Sauf imprévu à la chambre basse

0
91

Kabund dépose sa démission aujourd’hui

L’Affaire Kabund qui a fait boule de neige dans les réseaux sociaux et qui a amené le président a.i du parti au pouvoir à faire des déclarations sous-entendant une éventuelle démission, pourrait peut-être connaître son dénouement aujourd’hui. A l’Assemblée nationale. A la base du parti, c’est la confusion. Des combattants, dont les « wewa » en majeure partie, auraient menacé de faire voir à Kabund de verts et des pas mûres, s’il osait faire des vagues qui éclabousseraient Fatshi qu’ils soutiennent contre vents et marées. Ils ne regretteraient pas le départ de Kabund, disent-ils, car il ne serait pas le premier ni le dernier. Des plus grosses pointures, plus ancrées dans le parti sont partis, sans que l’Udps meure, hurlent-ils. Kabund peut partir, nous nous en fichons, mais…     

Comme annoncé dans les réseaux sociaux, c’est aujourd’hui mardi que l’honorable vice-président de l’Assemblée nationale va déposer sa démission au bureau, sauf imprévu. Après cette annonce dans les réseaux sociaux, il y a eu beaucoup de tractations entre les acteurs politiques, et de nombreux politiciens ont défilé chez Kabund, avec des propositions pour aboutir à une solution plus ou moins acceptable, mais, la question que plus d’un se pose est de savoir si le numéro deux de l’Assemblée nationale ira au bout de sa décision ou s’il va se rétracter.

Dans la plateforme Union sacrée de la nation, il y a certes division entre les membres (députés). Certains acceptent sans états d’âme la décision de Jean-Marc Kabund en estimant que c’est un bon débarras, estimant que cette fois-ci, les choses vont évoluer autrement tandis que d’autres, plus pondérés, pensent que son départ est encore prématuré, car il a encore un rôle à jouer au sein de l’Union sacrée comme il l’a fait au début de la fondation de cette plateforme politique.

Rappelons que l’avenir de l’Union sacrée dépend du président Félix Tshisekedi, le bon déroulement ou les stratégies étant arrangées par son géniteur. Tous les députés et autres acteurs politiques ne sont que des accompagnateurs de la vision de « Fatshi béton ». Personne ne peut dire que si l’un ou l’autre a pris telle position, l’Union sacrée sera mal en point. Ou si la majorité à l’Assemblée nationale ne serait pas basculée. Mais dans l’Udps, certains qualifient la décision de Kabund de  courageuse et même de leçon de démocratie à tous les acteurs politiques en Rdc. Retenons que personne n’est indispensable.

L’incident Kabund

L’affaire était sur toutes les lèvres jeudi 13 janvier dans la journée à Kinshasa. Grâce à la magie des réseaux sociaux. Des vidéos devenues virales présentaient la résidence, plutôt cossue, du président ad intérim de l’UDPS (le parti présidentiel) et premier vice-président de l’Assemblée nationale, vandalisée. Une escouade de la Garde Républicaine serait passée par là, manifestement pour régler les comptes à des policiers commis à la garde du speaker adjoint de la chambre basse du Parlement qui avaient agressé un élément de cette unité spécialisée des FARDC, affectée à la protection d’un membre de la famille présidentielle dont le véhicule aurait emprunté un sens interdit plus tôt dans la journée de mercredi 12 janvier sur l’avenue des Poids Lourds. Sur ordre, semble-t-il, du député national Jean-Marc Kabund, ses gardes rapprochés en tenue de  la PNC avaient désarmé un militaire de la GR se trouvant à bord du véhicule contrevenant avant de le jeter à l’arrière de leur jeep d’escorte et de l’acheminer à l’Auditorat militaire de la capitale. La vidéo, virale elle aussi, avait fait le tour des réseaux sociaux.

Assaut GR

Selon des témoignages recueillis auprès des habitants de Kingabwa, le quartier de la commune de Limete où réside Kabund a été le théâtre d’un bref affrontement entre un groupe de la GR et des policiers de garde à la résidence du premier  vice-président de l’Assemblée nationale. «La maison a été prise d’assaut par la GR qui a arrêté tous les policiers présents», renseignait un proche. Mais pas seulement. Des images largement partagées font état d’une mise à sac systématique des pièces du domicile du patron de l’UDPS (cuisine, salle à manger, bureau). Des sources assurent que quelques membres du personnel civil employé à la résidence ont été arrêtés et emmenés sous bonne escorte vers une destination inconnue.

Ce sont, à première vue, les incivilités habituelles en matière de circulation routière qui ont entraîné ce clash de mercredi soir. Le cortège du premier vice-président de l’Assemblée nationale se serait trouvé bloqué à la hauteur du port Baramoto par un véhicule 4×4 qui avait emprunté la voie en sens contraire.

Incivilités récurrentes

Impossible donc de ne pas attribuer une part de responsabilité à la police de circulation routière (PCR) chargée de réguler la circulation dans les grandes agglomérations. Mal équipée, gangrenée par des pratiques endémiques de corruption et un laisser-aller chronique, les éléments de la PCR, comme beaucoup d’autres unités composant la PNC, n’inspirent pas la moindre ‘‘crainte du gendarme’’ à qui que ce soit dans le pays. «N’importe qui agit comme bon lui semble, pourvu qu’il dispose de quelque autorité apparente ou d’un peu d’argent. La plupart des problèmes d’embouteillages  et bouchons sur nos avenues sont dus à l’indiscipline et à l’incivisme d’usagers assurés de l’impunité», se plaint à la Vraie Thématique un kinois rencontré Place de la Victoire. Et il n’a pas tort.

Mais il n’y a pas que cela. Des réactions contre ce désordre se multiplient, elles aussi. Au rang desquelles celle de Jean-Marc Kabund, excédé par la multiplication des cas  flagrants de contraventions routières. C’est sans doute pour essayer d’y mettre bon ordre que le n° 2 de l’Assemblée nationale a cru bien faire en se transformant lui-même en justicier.

Mais, on ne guérit pas un mal par un autre, font observer les légalistes. Un député national n’est ni un agent de la PCR ni un préposé de la police militaire (PM) habilité à déclencher la répression des crimes et délits par les hommes en uniforme. L’Etat de droit, rappelle-t-on, détermine la répartition des pouvoirs à ce sujet. Si le contrevenant au code routier sur avenue des Poids lourds s’est rendu coupable de faits infractionnels, Jean-Marc Kabund et les policiers de sa garde ont versé dans un  zèle frisant l’excès de pouvoir en se faisant justice au lieu d’en référer à la police militaire pour sanctionner l’élément de la GR pris en faute.

Il revient en outre au ministre de l’Intérieur d’assumer sa tutelle sur la PNC de manière à rétablir la saine ‘‘peur du gendarme’’ qui reste le premier ingrédient d’une vie sociale harmonieuse dans une mégapole comme Kinshasa qui doit cesser de ressembler à une jungle où tout est permis.

Indiscipline caractérisée des éléments de la GR ?

Dans toute armée digne de ce nom, la discipline reste la première vertu sur laquelle se rattache toutes les autres comme l’obéissance aux ordres (bien donnés), le respect de supérieurs et la conformité aux lois. S’il est vrai qu’on peut reprocher à Jean-Marc Kabund de s’être transformé, l’espace d’un instant en justicier, la réciproque peut être aussi faite à l’égard des éléments de la Garde républicaine. Ce corps d’élite est censé savoir qui est Jean-Marc Kabund. Et de ce fait, il est inexplicable que pour répliquer à la conduite malheureuse des policiers commis à la garde de celui-ci, les éléments de la GR se soient transformés en une bande de vandales, de destructeurs méchants d’une résidence appartenant à quelqu’un de très haut placé. De surcroît figurant parmi les proches de Fatshi dont ils assurent la garde et la protection.

A moins qu’il y ait anguille sous roche. Déjà, les Kinois, sidérés par la dévastation de la résidence de Jean-Marc Kabund se posent des questions dont ils attendent des réponses claires : qui a donné l’ordre aux gardes républicains d’envahir la résidence de Kabund ? Qui est l’officier qui conduisait cette troupe qui a  osé transgresser l’Etat de droit cher à Fatshi ? La GR serait-elle intouchable, et bénéficierait-elle d’un certificat d’impunité ?

Kabund, en dehors de ses fonctions, est un citoyen comme tous les autres et en tant que tel, a droit non seulement à la protection physique, mais aussi à celle de ses biens. Où est donc l’Etat de droit dont on nous sérine à longueur de journées l’existence ?

J.P Djoko 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici