Dans les rues embouteillées de Kinshasa, le vacarme des sirènes et le clignotement des gyrophares faisaient partie du quotidien. Mais depuis l’annonce du Vice-Premier ministre de l’Intérieur, Shabani Lukoo, ce décor sonore et lumineux est suspendu. Sur instruction directe du Président de la République, l’usage des escortes policières ou militaires, des sirènes et des feux multicolores est désormais interdit sur toute l’étendue du territoire.
Dans la capitale, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Les chauffeurs de taxi, habitués à céder la voie aux cortèges bruyants, s’en amusent : « Enfin, on va rouler comme tout le monde », lance l’un d’eux, klaxon bloqué dans le trafic de la Gombe. Les passants observent avec curiosité les véhicules officiels, désormais contraints de se frayer un chemin dans la circulation ordinaire.
La décision vise à mettre fin aux abus. Trop de voitures privées ou de personnalités non autorisées s’étaient arrogé le droit de circuler avec escorte, semant la confusion et parfois le chaos sur les avenues. Désormais, même les autorités légalement habilitées devront patienter dans les embouteillages, sans sirènes ni lumières pour imposer leur passage.
Dans les commissariats, les consignes sont strictes : tout manquement sera sanctionné. Les policiers savent qu’ils devront rendre compte de l’application de la mesure. « C’est une question de discipline et d’ordre public », martèle un officier rencontré à Matete.
Pour les habitants, c’est un tournant. Certains y voient une avancée vers plus d’égalité sur la route, d’autres doutent de la rigueur de l’application. Mais dans les artères bondées de Kinshasa, le silence soudain des sirènes marque déjà un changement visible : la fin d’un privilège sonore qui, longtemps, avait symbolisé la distance entre les élites et le peuple.
Jean-Petit Ebonga
La rédaction


