Trypanosomiase humaine africaine : Agent pathogène, diagnostic et traitement

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Les maladies tropicales négligées constituent un groupe de maladies qui se manifestent dans les régions tropicales.  En raison de leurs zones de prédilection, ce sont des maladies qui sont retrouvées dans les milieux ruraux et dont les populations sont majoritairement pauvres.

Touchantplus de 1,7 milliards de personnes dans le monde entier, l’Afrique en soi regorge 40% du statique mondiale soit 400 millions de personnes sont contaminées par différentes maladies tropicales négligées.Aussi faible que soit leur statistiques, par contre la gravité de ces différentes maladies reste un facteur non négligeable.

Faisant de 20 maladies tropicales négligées, la trypanosomiase humaine africaine (THA) ou maladie du sommeil est l’une de plus mortelle de cette catégorie.  Elle est transmise par la piqûre de la mouche tsé-tsé et devient fatal si le traitement admis n’est pas correcte. Quels en sont les symptômes ? Quelles sont les personnes vulnérables à la THA et qu’en est-il du traitement approuvé par le gouvernement congolais ? Toutes ces préoccupations ont été élucidées au cours d’un entretien avec leDocteur Florian Zola Kiazayawoko ,Interniste-Infectiologue du département de Médecine interne et service de maladies Infectieuses à  l’hôpital Général ex  Mama Yemo.

Vraie Thématique :Maladies tropicales négligées : Que doit-on comprendre par cette nomination ?

Docteur Florian Zola : On entend par maladies tropicales négligées un groupe de maladies qu’on trouve dans les régions tropicales. Ce sont des maladies qui par leur manifestation présententcertaines différences mais elles ont des caractéristiques communes.  Celles-ci  sont la plupart des programmes relayées au second plan d’où le nom des « maladies tropicales négligées » c’est-à-dire que  les ressources allouées à ces maladies comparativement à d’autres elles ne sont pas si importantes ; une raison de plus de les qualifier de maladies de populations négligées.

VT : En parlant de la trypanosomiase humaine africaine, Quelest donc son mode de contamination ?

Dr FZ : Le mode de contamination le plus fréquent c’est la piqûre par la Mouche Tsé-tsé appelée aussi glaucine. Celle-ci  injecte dans l’être humain le microbe appelé « trypanosoma ». Par ailleurs,  il est aussi décrit certains mode de transmission comme la transfusion du sang contaminé ou la contamination de la mère à l’enfant pendant l’accouchement qui est un mode de contamination plutôt très rare.

VT :  Quelles sont les zones de prédilection où la maladie se transmet facilement et rendent certaines personnes vulnérables à la THA ?

Dr FZ :Les zones de prédilection concernent généralement les milieux ruraux qui sont aussi des foyers de vecteur de transmission.En ce qui concerne les personnes vulnérables  à la THA, nous devons retenir la population desdits milieux est essentiellement constituée des pêcheurs, chasseurs, Agriculteurs, éleveurs… Ils sont donc prédisposés à la maladie car ils fréquentent des zones où il y a prolifération des mouches tsé-tsé.

En RDC, il y a plusieurs provinces qui sont concernées par cette maladie à l’instar du kongo central avec différents foyers, à Kinshasa c’est à ndjili brasserie, à Maluku, au kwango ou Kwilu , à kwamouth , à l’équateur , dans le Maniema, au Kasaï et dans le Grand Katanga.

VT : Quels sont les symptômes qu’on peut reconnaître chez une personne contaminée ?

Dr FZ : En ce qui concerne les symptômes de la maladie, la THA a deux phases à savoir : La phase hémolympathique qui est caractérisée par des symptômes qui ne sont pas spécifiques à la trypanosomiase dont la fièvre, la présence des ganglions  appelés adénopathies,la rate, les prurits qui sont des signes généraux non spécifiques à la maladie.

Par contre à la deuxième phase la maladie atteint le niveau du système nerveux et produisent des signesneurologiques et psychiatriques. À ce niveau, les microbes ont quitté le niveau du sang pour attaquer le système nerveux et comme conséquence, la personne atteinte présentera des troubles de sensibilité, des troubles de motricité et finalement le trouble du sommeil.

Autre symptômes à  signaler durant cette deuxième  sont aussi le trouble de comportement et aussi des signes méningés.

VT : Quelle attitude adoptée en cas de contamination avérée ?

Dr FZ : En cas de contamination, le malade est  généralement mis en  hospitalisation à l’abri des mouches tsé-tsé. Il faut aussi retenir que la contamination ne se fait pas d’hommes à hommes de manière directe et on peut rester à côté du malade sans courir le risque d’être contaminé.

VT : En 2020, le gouvernement congolais a mis en place le protocole médical pour lutter contre la THA, à savoirle fexinidazole ; pensez-vous que seul ce médicament suffit pour lutter efficacement contre la THA ou bien il existe des traitements associés ?

Dr FZ : Le fexinidazole c’est un médicament validé par notre pays et ayant reçu l’autorisation d’être distribué. C’est un médicament ayant l’efficacité pour les deux phases de la maladie. Il présente l’avantage d’être administré par voie orale ce qui fait que le malade pourrait être soigné en ambulatoire. Mais il existe aussi des médicaments efficaces autres que le fexinidazole. Par contre, ceux là nécessitent la voie injectable et les injections requièrent une certaine logistique d’où le malade devrait être souvent en hospitalisation.

VT : La médecine alternative ou traditionnelle pourrait être admise aussi comme un traitement efficace contre la THA ?

Dr FZ : En ce qui concerne la médecine alternative, enmaqualité de spécialiste, je ne pourrai pas dire que cela pourrait sembler efficace. Nous sommes à l’ère de la médecine basée sur les évidences, tout ce que nous pouvons utiliser comme méthodes de prise en charge  pour le traitement des malades sont celles qui ont démontré leur efficacité à travers plusieurs études. Donc nous ne pouvons qu’encourager l’utilisation des médicaments qui sont déjà validées car leur efficacité a été prouvée. Mais en parlant de la médecine alternative , existe-t-il  des preuves démontrant le respect des normes requises ? Je ne peux pas à mon niveau encourager l’utilisation de la médecine traditionnelle pour traiter la trypanosomiase d’autant plus que je n’ai pas d’évidence pour leur efficacité.

VT : Pensez-vous vous que les communautés sont suffisamment informées sur les ravages de la THA ?

DFZ :La trypanosomiase bien qu’étant une maladie tropicale négligée, elle n’est pourtant pas négligée car il existe un programme au sein de notre pays qui s’en occupeétant donné que la RDC regorge les plus de personnes atteintes de la trypanosomiase humaine africaine ; je peux donc attester que sa lutte se fait encore ressentir. Nous pouvons estimer qu’elle est de moins en moins considérée dans nos communautés par contre le pouvoir public s’occupe de cette maladie.

D’ailleurs , en tenant compte des statistiques nous pouvons conclure que la lutte contre cette maladie a fait que le nombre de contamination soit réduit et ceci témoigne qu’il y a des actions et stratégies mises en place pour aboutir à l’éradication totale de cette maladie.

VT : La communication est l’un des aspects importants pour mettre la population au courant de l’existence de cette infection ; Qui d’après vous doit assumer la charge de cette sensibilisation ?

Dr FZ : La sensibilisation sur la trypanosomiase, les responsabilités sont à plusieurs niveaux. Notre système de santé est bien hiérarchisé. Nous savons qu’il y a un niveau central, périphérique et intermédiaire alors que toutes les directives proviennent du niveau central ceci revient à dire que les plans d’actions à mener pour la sensibilisation de populations vis-à-vis de ladite maladie, devrait provenir du niveau central et dont le niveau périphérique et intermédiaire exécuteront dans les zones de santé, les divisions provinciales de la santé jusqu’à atteindre les communautés concernées. Donc la sensibilisation doit se faire à plusieurs niveaux. Nous ne dirons pas que seule une institution doit jouer le rôle de sensibilisateur. Dans cette démarche, même les communautés sont censées s’impliquer dans la lutte et dans le niveau intermédiaire certaines activités de dépistage qui se réalisent. Nous comme cliniciens, nous avons la mission de sensibiliser sur la lutte contre la maladie et les moyens de prévention.

À cet effet, les professionnels des médias ainsi que les leaders d’opinionont un grand rôle aussi à jouer dans la sensibilisation.

VT : À l’ère de la Covid, peut -on affirmer que les maladies tropicales négligées sont elles supplantées par la Covid-19??

Dr FZ : En terme de fréquence, les MTN restent un réel problème de santé publique caractérisé par une morbidité et mortalité très élevées. Je ne pense pas la Covid-19 ait supplanté la prise en charge des maladies tropicales négligées. Avec l’ampleur qu’à eu cette dernière, on peut émettre le postulat que l’attention pouvait être beaucoup plus tournée vers la Covid qui est venue comme un problème conjoncturelle par rapport aux maladies tropicales négligées qui existent depuis longtemps. Ces maladies ont encore leurs placeet demeurent encore un véritable problème de santé publique malgré la pandémie de covid 19. C’est ainsi qu’on ne pouvait pas négliger les MTN en accordantplus d’importance à la lutte contre la Covid-19au détriment de MTN.

Donc la lutte devait continuer malgré l’arrivée de cette pandémie.

Propos recueillis par Margarita-Rosa Ngoy

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