Il y a 8 ans, mourait en France Jean-Baptiste Emeneya Mubiala alias King Kester Kuamambu

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On le surnommait également le grand bachelier.Jean-Baptiste Emeneya Mubiala est né le 23 novembre 1956 à Kikwit (RDC) et mort le 13 février 2014 en région parisienne (France). Emeneya Mubiala Kester est un auteur-compositeur interprète de la chanson congolaise. A 17 ans, Jean-Baptiste Emeneya intègre le groupe Les Anges Noirs avec Lidjo Kwempa, alors qu’il est élève à l’Institut Don Bosco de Kikwit (RDC). Après avoir obtenu son baccalauréat à l’Institut Longo à Idiofa, il est parti étudier les sciences politiques et administratives à Lubumbashi (RDC). En 1977, il interrompt ses études universitaires au campus de Lubumbashi pour se consacrer uniquement à sa passion : la musique. Emeneya Mubiala chantait au début de sa carrière comme son idole Rochereau Tabu Ley. Toutefois, Gina Efonge était son modèle et il voulait le rejoindre dans l’orchestre Libanko. Sur le conseil de son ami Misha Mulongo, il choisit, finalement d’évoluer à côté de Papa Wemba. En juin 1977, par le biais de Shagi Sharufa, il devient membre à part entière de Viva la Musica de Papa Wemba jusqu’à la fin de l’année 1982. Il sort de Viva la Musica accompagné de Bipoli na Fulu pour créer l’orchestre Victoria Eleîson le 24 décembre 1982. On retiendra que Viva La Musica fut assurément un beau tremplin pour Emeneya. Lorsque Papa Wemba hypothèque l’avenir de Viva la Musica pour convoler en justes noces avec l’Afrisa International de Rochereau Tabu Ley, Emeneya s’empare de la houlette du commandement et donne une autre marque de maturité à Viva la Musica. A la surprise de tous, il réussit l’exploit de sécher les larmes de Molokai. Au retour de Wemba désenchanté par son mentor qui lui a remis un chèque en bois, Papa Wemba par  manque de reconnaissance revient en tête du groupe sans aucun merci. Emeneya et son compagnon Bipoli na Fulu se décident de créer l’orchestre Victoria Eleîson, le 24 décembre 1982, ils entraînent derrière eux quelques musiciens talentueux de Viva la Musica. Aussitôt le groupe subit, dès sa création, un féroce embargo décrété par les partisans de Papa Wemba. Mais, le veto produit l’effet boomerang. Le public choisit finalement le camp des dissidents.Toute la ville de Kinshasa, soutient avec allégresse Emeneya. Grâce au soutien de Kiamuangana Mateta Verckys et au sponsoring de la Bralima-Primus, Kester baptisé le « Grand Pétrolier » a réussi une carrière gigantesque. Et l’on imagine combien ses fanatiques ont nagé dans le bonheur, en écoutant son succulent répertoire avec des tubes tels que : « Kimpiatu », « Okosi nga Mfumu », « Abyssina », « Willo Mondo », « Sans Préavis », « Ngabelo », « Surmenage », « Mboka Mboka », « Longue Histoire », « Le jour le Plus Long » et autres. Le public a dégusté toutes ses chansons sans en négliger aucune. Partout à Kinshasa, on n’écoutait que le son de sa musique. Il vendait des disques comme des petits pains. Ses concerts faisaient carton plein. Pendant deux ans, aucun orchestre ne pouvait égaler le sien.Emeneya Kester a crevé l’écran. Même pendant le temps de ses répétitions, les salles affichaient pleines, de telle sorte qu’ils ont préféré aller à Ndjili loin des fanatiques acharnés. Emeneya a en effet, largement contribué à l’épanouissement de cet orchestre à travers des œuvres d’anthologie. Ancien chanteur des orchestres : African Jazz, Les Anges Noirs, Shama-Shama de Mopero wa Maloba (qu’il a enrôlé à son tour dans Victoria Eleîson), Isifi Melodia d’Evoloko Atshuamo et des Kasapards. Pendant sa carrière, Kester Ememeya a reçu de nombreux prix, sur le plan international et national dont six fois successivement le prix de vedette de l’année de 1983 à 1989. Artiste de renommée international, Emeneya s’est produit dans plusieurs continents.Ses plus célèbres tournées se déroulent au Japon en 1991 et en Amérique du Nord. Il est le premier artiste congolais avec Abeti Masikini à se produire dans la salle du Zénith à Paris (ces concerts ont été nommés spectacles de l’année par la presse congolaise). Lors de ses récentes productions en Europe en 2001, il s’était également produit à l’Olympia et au Zénith de Paris pour la deuxième fois. Une autre production avait eu lieu en Suisse devant plus de 12 000 personnes; ce qui fut une première pour un artiste africain dans ce pays. Le 26 octobre 1997, des milliers de personnes sont venus l’accueillir à l’aéroport international de Ndjili, lors de son retour au pays après sept ans d’absence. Son plus grand événement à la République Démocratique du Congo, fut son concert au stade des Martyrs, le 15 novembre 1997, devant plus de 60 000 personnes.Il fut le premier congolais à réaliser cet exploit. Avec plus de 400 chansons dans sa carrière, Kester Emeneya a été reçu plusieurs fois par le président Mobutu Sese Seko, à trois reprises par le président Laurent-Desiré Kabila et deux fois par le président Joseph Kabila. L’honneur lui avait été accordé par le président Mobutu d’agrémenter la soirée de la visite du président français François Mitterrand au Palais du Peuple de Kinshasa.Bourré de talent, son charisme ne laissait aucune personne indifférente. C’est toujours Emeneya qui fut le premier à introduire le synthétiseur et la programmation musicale assistée par ordinateur dans la musique congolaise, rompant avec le style folklorique jusque-là incarné par le célèbre Zaïko Langa Langa. Il en résulta un album « Nzinzi » avec un immense succès commercial. Après des années de succès avec des chansons populaires, en 1993, il sort son album « Everybody, distribué par Sonodisc avec une qualité de son « Exceptionnel ». Everybody a été un grand succès à l’échelle internationale. Toujours en mode vigilance, la star avait le tribalisme et le racisme en horreur. Le King de la musique congolaise a marqué aussi sa génération par son look, sa démarche et son amour de la sape. Contrairement aux apparences, Emeneya était un grand supporter de Papa Wemba et avait beaucoup d’estimes envers Koffi Olomidé, son ami. En 37 ans de carrière, Kester Emeneya aurait vendu plusieurs millions de disques à travers le monde. Le 18 novembre 2002, il est le premier chanteur talentueux congolais à enseigner le cours de chant à l’université de Limerick en Irlande du Nord en tant que « professeur visiteur ». Au crépuscule de sa vie, le patron de Victoria était en studio pour enregistrer un nouvel album « This is me »dont les travaux étaient presque sur le point d’être achevés. Malheureusement, la sortie de ce disque à titre posthume est devenue une affaire sans issue. Kester Emeneya est mort le 13 février 2014 à 5h30  au centre chirurgical Marie Lannelongue en région parisienne à l’âge de 57 ans des suites d’un infarctus. Emeneya laisse après sa mort douze enfants : Afimiko, Yannick, Samantha, Marylin, Kevin, Miles, Leslie, Bradley, Grégory, Brandon, Franklin et Prince Preston, né le 13 juillet 2014, cinq mois après sa mort. Sa dernière épouse Florence Mbadu, ancienne animatrice à la Télévision Kin Malebo, l’a accompagné jusqu’à la fin malgré sa grossesse. En effet c’est entre ses mains à Paris, qu’Emeneya Mubiala a rendu l’âme, selon une source proche de sa famille. Kester Emeneya fut enterré le 2 mars 2014 à la nécropole de la N’sele à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo. Le 2 mars 2014, le président Joseph Kabila a également décoré Emeneya à titre posthume pour son service et sa contribution extraordinaire à la musique congolaise. Le 25 avril 2014, dans un festival rendant hommage à sa mémoire, plus de 40 personnes étaient mortes à la suite d’une bousculade. Emeneya était un mystère, un oiseau rare que la musique congolaise n’a jamais connu.

Majoie Kisalasala

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