Dimanche 2 mars à Kinshasa, à l’occasion d’une cérémonie funéraire populaire organisée à l’esplanade du Palais du peuple, le président de la République Félix Tshisekedi a rendu un dernier hommage au célèbre lutteur et catcheur Edingwe Mapima Mbaka Louis alias « Ya Eddy Moto n’a Ngenge ».
Le chef de l’Etat a déposé sa couronne de fleurs en s’inclinant devant la dépouille mortelle de l’illustre disparu avant de réconforter la veuve et les membres de famille du défunt.
Également présent à cette cérémonie, le ministre des Sports et Loisirs, Didier Budimbu, a relevé, dans son éloge funèbre, les qualités de ce sportif de renom. Selon lui, « la vie et le parcours sportif d’Edingwe Moto n’a Ngenge sont une source d’inspiration ».
Au terme de cet événement, une plaque commémorative en l’honneur d’Edingwe a été exhibée. Celle-ci sera fixée au monument des artistes, Place Victoire, au quartier Matonge situé en plein centre de Kinshasa, dans la commune de Kalamu.
Natif de Matete, feu Edingwe a forgé sa réputation dans un style particulier de lutte urbaine combinant sport et superstition.
Les fans congolais des sports et ceux du catch en particulier ont effectué le déplacement du Palais du Peuple pour prendre part à cette cérémonie, aux côtés de nombreux dirigeants des fédérations sportives de la République Démocratique du Congo (RDC).
UN SPORTIF TOUT FAIT
Le secrétaire général honoraire aux sports de la République démocratique du Congo (Rdc) a estimé, lors d’un entretien, en marge des hommages lui rendus au Palais du Peuple de Kinshasa, que le défunt catcheur de la RDC, Edingwe Mapima Louis, décédé le 13 janvier dernier à Casablanca, au Maroc, a été un sportif tout fait. En rapport avec le décès du catcheur de la RDC, Edingwe Mapima et des honneurs qui lui ont été rendus dimanche, ce secrétaire honoraire aux sports de la RDC, a dit connaître l’homme. « Edingwe a été un sportif tout fait. Au niveau des principes de base dans la pratique sportive, Edingwe Mapima en savait quelque chose. Car on ne peut pratiquer le catch sans passer par la lutte ».
C’était la règle. Avant la lutte qui a été son tremplin et la porte ouverte au catch, le défunt a pratiqué le judo et même la boxe », a déclaré Barthélémy Okito, secrétaire général honoraire aux sports. Pour cet homme qui a géré le sport congolais pendant 13 ans, en plus d’être un bon lutteur avec des titres de champion dans cette discipline, Louis Edingwe a été à la base de ce que l’on a, désormais, qualifié de « catch congolais», a-t-il expliqué. « Comme le catch est un loisir, Edingwe qui a été bon athlète dans cette discipline de combat, en visionnaire et pour le spectacle, il y a ajouté la couleur locale avec des accessoires et ingrédients pour que l’on parle du « catch congolais », a-t-il renchéri, ajoutant que feu Edingwe a, de son vivant, rendu le catch attractif et plaisant comme les Kinois l’ont vécu, durant la décennie 80 avec des combats organisés en nocturne au stade Cardinal Malula, le jeudi, que d’aucuns ont qualifié de « jeudi choc » et dont les combats, bien prisés par les Kinois, ont été, en son temps retransmis en direct, à la télévision nationale.
Autant dire que, selon Okito, Edingwe alias « Moto na Ngenge » autant que tous les autres catcheurs de sa génération comme Police Belge, Kabo wa Kabo, Litanda Jaguar, Puma Noir, Papa Wemba, Selemani Modja, Papa Kanza, Lubwela Zephy, Mwakano Zarak, Kangala Machine de Guerre, et autres Tigre, Simba Shaolin et les « Deux envahisseurs » ont contribué, chacun, à sa manière, à l’essor du catch à Kinshasa sans oublier le défunt Adios Mwimba Texas qui s’est réclamé de l’école du « catch sans fétiche ». A en croire Barthélemy Okito, après une tournée en Europe, où il a eu beaucoup de succès, le défunt Edingwe a refusé d’y rester, estimant que le catch qu’il a pratiqué a comme consommateurs ses compatriotes congolais restés au pays et qu’il a tenu à servir et que rester en Europe, serait synonyme de la mort du catch congolais. Mais maintenant que l’on se retrouve face à l’évidence de la mort physique d’Edingwe, Barthélémy Okito a été d’avis que le catch va survivre en RDC à travers d’autres « Edingwe », à Kinshasa, à Lubumbashi ou à Mbuji-Mayi, ou encore à travers de nombreux élèves qu’il a laissés ici et là.
DE L’HOPITAL DU CINQUANTENAIRE AU PALAIS DU PEUPLE
La cérémonie des derniers hommages a commencé effectivement, à la mi-journée, avec la levée du corps de la morgue du Cinquantenaire et son exposition à l’esplanade du Palais du Peuple où se sont donné rendez-vous, des nombreux Kinois venus de tous les horizons de la ville, pour le même exercice, parmi lesquels les sportifs. « A chaque sortie de mes nouveautés, Edingwe m’a exigé un album » (Un chantre gospel de la RDC)
Premier à monter sur le podium, pour l’animation musicale de cette cérémonie par son groupe, un chantre gospel de la RDC a rappelé l’un des souvenirs qu’il a gardé du défunt catcheur Edingwe Mapima. « Chaque fois que j’ai mis un album sur le marché et si Edingwe que nous appelions affectueusement « Ya Eddy », en est informé, il s’amenait en urgence chez moi, à la maison, pour en demander un spécimen. Et à chacune de ses demandes, l’album sur le marché, lui a été remis », a déclaré José Nzita, un des chantres gospel de la RDC. José Nzita a fait ce témoignage sur Edingwe Mapima, lors de l’animation musicale de son groupe, dans le cadre de derniers hommages que les Congolais ont rendus à ce défunt catcheur.
EDINGWE EST LA SOURCE DE MON SUCCES
« Cela fait plusieurs années, aux environs de 1995, que j’ai connu le catcheur Edingwe, pour l’avoir côtoyé à Kinshasa tout comme à Brazzaville. J’ai une kyrielle des souvenirs sur Edingwe. Si j’ai beaucoup de succès en RDC, c’est à cause de celui que nous pleurons aujourd’hui », a déclaré Roi Babo Waces, catcheur de Brazzaville et responsable du club de catch « Sirène » de cette ville. Et il s’en est expliqué en ces termes : « Avec lui, nous avons sillonné plusieurs provinces de la RDC comme à Moanda, à Matadi, Kinzau-Mvwete, Lukala et à plusieurs autres endroits du pays. Sur le ring, je l’ai rencontré plus de 7 fois. J’ai gagné une fois à Moanda, et fait un match nul à Matete .
Pour le reste, à Pointe-Noire, à Brazzaville et à la frontière de Cabinda, c’est lui qui l’avait emporté »
« J’AI TOUJOURS APPELE EDINGWE PAPA, POUR SON HOSPITALITE » dixit l’EPOUSE DU ROI KABO »
L’épouse du catcheur de Brazzaville, Roi Kabo, a été aux côtés de son mari, à Kinshasa, pour pleurer Edingwe qu’il a connu, dans les sillages de Kabo. « Je suis l’épouse du Roi Kabo et j’ai toujours appelé Edingwe « Papa ». Chaque fois nous venions à Kinshasa, Papa nous a toujours logés chez lui. Plusieurs fois, nous avons effectué de nombreux voyages avec lui. Autant le roi Kabo est affecté par cette perte, autant que je le suis aussi»
« EDINGWE A VALORISE NOTRE CATCH » ( témoignage d’un CATCHEUR DE BRAZZAVILLE)
« Nous sommes une délégation venue de Brazzaville, avec à la tête, le Roi Kabo, pour pleurer notre icone. Notre seul regret est que ce n’est pas du jour au lendemain que nous aurons un catcheur de la trempe d’Edingwe », a déclaré Ebende Molaso, catcheur de Brazzaville, de la République du Congo.
« Au nom de notre délégation, nous remercions le gouvernement de la RDC et toutes ses autorités pour tous ces hommages rendus à Edingwe qui s’en est allé dans l’au-delà, comme en a décidé le destin. Le pays s’est occupé de lui pour sa maladie, voire pour ses soins au Maroc. C’est à peine croyable et c’est vrai jusqu’ moment de ces hommages. Edingwe mort, Il a ouvert le chemin du départ vers le monde des ancêtres. Demain, ce sera sans nul doute mon tour et mon souhait le plus ardent est je parte, tôt ou tard, avec les mêmes honneurs», a-t-il renchéri, ajoutant comme souvenir d’un combat contre Edingwe. « (…) Je vous épargne ce qu’Edingwe a fait à d’autres catcheurs à Brazzaville, mais lors d’un combat au centre sportif de Makelekele, connaissant ma force de frappe, Edingwe m’a frappé dans les vestiaires. Je n’ai pas eu le temps de le toucher. J’en sais quelque chose sur lui ». En plus de la délégation des catcheurs venus de Brazzaville, il y a eu aussi une autre de l’Angola, rappelle-t-on.
JP Ebonga