En Belgique le programme scolaire sur l’éducation sexuelle est rejeté après une campagne d’extrémistes religieux

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Établissements scolaires brûlés par des parents : un « acte terroriste », afin de protester contre des cours d’éducation sexuelle. Le saccage des établissements scolaires s’est produit alors que le programme de cours consacrés à la vie affective, voté par le Parlement de la Fédération Wallonnie-Bruxelles, est l’objet d’attaques de groupes musulmans et catholiques intégristes, rejoints par des complotistes.

Huit écoles ont été incendiées ou vandalisées en Wallonie au cours des derniers jours, et dans six cas au moins , un lien évident a été établi avec une campagne lancée par des milieux religieux radicaux musulmans et catholiques, quelques courants extrémistes et complotistes contre un coup d’éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle (Evras) porté par la ministre francophone de l’éducation, Caroline Désir (Parti socialiste). « Ces incendies sont des actes terroristes inadmissibles », a-t-elle commenté lors d’une visite vendredi 15 septembre, dans l’un des établissements incendiés, près de Charleroi. Cela n’a pas empêché quelques mille cinq-cent personnes de se rassembler dans le centre de Bruxelles, dimanche avec un mot d’ordre : « Touchez pas à nos enfants ! » Dans une ambiance tendue, Radya Oulebsir, une militante musulmane, organisatrice autoproclamée de la protestation et Alain Escada, un dirigeant de l’association catholique traditionaliste Civitas, ont exigé l’abandon du cours. Sur plusieurs des établissements vandalisés, des slogans hostiles comme « No Evras, sinon les prochains, c’est vous » avaient été tagués par les incendiaires. La justice belge a ouvert une enquête pour « incendies criminels », après des départs de feu constatés dans quatre établissements scolaires pris pour cibles par des opposants à un cours d’éducation sexuelle qui suscite une polémique en Belgique francophone.

Les faits se sont déroulés à Charleroi dans le sud du pays. Dans la nuit de mardi 13 septembre à mercredi 14 septembre, quatre établissements scolaires de maternelle et primaire ont été vandalisés par des opposants à un cours d’éducation sexuelle. Dans les quatre établissements scolaires, de niveau maternel et primaire, ont été découvertes des inscriptions hostiles à ce programme scolaire tout juste officiellement adopté par décret, destiné à répondre aux questions des élèves sur les sujets liés à l’intimité, a précisé à l’Agence France Presse, Vincent Fiasse, procureur de la ville, qui pilote l’enquête. « No Evras », mentionnaient des inscriptions en noir sur plusieurs murs, d’après des images des télévisions belges. Un sigle qui fait référence à « l’Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle », un cours de deux heures par an pour deux classes d’âge destiné à répondre aux questions des élèves sur ces sujets sensibles.

Mais depuis la rentrée scolaire, le programme suscite une véritable fronde sur les réseaux sociaux et des appels à manifester provenant de milieux ultra-conservateurs, notamment d’associations islamiques et de Civitas (catholiques intégristes), un mouvement d’extrême droite que veut dissoudre le ministre de l’intérieur en France. « On retrouve également des activistes antivaccins qui s’étaient manifestés durant la pandémie de Covid-19, des adeptes de théories conspirationnistes, des climatosceptiques », ajoute le journal Le Monde.

Le 7 septembre, le quotidien belge La Libre a ainsi fait état de la circulation sur internet d’un faux document venant déformer les contenus du programme. En parallèle, plusieurs pétitions ont vu le jour en Belgique mais notamment en France, où le rappeur Rohff a relayé une pétition anti-Evras au nom de la lutte contre « la pédophilie et la perversion ». Du reste, les courriers exigeant le retrait du programme de sont multipliés, comme le rapporte Le Monde, six associations islamiques turques en majorité, ont publié une lettre ouverte critiquant ce qu’ils estiment être une entrave à la liberté des parents de « guider l’éducation des enfants conformément à leur croyance ».

Une démarche imitée dans une autre lettre ouverte, partagée cette fois-ci sur le site de l’Eglise catholique (Cathobel) et dénonçant le risque d’une hyper sexualisation des plus jeunes. Caroline Désir, la ministre francophone de l’Education, a dénoncé « une campagne de désinformation » destinée selon elle à « attiser la suspicion » et « faire peur aux parents ». « On ne va évidemment pas encourager une hyper sexualisation chez les jeunes, ni susciter une orientation sexuelle ou une identité de genre. J’ai lu qu’on allait apprendre aux enfants à se masturber, c’est complètement inadmissible de faire peur aux certains parents sur ce sujet », a-t-elle déclaré la semaine dernière à la radio La Première (RTBF). Mercredi son cabinet a refusé de commenter les actes de vandalisme à Charleroi. Mais le bourgmestre Paul Magnette qui est également président du Parti socialiste francophone, a fustigé « une forme de terrorisme », « des actes barbares » et promis que la police ferait « le maximum afin de retrouver les auteurs de cette infamie ».

Sur le réseau X (anciennement Twitter), le bourgmestre a évoqué quatre « tentatives d’incendie volontaire », saluant l’intervention rapide des pompiers qui a permis de limiter les dégâts. Le cours « Evras » présenté par Caroline Désir comme une animation » de deux heures par des intervenants extérieurs agréés, concerne les élèves du sixième niveau du primaire (onze-douze ans) et ceux du quatrième niveau secondaire (quinze-seize ans). Obligatoire depuis 2012, il n’était jusque-là pas systématiquement assuré faute de moyens. Son but est de « rassurer les élèves sur les questions qu’ils se posent à la puberté » et de les « protéger de situations potentiellement dangereuses ou problématiques », a insisté la ministre citant « sexisme, violences sexuelles, stéréotypes de genres ».

Le vendredi 15, le Centre national de crise avait indiqué que « les services de l’antiterrorisme et du renseignement suivaient de près les événements », tandis que « la police fédérale devrait venir à la rescousse des polices locales dans les zones concernées, Charleroi et Liège », rapporte encore Le Monde qui rajoute : « Des contacts ont également été établis avec des services étrangers depuis que la campagne hostile a débordé les frontières ».
Majoie Kisalasala

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