Bain de vapeur post-partum : un baume à risques

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Retrouver ses sensations, sa morphologie, sa silhouette d’antan demeure le souhait de plus d’une femme après l’épreuve de l’accouchement.La grossesse, avec tout ce qu’elle entraîne comme modifications, ne laisse pas cependant les femmes indifférentes dans leur perpétuelle quête de la constance, au vu de toutes ses transformations subies et ressenties pendant la gestation, mais aussi en post-partum immédiat voire tardif.

C’est ainsi que bon nombre d’entre elles n’hésiteront pas à faire recours à plusieurs sortes de pratiques y compris les pratiques dites « traditionnelles» dont la plus répandue est le célèbre» bain à vapeur», auquel on reconnaît des multiples vertus.Cette recette de grand mère est un mélange, un mixte des feuilles de djéka, menthe, mangue, persil… utilisé pour infusion et bain de siège,a la réputation de restaurer l’appareil génital féminin dans son ensemble et redonner de la vigueur.

Quoique répandue et de plus en plus utilisée, cette pratique reste encore un sujet à controverse dans certains foyers quant à son efficacité d’une part et d’autre, d’éventuels dangers que cela peut représenter pour la santé.

Bain à plusieurs vertus

« Le but  est de garder son corps à chaud et de le maintenir convenablement » déclare Elisabeth, mère de deux enfants.

D’après elle, cette pratique luipermet de retrouver complètement ses sensations après l’accouchement.

« Je me sens hyper bien après ce bain.En siège ou en infusion, le résultat est juste appréciable. Et au bout de quelques jours, plus de saignement, moins de courbatures, de maux têtes et la peau reprend son éclat » affirme-t-elle.

Une pratique rejetée par les autres

Quoique apprécié par certaines, le bain vapeur n’est toujours pas sollicité par les autres femmes. Pour la plupart, c’est une pratique dangereuse pouvant mettre en danger la vie de la nouvelle maman.

À en croire Sephora, elle a été prévenue sur les méfaits que pouvait engendrer ces pratiques.

«Personnellement, je n’ai faitaucun bain de vapeur sous toutes ses formes. Cela m’a été strictement interdit par le médecin et les sages femmes qui me suivaient durant ma grossesse car, disaient-ils, ce sont les pratiques avec des conséquences très dangereuses sur la santé de la femme ».

Je me lavais avec de l’eau tiède tout simplement, étant donné que j’avais quelquefois des maux de tête et des courbatures, mais outre cette petite anomalie, je ne vois en quoi ce bain est bénéfique, car à ce jour, je suis bien portante sans toutefois faire recours à ces pratiques, renchérit-elle.

« C’estun bain très risqué et donc une pratique à bannir » déclare Laetitia.

Pour cette jeune maman,  ce sont des pratiques destructrices dont plusieurs femmes redoutent les conséquences. C’est pourquoi, il convient de suivre les conseils médicaux, plutôt que de se fier à des bains traditionnels comme le font certaines femmes, ajoute-t-elle.

D’où  « je pense qu’il est important que chaque femme s’assume telle quelle » dit-elle.

Car, ce niveau de se connaître et de s’assumer, poursuit-elle, n’a pas le but d’encourager la négligence de soi. Par contre, l’acceptation de soi est notre objectif et cela poussera chaque femme de mieux explorer son corps. « Après un accouchement, une épisiotomie, une déchirure, le vagin ne reviendra pas comme celui d’un bébé d’un mois ou d’une adolescente chaste de 13 ans » a-t-elle renchéri.

Une pratique vivement déconseillée par les médecins

Le bain de vapeur, malgré l’évolution de la médecine, reste une culture bien ancrée à Kinshasa.Interrogés à ce sujet, quelques gynécologues-obstétriciens affirment quece sont des croyances populaires répandues chez le commun des mortels, mais qui n’ont aucun fondement scientifique et dont la pratique présente plus de risques pour la santé de la femme que des bénéfices.

Par ailleurs, ils estiment que pour son involution, l’utérus n’a pas besoin de bain de vapeur, car ce processus se réalise naturellement grâce à l’effet de l’ocytocine et de certains enzymes qui ont une action sur les néofibres formés pendant la grossesse. Ainsi, les conséquences néfastes peuvent être :

 – Des brûlures (de différents degrés) ;

– Un déséquilibre de la flore vaginale avec comme corollaire une susceptibilité accrue aux infections vaginales ;

– Une dépilation du pubis…

« Utiliser de l’eau chaude après l’accouchement fragilise encore l’utérus, ce qui conduit à des hémorragies » a fait savoir Lydie Lukombo, chef de service adjoint des salles d’accouchement à l’hôpital général de référence de Kinshasa ex Mama Yemo.

À en croire cette sage femme, de l’eau chaude fait dilater les veines et donne lieu à des hémorragies permanentes laissant croire le retour des couches.

Les sages femmes que nous sommes, recommandons aux femmes de suivre ce que nous leur disons pendant leur grossesse. C’est pourquoi, il est important que la future mamanse présente régulièrement aux consultations prénatales (CPN) car elles lui permettent de recueillir les informations nécessaires pouvant lui être utiles lors du post-partum, a-t-elle exhorté.

Margarita-Rosa Ngoy

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