs demandé pour l’ancien chargé de mission cinq ans d’interdiction de toute fonction publique et dix ans d’interdiction de port d’arme. Le procès d’Alexandre Benalla, Vincent, Laurent Simonin et Maxence Creusant s’est terminé vendredi 1er octobre, devant le tribunal correctionnel de Paris. Invité à prendre une dernière fois la parole, l’Ex-chargé de mission de l’Elysée a tenu à s’expliquer sur son comportement après les faits et à présenter des excuses. Mais les talents d’oratrice de l’avocate ne changent rien au fait qu’il était tard, que c’est vendredi soir, le début de week-end, la salle se vide, la lassitude se lit sur les visages. Comme le veut l’usage, avant de clôturer l’audience, la présidente invite les quatre prévenus à dire un dernier mot s’ils le souhaitent. Les trois premiers déclinent. Chacun commence à ranger ses affaires. « Oui, j’aimerais dire quelque chose », annonce alors Alexandre Benalla. Le trentenaire se lance, il a visiblement préparé ce qui semble devoir être sa propre plaidoirie. « Un jour, un ami m’a dit parfois, il faut se mettre au balcon et se regarder passer dans la rue. Il y a une phrase que vous avez prononcée, madame La Présidente, et que je trouve assez juste. Quand on lit mes auditions, on se demande : « Il se prend pour qui ? ». Et je pense que c’est quelque chose qui m’a fait défaut, juge le prévenu, qui a, tout au long de son procès, semblé avoir une réponse toute trouvée à tout. Mais le trentenaire tient à s’en expliquer : « Est-ce que je suis un ange ? Je ne pense pas », admet Alexandre Benalla, visiblement ému. Il dit « ne pas être dans la norme, dans les règles en permanence ». Mais insiste : « Est-ce que ça fait de moi un délinquant ? J’ai toujours voulu bien faire. C’était une volonté d’être au service, je ne me suis jamais servi. Est-ce que j’ai eu une erreur de jugement le 1er mai ? Sans aucun doute, il fallait rester à sa place ». Après un bref silence, toujours droit, à la barre, dans son costume, il dit avoir encore trois choses à dire. D’abord, « un aveu » : son téléphone portable qui a disparu, « il n’a jamais été perdu, oui j’ai menti », reconnaît celui qui affirmait mordicus le contraire au début du procès. Des regrets, aussi, pour ces trois co-prévenus : « J’espère que ces personnes pourront rebondir assez rapidement ». Des excuses, enfin, envers « la trentaine de personnes qui se sont échouées dans le naufrage Benalla ». L’audience se termine sur ces mots. Et sur un geste. Avant de quitter la salle, Alexandre Benalla se dirige vers le banc des quelques parties civiles encore présentes, sert la main à deux d’entre elles, dont Georgios D. le jeune homme de la place de la Contrescarpe. Une poignée de main sans plus d’échange. Monsieur Benalla, saura le 5 novembre s’il a réussi à convaincre la justice, que ce 1er mai 2018, en l’interpellant à la place des policiers, il a simplement « voulu bien faire ».

Majoie Kisalasala

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