Cinquième journée d’échange citoyen organisée par l’IGF

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Alingete: «la lutte contre le détournement des deniers publics relève de la volonté du Chef de l’Etat»

Mardi 12 avril, l’Inspection générale des Finances a convié presque tous les éditeurs des journaux paraissant à Kinshasa à une matinée dite journée d’échange citoyen. Avec ces hommes et femmes des medias, c’était l’occasion pour l’IGF de passer en revue l’organisation de cette structure et son fonctionnement, de fustiger les maux provoqués par certains dysfonctionnements dans la gestion des deniers de l’Etat. Et même de poser pour réflexion aux professionnels des médias le role qu’ils entendent jouer dans la lutte contre la prédation.

L’honneur de l’ouverture de cette matinée d’échange a échu au Coordonnateur Herman Iyeleza Kebe Kenza qui a planché sur «les missions, l’organisation et le fonctionnement de l’GF». Il a été suivi par Victor Batubenga Pandamadi, chef de service adjoint, qui a disserté sur  « l’état des lieux des finances publiques en Rdc ».     

Le grand moment de cette matinée aura été l’exposé de M. l’Inspecteur général et chef de service Jules Alingete Key qui a traité méthodiquement sur « Les méfaits de la prédation financière dans la société, les stratégies mises en place par l’IGF pour lutter contre le détournement ».  Dans une séance qui s’est voulue pédagogique et devant un auditoire acquis à sa cause, Jules Alingete a expliqué que la lutte contre le détournement des deniers publics relève d’une volonté exprimée par le chef de l’Etat lui-même. Et donc, tous les gestionnaires qui ne réalisent pas toujours que l’IGF ne fait qu’appliquer cette volonté, se trompent.

Il a commencé par expliquer les domaines d’intervention de l’IGF. Ainsi, sa structure intervient dans le contrôle du Trésor public dans le compte général du Trésor. Elle  contrôle la régularité des opérations dans les entreprises. De ce fait,  l’IGF est présente partout, dans les provinces et les entités territoriales décentralisées pour s’assurer de la régularité des opérations. Elle contrôle aussi la régularité des marchés publics, le fonctionnement de la Banque centrale du Congo (BCC) et le contrôle des biens publics.

Formes de contrôle

Devant les hommes et les femmes de médias, Jules Alingete a expliqué les trois formes de contrôle : à posteriori, à priori, et concomitant. De l’avis de Jules Alingete, le choix du mode de contrôle dépend de l’ampleur des antivaleurs. « Là où les gens sont civilisés, on les laisse gérer et on vient les contrôler après.

A l’occasion, le n°1 de l’IGF a expliqué la hiérarchie de contrôle. Il a commencé par le contrôle parlementaire ou politique, qui tient tous les autres contrôles en état. Il y a le contrôle juridictionnel qui est fait par la Cour des comptes. Les deux contrôles s’exercent à posteriori et portent sur les années antérieures. Il a terminé par le contrôle de l’IGF, qui est supérieur à tous les autres contrôles.

L’IGF relève administrativement du Président de la République, mais aussi du Procureur général de la République à qui elle transmet des procès-verbaux, pour déclencher des poursuites contre les personnes soupçonnées de détournement des deniers publics.

En termes de résultats, il a aussi précisé que l’IGF a mis fin à la cacophonie dans la gestion des finances publiques. « Nous avons travaillé en 2020 auprès des opérateurs miniers pour nous assurer du rapatriement des devises », dit-il, avant de se frotter les mains pour avoir découvert et mis fin aux cartes bancaires rattachées au Trésor public. Il a aussi fait observer qu’en 2020, seulement 300 millions de dollars étaient collectés comme recettes. Mais à partir de 2021, c’est 450 millions qui sont collectés chaque mois.

Toujours au cours de ce même exercice, il a cité quelques conséquences des détournements, notamment la détérioration de la qualité de la vie sociale, l’enrichissement d’une minorité de gens, l’aggravation du sous-développement, la misère et la pauvreté. Selon lui, les détournements engendrent le chômage et entrainent une perte de crédibilité internationale pour un pays.

Pour quelles stratégies ?

Jules Alingete n’a cessé d’insister que l’IGF fait un travail d’exécution, parce que la décision politique appartient au Président de la République. Ainsi, un plan a été présenté et dans lequel plusieurs actions ont été prévues.

Il a aussi cité les réformes des structures de l’IGF. Des quatre brigades trouvées, elles sont passées à 10, parce que les finances publiques ont connu une évolution. Il a aussi changé le mode de contrôle. Il est passé du contrôle à posteriori au contrôle concomitant ou la patrouille financière. C’est ainsi qu’il a déployé ses inspecteurs à la BCC, à la chaine de la dépense, dans plusieurs entreprises et établissements publics, FONER, Snel, Regideso, Onatra, Sncc, Occ, … sans oublier dans les provinces (Kinshasa, Haut Katanga, Lualaba, Kongo Central, etc.).

Au cours d’une année: l’IGF a mis fin à la prédation dans plusieurs enterprises

En seulement une année, l’Inspection générale des finances (IGF) se dit fière d’avoir mis fin à la prédation dans plusieurs entreprises mixtes et du portefeuille de l’Etat. A ce jour, grâce à la combinaison des sanctions administratives et judiciaires, certains mandataires se retrouvent en prison, pendant que d’autres ont été suspendus. Le contrôle concomitant ou la patrouille financière initiée par l’IGF a permis de redresser la situation financière de plusieurs enterprises et des hémorragies financières se sont estompées, en même temps que des malversations financières ont été stoppées.  D’ailleurs, nombreuses sont les entreprises qui ont apuré leurs arriérés et ont permis d’intérioriser la culture fiscale aux mandataires publics. A part la SCPT, la seule qui a des arrièrés de salaire.  Désormais, on parle de la transparence et de l’orthodoxie dans la gestion des fonds publics. A la Caisse nationale de sécurité sociale, au Fonds de Promotion de l’Industrie où les mandataires ont été suspendes à titre conservatoire, les gestionnaires interimaires, en collaboration avec les inspecteurs de l’IGF, font tourner ces établissements tout en craignant de se retrouver dans l’oeil du cyclone IGF. 

Il faut communiquer le résultat de nos contrôles tout en préservant  la présomption d’innocence, a fait remarquer Alingete

Parlant des sanctions d’un contrôle, Jules Alingete a indiqué qu’il y en a 3 types : la sanction administrative qui provient de l’autorité directe du contrôlé ; en deuxième lieu la sanction judiciaire. Dans ce cas, le procureur est saisi pour enclencher des poursuites contre le présumé détourneur et enfin, l’IGF a misé sur la réprobation sociale : aller vers la presse, quatrième pouvoir de la société, communiquer sur le détourneur pour que ce dernier se sente malaisé dans sa dignité.

C’est sur cette dernière sanction que l’IGF a éclairé les journalistes sur le pourquoi de la communication du résultat des contrôles.

«Il faut communiquer le résultat de nos contrôles tout en préservant la présomption d’innocence. Quand nous communiquons, nous ne citons pas des gens, mais nous savons qu’ils vont se sentir visés et vont déclencher le débat. Nous avons le droit de dire qu’on a contrôlé telle structure et on a trouvé une megestion grave. Et quand les visés vont déclencher les débats, tout le monde saura que c’est d’eux dont on parle», a expliqué le patron de  l’IGF .

Il a invité la presse, comme quatrième pouvoir, à user  de ce dernier pour dénoncer les détournements et ce, dans l’intérêt du pays.

«Vous ne savez pas que quand vous parlez avec des arguments solides et irréfutables, comment les 3 autres pouvoirs tremblent. Usez de votre pouvoir positivement et dans l’intérêt du pays. Je ne vous ai pas invité  pour que vous,  les journalistes, soyez de notre côté. Aucune œuvre humaine n’est parfaite. J’accepte les gens qui nous critiquent, ils nous aident à nous améliorer», a conclu Jules Alingete.

Selon l’IGF : La prédation financière aggrave le sous-développement collectif

Pour l’inspecteur Chef de service Jules Alingete, la lutte contre la prédation financière n’est pas seulement l’affaire de l’IGF ou du Chef de l’Etat, mais est un problème qui concerne tous les Congolais. Raison pour laquelle, son service a adopté une stratégie de communication consistant à associer toutes les couches sociales pour faire porter le message de la lutte contre la corruption et le détournement.

Sur ce, Il a invité la presse en tant que 4ème pouvoir à s’approprier ladite lutte. « Usez de votre pouvoir positivement et dans l’intérêt du pays. Vous ne savez pas comment vous faites manquer de sommeil aux prédateurs des finances publiques en ayant des arguments solides et irréfutables », a déclaré Jules Alingete.

Selon Jules Alingete, la prédation financière a des conséquences dans la vie collective.

Cette situation favorise notamment l’enrichissement d’une minorité issue de la classe politique au détriment de la population, elle maintient ou aggrave le sous-développement collectif, la détérioration des infrastructures collectives de base, la baisse du niveau de l’éducation et la normalisation de l’immoralité.

En parlant des stratégies mises en place par l’IGF pour accompagner la lutte contre les anti-valeurs dans la gestion publique décrétée par le Chef de l’Etat, Jules Alingete a signifié qu’il y en a plusieurs. Il s’agit entre autres de mobiliser les ressources humaines et financières pour déclencher les opérations concrètes de la lutte contre les anti-valeurs, de changer le mode opératoire du contrôle des finances publiques, d’orienter les contrôles vers les hauts gestionnaires de l’Etat, d’obtenir une appropriation collective de la campagne de sensibilisation de toutes les couches sociales de la population, d’activer toutes les formes de sanctions prévues à l’issue d’un contrôle (la mise en accusation devant les cours et tribunaux…).

  « L’avantage du contrôle concomitant se trouve dans son caractère permanent et peut prendre deux ans. On y reste jusqu’à ce que vous intériorisiez la bonne gouvernance, les meilleures valeurs de gestion. C’est en ce moment-là qu’on peut le lever » le contrôle concomitant », a souligné Alingete.

Jules Alingete a brossé un tableau sombre par rapport aux données trouvées dans les finances publiques. «  Sur 100 dollars américains sortis pour un intérêt commun, seul 20$  arrivaient à destination et 80$ prenaient une destination personnelle », a fait savoir le patron de l’IGF.

Face à cette réalité, la patrouille financière lancée par l’IGF à travers le contrôle concomitant s’étend du compte général de l’Etat, aux entreprises publiques et aux provinces.

Pour rappel, l’IGF intervient dans le contrôle du trésor public en vue de suivre la régularité de toutes les opérations passées dans le compte général du trésor public situé à la Banque centrale, elle contrôle la régularité des opérations de gestion dans les entreprises du portefeuille de l’Etat et des établissements publics ainsi que tous les autres services publics, tout comme  le fonctionnement de la Banque centrale du Congo.

L’IGF intervient également au niveau des provinces et entités territoriales décentralisées pour s’assurer de la régularité des opérations financières, elle examine tous les marchés publics en RDC pour détecter les faits de corruption et de détournement des deniers publics et contrôle les biens publics (maisons et véhicules de l’Etat ) en ce qui concerne leur acquisition et utilisation.

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