La Cour des comptes a organisé le vendredi 24 octobre 2025 une manifestation qui revêtait un double sens : l’inauguration de la grande salle de réunion rénovée et sa baptisation au nom du Professeur Evariste Mabi Mulumba.
Pour le Premier Président de la Cour des comptes, Jimmy Munganga Ngwaka, il s’agit d’honorer la mémoire du troisième chef de juridiction à la Cour des comptes, dans la lignée d’autres personnalités prestigieuses, notamment Léon Kengo Wa Dondo, premier président de la Cour des comptes, dont la salle d’audience a été baptisée en son nom le 20 avril 2023.
« L’heure est arrivée de penser au Professeur Evariste Mabi Mulumba, qui est une légende vivante dans le monde scientifique et politique de notre pays. Nous le qualifions ainsi, compte tenu de son parcours élogieux », a déclaré Jimmy Munganga Ngwaka.
À la question de savoir pourquoi honorer le Professeur Evariste Mabi Mulumba à la Cour des comptes, le Premier Président a souligné qu’il mérite particulièrement respect et considération pour avoir maintenu la flamme de l’indépendance et le prestige de la Cour des comptes. Placé à la tête de la plus haute institution de contrôle des finances publiques, Evariste Mabi Mulumba a su marquer l’histoire.
Il a également indiqué que cet ancien président de la Cour des comptes a exercé le mandat le plus long, de 1990 à 2007, dans un environnement particulièrement difficile à gérer.
« Il a exercé ce mandat à une époque où les régimes en place n’accordaient aucune considération à la fonction de contrôle. Il avait donc le devoir de préserver l’indépendance de la Cour des comptes malgré les défis, et il l’a très bien fait », a révélé Jimmy Munganga Ngwaka.
S’adressant directement au Professeur Evariste Mabi Mulumba, il l’a qualifié d’homme d’exception dont ils sont tous fiers à la Cour des comptes pour avoir dirigé cette institution durant 17 ans.
« Chaque fois que le nom de la Cour des comptes est évoqué, on pense directement au Professeur Évariste Mabi Mulumba. Jusqu’à aujourd’hui, votre nom demeure lié à la Cour des comptes de la République Démocratique du Congo », a rassuré le Premier Président.
Et d’ajouter : « votre personne nous rappellera toujours une éminence grise, un économiste de grande envergure, un professeur d’université de haut niveau, un magistrat intègre et indépendant qui a laissé des traces indélébiles à la Cour des comptes. Un mandat exercé en toute légalité, car à l’époque, le cadre juridique ne limitait pas le mandat du Premier Président de la Cour des comptes ».
Pour conclure son discours, il a appelé les magistrats et le personnel de la Cour des comptes à se cultiver davantage par la lecture et la recherche, surtout dans le domaine des finances publiques, afin d’honorer cette légende vivante célébrée aujourd’hui.
Un parcours de combattants
Dans son mot de circonstance, le Prof. Evariste Mabi Mulumba a remercié la Cour des comptes et ses dirigeants pour cette marque d’honneur.
« Nous avons fait un long parcours de combattants. Lorsque je suis arrivé à la Cour des comptes, il n’y avait pas de bureau pour le président. Il a fallu mener une véritable bataille pour obtenir notre reconnaissance. En ce qui concerne le contrôle, il y avait une lutte permanente entre le gouvernement et la Cour des comptes. Les Congolais n’aimaient pas le contrôle, et par conséquent, on nous privait de frais de fonctionnement. C’était difficile de travailler », a-t-il relaté.
Biographie
Le Prof. Evariste Mabi Mulumba est né à Mikalayi, le 22 avril 1941, en République Démocratique du Congo, alors Congo belge.
Il est docteur en Administration des Affaires de l’Université de Liège (Belgique) et professeur ordinaire à l’Université de Kinshasa (UNIKIN), à l’Université Protestante au Congo (UPC) ainsi qu’à la Haute École de Commerce de Kinshasa (HECK).
Sénateur depuis 2007, il a évolué durant 16 ans au sein des structures du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), jusqu’au démarrage de la transition politique à partir du 24 avril 1990 : membre du Bureau Politique (1974-1981) et du Comité Central (1981-1990).
Il est entré au gouvernement en qualité de Ministre des Finances (1986) et de Premier Ministre (1987-1988), avant d’être nommé, ce qui nous intéresse ici, Président de la Cour des comptes, poste qu’il a occupé de janvier 1990 à mars 2007, soit 17 ans, un record jamais battu jusqu’à ce jour.
Le Professeur est l’auteur de plusieurs publications, dont la Coopération Monétaire en Afrique : Des Zones Monétaires à l’Union Africaine des Paiements, PUZ, Kinshasa, 1976.
TS