À compter du 17 octobre dernier, la gestion de l’Hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa n’est plus assurée par la société indienne Padiyath Health Care Sarl, qui avait été chargée de son administration depuis juin 2013.
Cet hôpital, construit par l’État congolais pour un coût dépassant les 100 millions USD, est désormais sous une nouvelle administration. Cette décision a été prise par le ministre de la Santé, Dr Samuel Roger Kamba Mulanda, avec l’aval de la première ministre Judith Suminwa.
La résiliation du contrat de gestion découle d’un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), qui a mis en lumière des manquements significatifs de la société Padiyath Health Care Sarl suite à son évaluation du contrat. Parmi les problèmes identifiés figurent le défaut de versement de 40 millions USD; l’absence de rétrocession de 5 % des revenus générés par l’hôpital, et le non-respect des engagements d’investissement tels que la création de centres de cancérologie, de cardiologie interventionnelle et de télémédecine.
De plus, la comptabilité a été tenue en violation des normes en vigueur en RDC, il n’y a pas eu d’état des lieux préalable de l’hôpital, ni le rapport narratif annuel requis sur les activités hospitalières. Enfin, les objectifs fixés par le gouvernement lors de la cession de la gestion n’ont pas été atteints.
Le Dr Samuel Roger Kamba Mulanda a donné un délai de six mois à la société indienne Padiyath Health Care pour quitter l’établissement. Durant cette période de préavis, un comité d’accompagnement sera mis en place, afin de superviser la résiliation du contrat. Ce comité aura pour mission d’approuver toutes les opérations financières, tant en dépenses qu’en recettes, et d’assurer une transition efficace de la gestion de l’hôpital vers les autorités gouvernementales.
Il convient de rappeler que le 2 mai 2009, le président Joseph Kabila avait posé la première pierre pour la construction et la modernisation de l’hôpital du Cinquantenaire, situé sur le site IEM à Kinshasa. Ce même président a procédé à son inauguration le samedi 22 mars 2014.
A cette occasion, Félix Kabange Numbi, ministre de la Santé à l’époque, avait déclaré que cet hôpital représentait « le plateau technique le plus avancé du pays et de la sous-région », destiné à éviter aux Congolais de se rendre à l’étranger pour des soins, avec une capacité de 2000 à 3000 consultations quotidiennes. Étonnamment, cet hôpital n’a pas réussi à répondre aux attentes depuis son inauguration. La morgue est opérationnelle et génère plus de revenus que les soins cliniques, qui restent inaccessibles pour la majorité des Kinois, en contradiction avec les promesses faites lors de l’ouverture.
Une question se pose alors : qui sera le prochain gestionnaire de cet établissement public sanitaire? Dans le passé, le statut et les critères de gestion avaient exclu à l’époque les Cliniques universitaires de la liste des candidats.
Pour ce qui est de l’IGF, on ne peut que reconnaître l’excellent travail effectué, ayant révélé les préjudices infligés à l’État congolais dans le cadre de ce partenariat public-privé.
Esther BIKUMA/Stagiaire
La rédaction