COP26 : L’Afrique dénonce l’hypocrisie des pays pollueurs

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Les rideaux sont tombés le vendredi 12 novembre dernier à Glasgow, en Écosse (Royaume-Uni) à la 26ème Conférence des Nations-Unies pour le Climat, COP26. Au regard du déroulement des activités de cette grande messe climatique, le continent africain en sort en quelque sorte déçu. C’est ce qui exprime sa colère contre les grands pollueurs.

Les pays détenant le plus grand massif forestier, le Bassin du Congo, réclament leur part de lion dans le financement mondial pour la stabilisation du climat. Ils ne comprennent pas comment les pays industrialisés responsables de la pollution demandent aux pays du Sud de garder les richesses naturelles notamment les forêts alors que leurs populations meurent de faim.

Pour rappel, lors de son allocution, le président en exercice de l’Union Africaine et président de la R-dCongo, Félix Tshisekedi avait laissé entendre que l’Afrique ne recevait que près de 2% du financement climatique mondial, soit près de 6 milliards de dollars en lieu et place de  33 milliards de dollars, comme le souhaite le continent noir.

« Les voix de l’Afrique étaient claires. Nous devons intensifier l’adaptation. Le temps des projets pilotes est terminé. Nous ne pouvons plus attendre.

Nous devons agir ensemble et vite (…) L’Afrique ne reçoit pas assez d’argent pour l’adaptation. Nous ne recevons que 6 milliards de dollars par an. Nous avons besoin de 33 milliards de dollars. Nous ne pouvons plus attendre », martellait-il.

De son coté et presque sur un même ton, Arlette Soudan-Nonault, présidente de la Commission Climat du Bassin du Congo et ministre de l’environnement de la République du Congo, faisait remarquer que : «  la question que je me pose c’est «de qui se moque-t-on du côté du pays du Nord. Ils le disent pour nous faire plaisir pour demander de garder sous cloche nos forêts et nos biodiversités. Et vous avez regardé le décor qu’il y a du côté de l’Europe ? Les centrales nucléaires? Vous avez regardé toutes les centrales à charbon qu’il y a ? Vous regardez toutes les usines qui polluent ? Donc vous nous demandez de laisser respirer au mieux les pays du Nord, c’est tout à fait injuste. Et c’est même immoral. Les réclamations de nos populations sont légitimes. Nous sommes en train de courir derrière le temps. Puisque après un temps, nous n’allons pas contenir la famine. Nous, à notre tour, nous demandons la responsabilité du reste du monde ».

CONSCIENCE

Face à la campagne de dénonciation et d’interpellation lancée par les organisations internationales et nationales contre la déforestation, les dirigeants des pays forestiers estiment que ces ONG n’ont pas toutes les réalités, notamment celles de la gouvernance politique. « Les activistes, oui. Je respecte leur travail d’interpellation. Eux, ils nous interpellent les consciences. Mais sentent-ils les réalités de la gouvernance politique ? Parce que nous, on a la lecture. Moi, j’ai la lecture en tant que gouvernant.

Donc, j’ai le chiffre. Si nous faisions preuve d’irresponsabilité en procédant à cette grande déforestation, mais on va basculer dans l’horreur tout de suite à 4 ou 5°C. Ce sera invivable pour nous. Et l’Afrique est face à sa responsabilité de gardien de poumon de l’humanité. Et cela, il faut l’acter et l’accepter aujourd’hui », a répliqué Arlette Soudan-Nonault.

Du côté de la RDC, c’est le même langage. L’État congolais qui a annoncé la levée du moratoire pense que personne ne doit pas lui interdire de jouir de ses richesses naturelles.

« On a le droit de disposer de ce que nous avons potentiel. Mais nous savons ce que cela représente aussi pour l’humanité (…) Et c’est justement ça aussi que nous nous posons comme question en termes de  contrepartie. Parce que nous on ne peut pas aliéner définitivement nos forêts sous prétexte de protéger l’humanité alors qu’il y a des gros pollueurs chez qui, je suis désolé, I don’t care about us, quelquefois. Il ne faut pas nous empêcher de vouloir disposer de ce que nous avons », avait déclaré Patrick Muyaya, Ministre de Communication et Porte-parole du Gouvernement.

Deuxième poumon écologique après l’Amazonie, le bassin du Congo abrite 10% de la biodiversité mondiale.  La planète respire aujourd’hui grâce à ce poumon.

Outre ses 222 millions de km2 de forêt, le bassin du Congo abrite les plus vastes tourbières tropicales au monde. Elles séquestrent 31 milliards de tonnes de carbone, l’équivalent de 3 années d’émission de la planète. Le bassin du Congo est ainsi devenu le régulateur du climat mondial.

V.T

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