Ce vendredi 27 juin 2025, la République démocratique du Congo et le Rwanda vont signer, par l’entremise de leurs chefs de diplomatie et en présence du secrétaire d’Etat américain, un accord de paix à Washington, marquant un tournant historique pour la restauration de la paix dans l’Est du Congo.
Le département d’Etat américain avait publié, mercredi 18 juin dernier, une déclaration sur cet accord de paix RDC-Rwanda, à la suite d’intenses travaux de trois jours menés entre les experts des deux parties au conflit, en vue de clôturer ces pourparlers qui ont été entamé depuis le mois d’avril.
Il a été décidé par les parties un certains nombres d’engagements notamment le respect de l’intégrité territorial ; l’interdiction des hostilités ; le désengagement ; le désarmement ; l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatique ; la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination de sécurité y compris le CONOPS ; le retour des réfugiés et déplacés de guerre et l’accès aux aides humanitaires, ainsi que le cadre d’intégration économique régionale.
Mesures barrières
Après les violations répétées par le Rwanda des décisions assorties dans le cadre des différents processus de paix engagés, pour mettre un terme à la crise sécuritaire qui déstabilise la partie-Est de la RDC, il s’avère judicieux d’imposer cette fois-ci des barrières ou des limites à ne pas franchir par les deux parties, afin d’éviter une probable rechute comme dans le passé.
En effet, l’histoire du règlement des conflits entre ces deux pays, nous renseigne que le Rwanda, agresseur de la RDC, est un récidiviste qui ne respecte pas ses engagements. En dehors des nombreuses violations des cessez-le-feu décrétés par le pays de mille collines, on peut noter le refus délibéré de Kigali à obtempérer aux mesures prises dans la Résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations, appelant les militaires rwandais à se retirer du sol congolais.
Cela voudrait que des mesures répressives soient prises pour sanctionner sévèrement toute partie qui s’hasardera, sous un prétexte quelconque, de marcher sur les engagements qui fondent cet accord de paix de Washington. C’est une décision avant-gardiste pour dissuader tout contrevenant qui pourrait être animé des velléités de ranimer la flamme du conflit.
Echec de l’Accord de Luanda
En décembre 2024, à la suite d’un long marathon des négociations tripartites, dans le cadre du processus de paix de Luanda, on arrive à avoir un accord de paix qui ne sera jamais signé suite à une déclinaison de dernière minute par le président rwandais Paul Kagame.
En effet, la veille de la signature de cet accord de paix de Luanda, sous la médiation du président angolais Joao Lourenço, les trois ministres en charge de la diplomatie notamment de la RDC, du Rwanda et de l’Angola parviennent à régler les derniers détails dudit accord, afin de conclure par la signature de trois chefs d’Etat. Mais, le retournement de la situation par Kigali fera en sorte que cet accord soit chamboulé.
La raison évoquée par le président rwandais s’écartait totalement de la logique de ce processus initié par l’Union africaine. D’après Kigali, la signature de l’accord de paix de Luanda devrait être conditionnée par un échange préalable entre les autorités congolaises et les groupes armés opérant dans la partie-Est du Congo. Pourtant, cette question était déjà prise en compte dans le processus de Nairobi et ne devrait constituer nullement un blocage pour les pourparlers de Luanda.
Cet échec de la signature de l’accord de paix de Luanda va se succéder par une escalade de la violence déconcertante depuis le début de l’année 2025, avec une intrusion de la rébellion du M23-AFC et les forces de la défense rwandaise se soldant par la prise des villes de Goma et Bukavu, respectivement les chefs-lieux des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Enock Nseka