La Rumba Congolaise pourra-t-elle devenir le patrimoine mondial immatériel de l’humanité ?

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On ne peut pas parler de la Rumba Cubaine sans citer ses origines africaines. La Rumba congolaise espère rejoindre sa cousine cubaine au patrimoine mondial de l’humanité. Après la version cubaine, la version congolaise ? Une campagne officielle a été lancée à Kinshasa, afin de promouvoir l’inscription, au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, de la Rumba congolaise, ont rapporté, mercredi 18 août, des médias locaux. Ce style musical issu de la Rumba cubaine des années 1930 ayant une grande postérité en République Démocratique du Congo (Kinshasa) et en République du Congo (Brazzaville). Le dossier, déposé l’année dernière auprès de l’UNESCO, est défendu de part et d’autre du fleuve Congo par les deux pays qui en tirent leur nom. Après l’admission en 2016 de la Rumba cubaine au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, les Congolais semblent bien déterminés à mettre en avant leurs racines. Leur candidature est d’ailleurs soutenue par l’Union européenne, qui affirme vouloir « stimuler le potentiel du secteur culturel et créatif, sa contribution au développement socio-économique de la RDC ». La Rumba tire son histoire du Royaume Kongo, après la déportation, les esclaves étaient amenés à traduire leurs souvenirs dans la danse à deux. Le geste avec leur nombril les a amenés à comprendre que les origines demeurent vivantes. Avec ces origines là, ils ont perpétué le sens de la réjouissance, avec l’évolution et avec l’histoire, les grands de la Rumba dans notre pays, comme Grand Kallé et les autres sont allés à Cuba vers les années 1950 et sont revenus avec une Rumba améliorée au Congo comme vecteur de civilisation. La Rumba congolaise doit être protégée, conservée. « C’est notre patrimoine que tout le monde devra promouvoir », a dit la ministre de la culture et des arts, Catherine Katungu Furaha, lors de la campagne promotionnelle de Rumba en août 2021. Pour faire reconnaître l’importance de la Rumba congolaise à travers le monde, la ministre pense envahir tous les supports. « Nous avons lancé la campagne où nous voulons montrer au monde que la Rumba, c’est la science, a-t-elle souligné. C’est ainsi qu’un acte d’engagement de tous les acteurs a été signé, où les gens, qu’ils soient sénateurs, opérateurs politiques, culturels, danseurs, philosophes, amateurs de la Rumba, puissent s’approprier cette histoire. Des actions, des calendriers sont en train d’être élaborés et définis pour une vulgarisation ». « Il y aura des campagnes de médiatisation dans les radios, à la télévision, a-t-elle poursuivi. Il y aura des affiches que nous allons essayer de mettre partout. Il y aura des spots publicitaires, des chansons que les gens vont encore vulgariser. Nous allons utiliser les réseaux sociaux, tous les canaux possibles pour que ce patrimoine mondial puisse jouer pour la cohésion et la solidarité ». Une démarche également diplomatique, selon la ministre, qui affirme d’ores et déjà avoir le soutien de l’UNESCO. Jean René Malwengo, enseignant à l’institut national des Arts, confesse avoir été séduit par le répertoire de l’African Jazz. La Rumba est une passion, une identité congolaise, qu’il souhaite donc faire connaître, et partager avec le reste de l’humanité. D’après lui, puisque cette musique a su  résister à l’usure du temps, donc elle est indémodable ! Selon Manda Tchebwa, chroniqueur et écrivain qui a mené des recherches, « ça reste quand même une création extraordinaire : c’est la création qui a réussi à fédérer le Congo, l’Afrique et le monde, à travers ce va-et-vient entre nous et la Caraïbe, principalement Cuba. En fait n’eut été la promotion et la forme que Cuba lui a donné, en fin de compte, nous serions peut-être restés dans la Rumba traditionnelle de nos parents ». C’est du 13 au 18 décembre à Colombo au Sri Lanka que l’UNESCO va examiner le dossier soumis par les deux Congo pour l’inscription de la Rumba au patrimoine mondial immatériel de l’humanité. Des actions de lobbying se multiplient à Brazzaville. Les membres du comité scientifique qui travaillent sur ce projet étaient en conférence le mardi 5 octobre. Conférence suivie du vernissage d’une exposition sur cette musique. Faire de deux Congo « une destination Rumba », comme la Jamaïque l’est pour le reggae ou encore Cuba pour la salsa, c’est l’objectif visé par le comité scientifique congolais qui affirme avoir soumis à l’UNESCO un dossier solide. Ancien universitaire Charles Bouetoum est membre de ce comité : « Nous pensons que la Rumba, avec ce dossier en béton que nous avons présenté, les représentants de l’UNESCO ne passeront pas à côté de la plaque ». Genre musical en vogue sur les deux rives du fleuve Congo depuis les années 30, la Rumba doit cesser d’être un simple patrimoine national. « En tout cas, elle deviendra le patrimoine de l’humanité car beaucoup de personnes, beaucoup de pays, jusqu’au Japon, se sont reconnus dans cette musique. Ils l’aiment et la pratiquent », a souligné encore M. Bouetoum. Président du Comité scientifique, le professeur Joachim Emmanuel Goma Théthet présente la Rumba comme une musique qui s’abreuve à plusieurs sources : « Vous avez (dedans), les traditions amenées par les Africains de l’Ouest, la tradition culturelle de l’Occident. La Rumba est à la croisée de plusieurs sources qui lui ont donné une originalité ». « L’histoire de la Rumba congolaise est une histoire de croisements multiculturels », a conclu André Lye Yoka, professeur à l’institut national des Arts de Kinshasa, co-présidents de la commission mixte qui a présenté cette candidature auprès de l’UNESCO. Majoie Kisalasala

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