Alors que le gouvernement Suminwa II est sur le point d’être dévoilé, un climat d’incertitude règne dans les coulisses du pouvoir. Le délai dans l’assemblage de l’équipe gouvernementale ne serait pas dû à un problème technique, mais plutôt à une intention politique de dernière minute : rassembler le Camp de la Patrie, voire Martin Fayulu lui-même, en vue d’une réorganisation plus ample du paysage institutionnel.
D’après une source proche de l’affaire, Fayulu ne serait pas totalement opposé à l’idée de prendre part au gouvernement. Cependant, il imposerait une condition importante : instaurer un dialogue politique véritablement inclusif, éloigné des manœuvres opportunistes et des faux semblants. Cette demande résonne comme une mise au défi à l’Union sacrée, où les discussions seraient déjà finalisées, fermement établies et prêtes à être annoncées.
Le président Félix Tshisekedi a discuté ce samedi 2 août avec le présidium de l’Union sacrée. Une rencontre visant à clarifier certains points, juste avant la sortie imminente du gouvernement Suminwa II.
Si Fayulu opte pour une attitude ouverte, même sous conditions, il risque de semer le trouble parmi ses soutiens, qui se sont cimentés autour d’une position d’opposition radicale. À l’inverse, s’il refuse, il consolidera son image de dissident inflexible… au risque de rester en dehors des processus décisionnels. La situation est délicate, tant pour lui que pour l’équilibre des institutions.
Pendant que l’Union sacrée peaufine ses listes et se campe discrètement sa position, le Camp de la Patrie apparaît comme un élément central d’un jeu politique tendu, où chaque position détient une influence, et chaque silence incarne une stratégie.
LES EXIGENCES DU FCC
Dans un climat politique encore teinté par la mise en place progressive du gouvernement Suminwa II et les tensions entourant la création d’une possible coalition élargie, le Front Commun pour le Congo (FCC) rompt son silence pour exposer clairement ses conditions de participation au gouvernement national.
Par l’intermédiaire de Césarine Khonde Nzuzi, présidente de la plateforme Idée, Action et Développement (IAD), qui est membre du FCC, le regroupement exprime sa volonté de rejoindre une gouvernance partagée, tout en rejetant fermement toute forme de cooptation symbolique.
Affirmant sa position avec précision, Césarine Khonde Nzuzi a déclaré : « En respectant notre identité politique, nos convictions républicaines et la légitimité de notre base, le FCC réaffirme son intention de participer à l’exécutif national, à condition que cette collaboration se fasse dans un cadre clair, équilibré et véritablement inclusif. Nous ne voulons pas d’une union nationale de façade, dans laquelle certaines sensibilités seraient instrumentalisées ou mises sur la touche. ».
Cette intervention médiatique a lieu alors que des pourparlers informels continuent entre divers groupes politiques, afin d’élargir la base du nouveau gouvernement. Pour le FCC, l’objectif n’est pas seulement de faire partie de l’exécutif, mais de s’assurer d’une représentation juste, fondée sur des critères de légitimité électorale et d’harmonie idéologique.
Dans ce communiqué, une implication sous-jacente met en garde contre les efforts d’inclusion sélective, vus comme de simples stratégies de renforcement politique. Bien que le FCC soit affaibli, il reste influent et souhaite défendre son héritage politique tout en maintenant l’unité de sa base.
Ce choix de positionnement indique aussi la volonté du groupe d’éviter toute dilution de son identité politique dans une possible coalition gouvernementale plus large, où l’équilibre entre les différents acteurs doit être soigneusement préservé.
Alors que le gouvernement Suminwa II n’a pas encore réussi à finaliser sa structure, de nombreux observateurs s’interrogent sur les réelles possibilités dont disposent des plateformes telles que le FCC. Entre les nécessités de stabilité, les jeux d’alliances parlementaires et les stratégies de réorganisation post-électorales, les équilibres demeurent fragiles.
Cependant, en adoptant cette position, le FCC souligne qu’aucun dialogue national authentique ne peut écarter les anciennes grandes forces politiques, surtout lorsqu’elles conservent un poids dans certaines provinces ou au sein des institutions.
Il reste à déterminer si cet appel à une « union nationale authentique » trouvera un écho chez les acteurs politiques actuels, ou s’il entraînera une redéfinition des rôles d’opposition constructive, assumée par des forces refusant toute participation de qu’ils qualifient de « façade ».
Quoi qu’il en soit, cette déclaration reflète une intention de renouer avec une approche politique proactive, en accord avec les principes démocratiques d’inclusion, d’équilibre institutionnel et de légitimité populaire.
J-P E


