Hypertension artérielle : RDC : environ 30% de la population congolaise en souffre

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30% de la population congolaise souffre de l’hypertension artérielle. Cette dernière constitue également la première cause de mortalité chez l’adulte. Et plus de 40% des personnes en Afrique sont hypertendues non diagnostiqués, moins de 30 % sont diagnostiqués et traités et moins de 20% sont traités mais non contrôlés. C’est ce qu’a révélé le Dr Emmanuel Limbole, directeur du Programme national de lutte contre les maladies cardiovasculaires lors de la commémoration de la journée de lutte contre l’hypertension, le 17 mai 2022.

A en croire le Ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévention, Jean-Jacques Mbungani,  la prévalence de l’hypertension artérielle à l’échelle nationale se situe entre 25 et 40% sur base des enquêtes réalisées dans certaines provinces. Elle constitue ainsi, avec l’ensemble des maladies cardiovasculaires, un grand problème de santé publique dans le pays. « Les statistiques hospitalières collectées par le Programme National de Lutte contre les Maladies Cardiovasculaires, couvrant les 10 dernières années dans la ville province de Kinshasa, notent que les complications de l’hypertension artérielle représentées essentiellement par l’Accident Vasculaire Cérébrale (AVC), l’insuffisance cardiaque, constitue la première cause de mortalité chez l’adulte dans notre pays. Ceci est d’autant plus inquiétant, car ces décès constituent dans notre pays, contrairement aux pays occidentaux, la tranche d’âge économiquement active », avait-il déclaré, à l’occasion de la journée mondiale contre l’Hypertension artérielle qui était célébrée le 17 mai de l’année passée.

Selon le directeur de Programme national de lutte contre les maladies cardiovasculaires, Emmanuel Limbole, plusieurs personnes ignorent encore qu’elles sont hypertendues. Dans ce sens, son institution la population encourage à se faire consulter par un médecin afin de mieux prévenir tous les risques liés à cette maladie.  Pour lui, le dépistage est le seul moyen de prévenir le décès précoce.

Étant une maladie pourvoyeuse d’autres maladies cardiovasculaires, le directeur du PNMCV, a déclaré que l’HTA est le facteur de risque le plus puissant partout dans le monde et 80% de décès sont produits dans des pays en voie de développement.

Il faudra noter aussi que les deux valeurs de la pression artérielle sont habituellement comprises entre 10 et 14 pour les pressions maximales, et 6 et 8 pour la pression minimale. Ainsi, une tension de 12 – 8 est considérée comme normale. D’après le Dr Emmanuel Limbole, l’hypertension artérielle est l’un des principaux facteurs de risque des maladies cardiaques, de l’insuffisance rénale et des accidents vasculaires cérébraux ou AVC. Elle apparaît généralement avec l’âge, souvent accompagnée d’un excès de poids.

Selon le responsable du PNMCV, les symptômes de l’hypertension artérielle peuvent être des maux de tête, des vertiges, des bourdonnements d’oreille, des troubles de la vision ou des saignements de nez. Mais le plus souvent, elle ne donne aucun signe clinique et on la découvre lors d’une consultation pour un autre motif.

Lacunes importantes dans le diagnostic et le traitement

Bien que l’hypertension soit facile à diagnostiquer et relativement simple à traiter à l’aide de médicaments peu coûteux, l’on estime qu’en RDC, peu de personnes connaissent officiellement leur état. D’ailleurs, les études ont mis en lumière des lacunes importantes dans le diagnostic et le traitement à travers le monde. Le même constat a été fait par l’OMS, qui évalue à environ 580 millions de personnes hypertendues (41 % des femmes et 51 % des hommes), qui ignorent leur état car elles n’avaient jamais bénéficié d’un diagnostic.

A en croire le ministre de la santé publique, compte tenu du danger que représente l’Hypertension artérielle et dans l’attente que le pays se dote des moyens nécessaires pour la prise en charge efficace de cette maladie, la prévention demeure le meilleur moyen de lutter contre ladite pathologie. Selon lui, laquelle prévention consiste en l’adoption d’un mode de vie sain, dans le vécu quotidien de chaque personne. Il s’agit notamment de pratiquer une activité physique régulière, de manger moins salé, moins sucré et moins gras, et de s’abstenir de fumer. « Ces mesures permettront de prévenir les puissants facteurs de risques cardiovasculaires que sont notamment l’hypertension artérielle, l’excès de cholestérol et l’obésité », a-t-ileu à souligner.

Notons que l’hypertension, fait augmenter considérablement le risque de cardiopathie et d’affection cérébrale ou rénale, et est l’une des principales causes de mortalité et de morbidité dans le monde. Elle peut être facilement détectée par la mesure de la tension artérielle, au domicile ou dans un centre de santé, et peut souvent être traitée efficacement à l’aide de médicaments peu coûteux.

Plus de 700 millions de personnes hypertendues ne sont pas traitées à travers le monde

Selon la première analyse mondiale complète de l’évolution de la prévalence, de la détection, du traitement et de l’équilibre de l’hypertension, menée par l’Imperial College London et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), publiée le 25 aout dernier, l’étude a donc montré que plus de la moitié des hypertendus (53 % des femmes et 62 % des hommes), soit 720 millions de personnes au total, ne recevaient pas le traitement dont ils avaient besoin.  D’après les données de l’OMS, l’on note paradoxalement une forte augmentation du taux des personnes hypertendues dans les pays pauvres ou à revenus intermédiaires (comme plusieurs pays africains) et une nette baisse dans les pays riches ou à revenus élevés dans la péride allant de 1990 à 2019.

D’après l’OMS, le nombre d’adultes âgés de 30 à 79 ans hypertendus est passé de 650 millions à 1,28 milliard au cours des trente dernières années. Près de la moitié de ces personnes ignoraient qu’elles étaient hypertendues.« Alors qu’un traitement de l’hypertension, trouble facile à diagnostiquer et à traiter à l’aide de médicaments peu coûteux, existe depuis cinquante ans, le fait que tant de personnes hypertendues dans le monde ne bénéficient toujours pas du traitement dont elles ont besoin est un échec de la santé publique. », s’est indigné le professeur Majid Ezzati, auteur principal de l’étude et professeur spécialiste de la santé environnementale mondiale à la School of Public Health de l’Imperial College London.

A en croire les chercheurs, les hommes et les femmes en Afrique subsaharienne, en Asie centrale, du Sud et du Sud-Est et dans les pays insulaires du Pacifique sont ceux qui ont le moins de chances de bénéficier d’un traitement. Et dans un certain nombre de pays de ces régions, les taux de traitement étaient inférieurs à 25 % pour les femmes et à 20 % pour les hommes, ce qui engendrait d’énormes inégalités au niveau mondial.

Ebondo Kabamba Elie

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