Au sein du Palais du peuple, une atmosphère de défi s’installe. La démarche lancée par le député Crispin Mbindule contre Vital Kamerhe, le président de l’Assemblée nationale, va au-delà d’un simple acte parlementaire : elle apparaît comme une accusation envers un des fondements de l’Union sacrée.
En critiquant « le manque de transparence » dans l’administration du bureau, le « mépris » affiché envers les élus et des méthodes qualifiées de « menaçantes », le représentant de Butembo ouvre la voie à un changement potentiel dans les dynamiques de pouvoir. D’après ses dires, plus de deux cents signatures auraient déjà été recueillies, ce qui témoigne d’un inconfort sous-jacent qui se manifeste, enfin de manière claire.
Cette attaque vise non seulement un individu, mais également un style de gouvernance, accusé de réduire la chambre basse à un simple organe de validation. Toutefois, au-delà du conflit procédural, c’est l’équilibre même des institutions qui est menacé : à un moment où Félix Tshisekedi prône l’unité nationale, cette contestation interne envers le numéro deux de l’État pourrait entraîner de nouvelles perturbations dans une République en quête de cohésion interne.
L’atmosphère politique à l’Assemblée nationale demeure tendue suite à l’initiative du député national Crispin Mbindule. Le représentant de Butembo (Nord-Kivu) persiste dans sa pétition contre Vital Kamerhe, le président de l’institution, qu’il accuse de « manque de transparence dans la gestion », de « mépris » pour les députés et de comportements assimilés à des « intimidations ». Bien que cette démarche soit logique et habituelle, elle pourrait, dans le contexte actuel, compromettre un équilibre déjà fragile au sein de la chambre basse du Parlement.
D’après Crispin Mbindule, le bureau dirigé par Vital Kamerhe aurait négligé sa responsabilité de garantir la transparence et de respecter les prérogatives des députés. «De nombreuses questions orales, interpellations et motions ne sont pas mises à l’ordre du jour. Nous nous interrogeons sur le fait de savoir si nous sommes là pour jouer une comédie à l’Assemblée nationale ou pour légiférer et contrôler les actions du gouvernement », a-t-il déclaré devant les médias parlementaires.
L’élu va encore plus loin, affirmant que le choix de Kamerhe comme président était une « erreur » politique. « Vital Kamerhe agit tel un petit roi, un petit dictateur », accuse-t-il, avant d’ajouter que plus de 200 signatures ont d’ores et déjà été amassées pour soutenir la pétition. Un jalon symbolique qui, s’il se révélait exact, indiquerait qu’il existe un bloc significatif d’opposition interne au sein même de l’Union sacrée, la coalition au pouvoir.
Une opposition qui crée des divisions
La démarche de Mbindule a des répercussions. Elle réactive un vieux débat concernant la position et le rôle de Vital Kamerhe au sein des institutions. Ancien président de l’Assemblée nationale entre 2006 et 2009, et allié clé de Félix Tshisekedi dans l’Union sacrée, il avait rejoint à nouveau le perchoir en mai 2024, après une période politique marquée par des revers juridiques et des rivalités internes.
Pour ceux qui le soutiennent, Kamerhe est perçu comme un individu expérimenté et un bâtisseur de consensus politique. En revanche, ses opposants voient en lui un mode de fonctionnement considéré comme autoritaire au sein de l’Assemblée, ce qui limite les initiatives des députés. La pétition se présente dès lors comme une manifestation d’un malaise plus profond entre, d’une part, ceux qui souhaitent confirmer leur rôle de contre-pouvoir, et, d’autre part, un bureau parlementaire accusé de restreindre l’agenda.
Une menace pour la stabilité institutionnelle
La démarche initiée par Crispin Mbindule ne garantit pas nécessairement le changement de la direction de l’Assemblée. Le règlement interne impose un processus complexe, nécessitant des majorités qualifiées qui sont difficiles à obtenir dans un milieu où les équilibres politiques sont instables. Cependant, cette initiative met en lumière une méfiance grandissante envers la direction de Vital Kamerhe et soulève la question de l’unité au sein de l’Union sacrée.
Au-delà de la question de la transparence, cette pétition pourrait engendrer des tensions dans la structure institutionnelle du pays. Alors que le président Félix Tshisekedi multiplie ses appels à l’unité nationale et à la fidélité envers la République, la remise en cause de la position du numéro deux de l’État crée une atmosphère d’instabilité politique. Cela pourrait entraîner une période de conflits entre les institutions, à un moment où le gouvernement s’efforce de renforcer sa légitimité et de rassembler le Parlement autour des priorités nationales.
Ainsi, le défi ne concerne pas seulement la gestion interne de l’Assemblée nationale ; il s’agit également de maintenir l’équilibre politique, compromis par des rivalités qui, si elles venaient à s’intensifier, pourraient fragiliser la résistance de l’État face aux diverses crises auxquelles la RDC fait face.
JP-E