Noël noir à Kinshasa

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Où sont passés les poissons chinchards du Gouvernement ?

Introuvables dans les assiettes des Kinois, les poissons chinchards en provenance de la Namibie ont alimenté les débats dans toutes les familles de Kinshasa. Nul ne comprend pourquoi ces cargaisons de poissons présentés avec pompe à leur déchargement au port international de Matadi n’ont pas été au rendez-vous de la fête de Noël, l’une de principales commémorations chrétiennes célébrée à travers la planète.

Est-ce un problème de conditionnement comme évoqué dans les rues de Kinshasa ou de management de ces produits surgelés. Pour certains, le Gouvernement en froid avec les sociétés spécialisées dans l’importation, la conservation et la commercialisation de surgelés devrait les associer, car disposant d’une expertise avérée. Ce, d’autant plus que le Gouvernement ne s’est pas préparé en conséquence dans le sens des cantines populaires pour gérer ces cargaisons de poissons puisés dans les eaux maritimes de la Namibie.

CANTINES POPULAIRES

En son temps, feu président Laurent-Désiré Kabila avait tenté de résoudre le problème de la commercialisation des vivres en mettant en place des cantines populaires. Une expérience qui a réjoui les cœurs des populations, mais heurté les opérateurs économiques à qui l’on reproche de surfacturer les produits avec une longue liste de rubriques dans la composition des prix.

Cette expérience n’a malheureusement pas fait long feu. Depuis, les opérateurs économiques ont repris leur souveraineté sur le marché des biens de première nécessité. Ordre que le Gouvernement tente d’équilibrer en usant de son autorité, mais en ne disposant pas de moyens financiers conséquents ni de l’expertise appropriée.

Dans tous les pays du monde, le Gouvernement se limite à réguler le marché pour permettre à tous les intervenants de tirer profit de l’espace économique, mais il ne prétend pas prendre la place des opérateurs économiques de peur de tuer la dynamique sur le marché voulu concurrentiel.

RENFLOUER LES CAISSES

En RDC, le problème se situe en amont avec le Gouvernement qui tient à ses différentes taxes pour renflouer ses caisses. On en compte jusqu’à une trentaine de taxes placées sur le dos des importateurs, qui n’arrêtent de crier contre cette supercherie. Car non seulement qu’on crie investissement, mais le fardeau imposé aux opérateurs économiques demeure lourd et sélectif. En effet, dans un marché dominé par le secteur informel, seuls 20% d’opérateurs économiques payent les impôts et taxes. Les autres sont tapis dans le noir brassant près de 20 milliards de dollars qui échappent au trésor public et empêchent tout décollage de l’économie nationale.

Le poids du secteur informel ne saurait indéfiniment être porté par les opérateurs qui ont décidé de respecter les textes de lois du pays. Il y a lieu qu’à un moment, le Gouvernement décide de convertir son secteur informel dans le secteur formel. Une opération que les différents dirigeants à la tête du pays ne parviennent pas à réaliser se contentant de l’assiette fiscale actuelle pour tirer leurs dividendes. Et pourtant, ils peuvent l’élargir et gagner trois fois plus que le budget 2022 prévu à seulement 10 milliards de dollars.

MANAGEMENT

Le problème des poissons chinchards dans l’assiette des Kinois à Noël remet sur la table la question du management public en matière des vivres frais. Les décrets et arrêtés permettent, certes, de réglementer le secteur de la commercialisation de ces produits, mais ils ne suffisent pas.

Il faut mettre en place des mécanismes qui réduisent la pression d’impositions sur les opérateurs économiques et faciliter l’accès à des nouveaux intervenants pour briser les monopoles et casser les prix, comme c’est le cas du secteur du ciment gris.

J-P Ebonga

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