Kinshasa : Quand le retour en petites coupures se transforme en bonbons dans les supermarchés

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Les supermarchés de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, ont adopté, depuis quelque temps, une pratique qui agace de nombreux clients.
Au lieu de rendre la petite coupure en francs congolais, ils offrent aux clients des bonbons. Cette situation ne cesse de susciter des réactions variées de la part des « victimes ».
« 300 FC, c’est trop pour recevoir des bonbons au lieu de me rendre mon argent. Si je manque 300 FC, vous allez l’accepter ?», a lancé une dame en colère à un étranger surveillant une caissière dans un supermarché de la place.
Cette cliente n’est pas la seule à se plaindre face à cette initiative insolite, justifiée par l’absence de petites coupures. Plutôt que de donner 400, 300 ou 200 FC, les caissiers proposent des bonbons aux acheteurs réclamant leur monnaie.
Les avis des consommateurs
Pour beaucoup de consommateurs, recevoir des bonbons à la place de leur monnaie est à la fois déroutant et frustrant.
Selon l’expert au Cadre Permanent des Concertations Économiques (CPCE), Marty Muzimba, il a souvent dénoncé cette pratique devant les caissiers des supermarchés. « Elle est sans aucun doute une véritable arnaque qui ne fait que profiter aux tenanciers de ces supermarchés », a-t-il ajouté.
Il est important de souligner que tout le monde ne consomme pas systématiquement de sucettes ou de bonbons. « Ce choix est orchestré par eux comme un moyen astucieux d’absorber tout votre argent, laissant peu de place à la réflexion sur la gestion réelle de leurs activités », a expliqué M. Marty Muzimba.
Face à cette réalité, il a également souligné qu’il s’agit d’une pratique à dénoncer vigoureusement. Cet échange douteux de sucettes contre le reste de votre monnaie ne fait qu’encourager un système, où les grandes surfaces semblent avant tout intéressées par leur profit personnel, au détriment de l’honnêteté commerciale.
De son côté, l’informaticien indépendant, Isa Sima Mangaya, a indiqué que cette pratique découle de la rareté des billets de valeur inférieure à 500 FC. « Il n’y a pas d’intention de nuire. Pour preuve, on ne remet jamais de bonbons pour des montants de 500 FC ou plus », a-t-il signalé.
Il a insisté sur cette rareté, signalant qu’il lui semble difficile qu’un opérateur économique dispose de petites coupures et refuse de les remettre aux clients.
« Ce n’est pas juste de condamner les simples utilisateurs de la monnaie pour cette rareté imposée par l’Etat, qui ne semble pas trouver d’intérêt à imprimer ces billets en grande quantité, alors que leur coût est le même que pour les grosses coupures », a-t-il déclaré.
M. Sima Mangaya a affirmé que la solution passe par la consolidation de la stabilité du franc congolais et de son pouvoir d’achat, ainsi que par l’accroissement du budget dédié à l’impression de la monnaie pour compenser le manque à gagner dû aux petites coupures. « À ce prix, les bonbons ne seront plus offerts par contrainte ou ruse », a-t-il ajouté.
Pour la journaliste Bernadette Kamango, il s’agit d’une escroquerie organisée, précisant que les supermarchés ne peuvent pas obliger un client à accepter des bonbons.
« À chaque fois qu’ils me les proposent, je leur dis que j’ai mal aux dents, tout comme mes enfants. Ils ne tiennent pas compte de la santé des clients. Il y a des diabétiques, par exemple. La seule fois où j’ai accepté, c’était des boîtes d’allumettes, car je peux les utiliser pour la cuisine ou d’autres besoins », a-t-elle raconté.
Pour Mme Kamango, il y a suffisamment de petites coupures en circulation. « Actuellement, on en voit de toute neuve. Tout cela, c’est parce que le consommateur congolais n’est pas exigeant. Ailleurs, cela ne passerait pas », affirme-t-elle.
En ce qui concerne le président de l’Association des Consommateurs des Produits Vivriers (ASCOVI) en RDC, Patrice Musoko Mbuyi, cette situation met en évidence que « notre système monétaire ne répond pas aux besoins réels de la population. L’absence de petites coupures de billets de banque met les consommateurs en difficulté».
Il a signalé que dans cette opération, ce sont les consommateurs qui sont vraiment victimes. Car ils perdent du pouvoir d’achat et reçoivent des biens qui ne correspondent pas à leurs choix.
« Le choix du consommateur n’est pas respecté. Nous sommes donc dans une économie qui ne tient pas compte de la promotion et de la protection des droits des consommateurs. On ne peut pas transformer la monnaie de retour en bonbons sans le consentement du consommateur », a dénoncé le président de l’ASCOVI.
Un problème plus large
Cette situation met en lumière un problème plus large de gestion monétaire en République démocratique du Congo.
Il est essentiel de trouver des solutions durables. La Banque Centrale du Congo (BCC) pourrait envisager d’émettre davantage de petites coupures pour faciliter les transactions. En parallèle, les supermarchés doivent se montrer attentifs aux attentes de leurs clients et offrir des alternatives plus acceptables.
Tasambu

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