Le brillantissime Pamelo Mounka

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De son vrai nom : Yvon, André Bemba-Bingui, fils de Jules Bingui et de Josephine Loubelo.

Pamelo Mounka est né à Brazzaville dans le quartier de Poto-Poto. Chanteur ,auteur-compositeur congolais (Brazzaville). La scolarité du jeune Mounka s’est déroulée à l’école primaire Saint-Vincent, puis au lycée Chaminade de Brazzaville. Dès son bas âge, le talent du jeune garçon était perceptible. A l’âge de onze ans, il chantait à l’église, dans la chorale Sacré Chœur de la grande cathédrale de la capitale. En dehors de l’église, Pamelo Mounka se rendait fréquemment au bar musical « Faignond » situé à Poto-Poto.

A cette époque les surnoms de Mounka sont : « Beda », « Bendol » ou encore « Pablito », ce dernier surnom étant une référence à sa connaissance de la langue espagnole. C’est sous le nom de scène « Pablito », qu’il participe à ses premières formations musicales qui ne sont que des groupes du quartier, dont « Negro City » et « La Jeunesse Musicale du Congo ».

En 1959, à l’âge de quatorze ans, le jeune Pablito rencontre à Kinshasa, la capitale voisine, le chanteur et compositeur Rochereau Tabu Ley, qui s’affirme rapidement comme son mentor musical. Entre 1959 et 1962 principalement, Pablito se déplace régulièrement entre Brazzaville et Kinshasa (les deux capitales les plus proches du monde) afin de côtoyer Rochereau Tabu Ley. Tout au long de sa carrière, la relation entre Pablito et son mentor, restera forte, une relation faite tout à la fois d’estime, de collaboration et parfois de rivalité.

En juillet 1963, l’orchestre Les Bantous de la Capitale, dirigé par Jean-Serge Essous, connaît la défection de trois de ses principaux membres. Pamelo Mounka, à l’époque Pablito, se voit proposer de rejoindre Les Bantous de la Capitale. C’est ainsi qu’en 1963, à l’âge de dix-huit ans, que Pablito intègre l’orchestre et compose notamment sa chanson « Na landa bango ». Cette chanson a démontré le professionnalisme du jeune chanteur.

En avril 1964, Pablito quitte le navire « Les Bantous » et traverse à nouveau le pool Malebo, pour intégrer à Kinshasa le groupe African Fiesta, tout récemment formé par Rochereau Tabu Ley et d’autres musiciens, déserteurs de l’African Jazz du Grand Kallé. L’expérience kinoise dans l’ Africa Fiesta, est pour Pablito, l’occasion de s’exercer à un rythme d’écriture et de représentation intense (près de soixante titres sont recensés sur la période d’avril à novembre 1964). Pamelo Mounka tenait à construire son propre style de composition.

Ce style repose principalement sur la remise en question du rythme, relativement lent par rapport aux compositions de l’époque. Pablito propose des ruptures de rythme et une cadence accélérée, inspirée de la pachanga et de la rumba cubaine. Cette période prolifique prend fin en novembre 1964, du fait de la décision d’expulsion du Congo-Kinshasa, des ressortissants du Congo-Brazzaville, prise avant la fin de la même année par le gouvernement de Kinshasa. Au même titre que bon nombre de ses compatriotes musiciens exerçant à Kinshasa, Pamelo Mounka regagne Brazzaville, malgré lui.

De retour à Brazzaville en novembre 1964, Pablito réintègre Les Bantous de la Capitale, tout comme les autres artistes issus de l’African Fiesta, tels que le chanteur Célestin Nkouka (1964) et le saxophoniste Nino Malapet (1966). Rencontrant des difficultés des droits d’auteur, puisque ses droits sont reversés par erreur à un musicien cubain homonyme, Pablito se décide en 1965 de changer de nom de scène : il sera désormais appelé Pamelo Mounka. Ses premières compositions, au nom de Pamelo Mounka sont « Camitima » et « Patience ».

En 1968, Pamelo Mounka compose et interprète « Masuwa », chanson pionnière du style soukous. Cette chanson va rencontrer un succès époustouflant au Congo-Brazzaville, cela marquera durablement sa carrière musicale. En 1970, c’est au tour de la chanson « Amour folie Clara », que le musicien présentait comme sa préférée. Cette deuxième grande période de Pamelo Mounka au sein des Bantous, s’accompagne du projet « Les Fantômes », formation musicale brève mais productive. Les principales chansons écrites durant cette expérience sont : « Petite Lola », « L’oiseau rare », « Papa séjour », « Kati Bebi » et « Bebi ».

En novembre 1972, l’orchestre des Bantous de la Capitale connaît à nouveau une période de crise. Elle prend cette fois-ci, la forme d’une scission en deux orchestres : l’orchestre du Peuple du trio Cépakos (réunissant Célestin Nkouka, Pamelo Mounka et Kosmos Moutouari) d’une part et d’autre part, l’orchestre Nzoys (composé d’Edo Nganga, Théo Bitsiku et Alphonse Mpassi Mermans). L’expérience du trio Cépakos, qui tire son nom des premières syllabes des prénoms de ses membres (Célestin, Pamelo et Kosmos), ne vise pas la poursuite des tournées internationals, mais au contraire un enracinement local : le « peuple » auquel il est fait référence est celui de l’arrondissement de Bacongo. Lors de cette période, Pamelo Mounka sort un nombre considérable de morceaux, comme : « Alléluia », « Louise », « Soso ya yambo », « Limbisa nga Masengo », « Mama na Mwana »,« Sonia », « Muana Mboyo », « Mabeyeyi », « Monsieur Nkanza », « Meji », « Mes Larmes » et « Conscience ».

En 1978, Pamelo Mounka réintègre Les Bantous de la Capitale. C’est à cette période que l’artiste prépare activement sa carrière solo et internationale. A Brazzaville, Pamelo compose notamment « Selimandja » et « Oyourou Nyoumba ». La première chanson est publiée en 1979,  parmi les chansons du premier album de Pamelo en tant qu’artiste affranchi de son orchestre. Oyourou Nyoumba sera quant à elle, publiée dans le premier album solo international du chanteur. Encouragé par le producteur musical Eddyson, Pamelo se rend en 1981 à Paris pour enregistrer un album visant une distribution internationale.

Cet album est un franc succès (L’argent appelle l’argent, Oyourou Nyoumba, Amour de Nombakelé, Ngai Muana mama). Cet album rencontre un succès mondial, au-delà de l’Afrique centrale avec des popularités différentes, selon la chanson et la région du monde : car si L’argent appelle l’argent rencontre le succès aussi bien en Afrique qu’en Europe ou en Amérique, Amour de Nombakelé connaîtra une célébrité toute particulière à Libreville (Gabon), où se situe le quartier de Nombakelé. En novembre 1982, Pamelo quitte officiellement Les Bantous pour se consacrer à plein temps à sa carrière solo.

C’est pendant la même année que le chanteur enregistre un deuxième album à Paris, qui connaîtra également un succès phénoménal (« Ce n’est que ma secrétaire », « Amour quand tu me prends »…), puis un troisième album. Cette troisième production ne rencontre pas le succès escompté et attire sur Pamelo la foudre de nombreux collectifs féministes africains et européens, qui lui reprochent l’image dégradante donnée aux femmes dans sa chanson : « Ça ne se prête pas ».

En 1983, Pamelo renoue avec le succès commercial avec son quatrième album international, « Propulsion ! », dont les titres sont : « Laisse-toi vivre Mamouni », « Affaire de Cœur », « Yhiayhia Dzellat », « Mariaker »). Toujours en 1983, Pamelo enregistre un album avec Tabu Ley et Afrisa International, sur lequel figurent notamment, les chansons « Cynthia » et « On ne meurt qu’une fois » (cette dernière en duo avec Mbilia Bel). Pamelo enchaine jusqu’en 1986 les tournées africaines (Bénin, Togo, Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Congo-Kinshasa). En 1985, il fait partie des initiateurs d’un concert caritatif à Abidjan en faveur des populations éthiopiennes confrontées à la famine. En 1986, il enregistre l’album « Lisanga ya ba ndoki » avec Youlou Mabiala.

Toujours en 1986, sur l’intervention de Jean-Jules Okabando, ancien maire de Brazzaville, Les Bantous de la Capitale sont réformés avec pour chef d’orchestre Pamelo Mounka. Les Bantous enregistrent un nouvel album en 1987, sur lequel figure notamment la chanson « Ave Maria », qui porte la marque du thème religieux que Pamelo Mounka introduit dans plusieurs de ses compositions musicales à compter de cette période de sa vie. Les Bantous de la Capitale se séparent à nouveau en 1990 avec le départ de Pamelo Mounka qui d’une part,  crée l’orchestre Bantous Monument, et d’autre part, cherche à poursuivre sa carrière solo avec l’enregistrement de l’album « D’ici à l’an 2000 », en 1990. Souffrant de diabète dès 1988, Pamelo Mounka voit sa santé se dégrader progressivement.

Ces années sont marquées par un projet d’enregistrement des chansons à caractère religieux en collaboration avec Freddy Kebano, mais sa maladie ne permettra cependant pas à Pamelo Mounka de mener à bien ce projet. Il s’éteint le 14 janvier 1996 à Brazzaville, à l’âge de 50 ans. Pamelo Mounka a apporté une contribution importante au développement de la musique afro-cubaine, en particulier la rumba congolaise et le style soukous.

Majoie Kisalasala

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