À Kinshasa, le gouvernement a marqué cette signature comme une victoire sur le plan diplomatique, tout en rappelant immédiatement ses « lignes rouges ». Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a affirmé sur les antennes nationales que « cette déclaration respecte les lignes rouges établies, en particulier le retrait inconditionnel de l’AFC/M23 des zones occupées, suivi de la mise en place de nos institutions (FARDC, PNC, justice, administration)« .
Pour le ministre de la Communication et Médias, la priorité demeure la restauration pleine de la souveraineté congolaise sur les territoires actuellement sous le contrôle du mouvement rebelle. Cette déclaration semblait envoyer un message clair : il n’y aura aucun compromis concernant le retrait du M23.
Cependant, l’AFC/M23 a rapidement réagi. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Benjamin Mbonimpa, le secrétaire exécutif de l’AFC/M23 et chef de la délégation du mouvement rebelle au Qatar, a répondu directement aux déclarations de Patrick Muyaya, sans l’identifier.
« Il n’est mentionné nulle part dans la déclaration de principes que l’AFC/M23 prévoit de se retirer. Notre population peut se tranquilliser et profiter de la paix et de la sécurité que nous leur apportons, car l’AFC/M23 ne reculera pas d’un seul mètre. Nous sommes là où nous sommes, contrôlant les zones que nous avons, en attendant de discuter des causes profondes de ce conflit, car jusqu’à présent, la déclaration de principes ne traite pas ces causes fondamentales. Elles sont nombreuses, et nous prendrons le temps nécessaire pour travailler sur cette question« , a-t-il déclaré.
Pour Mbonimpa, la priorité semble donc être un dialogue approfondi sur les racines du conflit, qu’il considère comme encore ignorées dans le document signé.
Dans le même ordre d’idées, Bertrand Bisimwa, qui occupe le poste de coordonnateur adjoint de l’AFC/M23, a souhaité clarifier de manière plus officielle la position de son groupe. Il a affirmé : « Le document des principes signé aujourd’hui à Doha inclut, entre autres, le rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du pays : il ne s’agit pas d’un retrait, mais de mécanismes permettant à l’État d’exercer ses prérogatives et ses responsabilités. »
Cette interprétation met en lumière les premières discordes dans la compréhension commune du texte convenu à Doha. Alors que Kinshasa réclame un retrait immédiat et un retour rapide à son autorité, le M23, quant à lui, évoque plutôt l’instauration des « mécanismes » pour que l’État puisse récupérer ses fonctions progressivement, sans pour autant abandonner les territoires qu’il contrôle.
Ces divergences soulèvent des questions sur l’avenir des pourparlers. La médiation du Qatar et des États-Unis, qui a réussi à obtenir la signature de cet accord de principes, risque d’être soumise à des épreuves dans les jours à venir pour éviter que ce document ne se transforme en simple papier sans valeur.
Pour l’heure, la situation sur le terrain reste stable. Les forces du M23 continuent d’occuper diverses localités clés dans le Nord-Kivu, tandis que les forces armées de la RDC conservent leurs positions.
Les prochaines négociations devraient se concentrer sur la mise en œuvre concrète des engagements pris et il est à espérer que les deux parties parviennent à une compréhension commune du document pour prévenir un retour aux conflits.
JP Djoko


