Adou Elenga, un artiste incontournable !

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Un patriote digne de ce nom ! Il est l’un des pionniers de la musique congolaise. Adou Elenga est un chanteur, auteur-compositeur-interprète et guitariste virtuose. C’est une figure emblématique de la rumba congolaise. Adou Elenga est né en 1921  à Watsha (Haut-Uélé).  Il est le fils de Mohamed, guitariste de talent, originaire de Coastmen (Ghana) et d’Amba de Kasongo Maniema (RDC). Il a débuté sa carrière musicale en 1939.

Une carrière musicale qui a connu des hauts et des bas. Il est attiré par la musique dès son plus jeune âge, mais c’est à  21 ans qu’il a été initié à la guitare par son frère aîné Saîdi Mambuleo, guitariste, pianiste et violoniste. Talentueux chanteur individuel à ses débuts, portant toujours sa guitare en bandoulière, comme un soldat portant son arme sur l’épaule. En 1950, Adou Elenga rejoint le label des Editions Ngoma, dirigé par le producteur grec Nicolas Jeronimidis.

L’année suivante, il enregistre son premier single : « Pyramide » et « Maria Tchebo ». Quelques temps après, il enregistre : « Aminatou » et « Tout le monde samedi soir ». Cette dernière chanson a été reprise par plusieurs artistes dont Ousmane M’Baye et Sheila. Egalement, le guitariste congolais Bopol Mansiamina a repris l’adaptation d’Adou Elenga.

En 1980, le chanteur congolais Evoloko Joker a inclus un court texte de la chanson, comme un clin d’œil prémonitoire à l’œuvre d’Adou Elenga qui disparaîtra quelques mois plus tard. Un peu plus tôt en 1979, Maria Tchebo a été repris par le chanteur de charme Sam Mangwana sous le nom de Maria Tebbo.

En 1954, Adou Elenga enregistre plusieurs chansons pour le label Ngoma, dont « O Likouleo » avec Louis Mousaîdi et le Groupe rythmique Ngoma. La face B du disque vinyle contenait le tube intemporel d’Adou Elenga : « Mokili ekobaluka ». Mieux connu sous le nom : « Ata ndele », la chanson était  un appel à la décolonisation et visait les autorités coloniales belges.

Cette annonce prémonitoire, lui a valu les foudres des puissants colonisateurs qui l’ont censurée sans autre forme de procès. Il avait nargué les puissants occupants certes, mais son hardiesse, lui avait coûté la liberté.

Quelques jours après la parution de sa chanson fétiche, Adou Elengaétait condamné à passer quelque temps en prison. Certes, ils ont censuré la chanson mais ils ne l’ont pas effacée de la mémoire du peuple congolais.

Après son arrestation,  les colons belges croyaient enterrer définitivement cet hymne patriotique mais leur plan n’a pas abouti. Car son idéologie n’était pas enterrée, au contraire, elle s’est transmise de génération en génération. Son patriotisme l’a élevé au rang des grands noms de la chanson congolaise. Le tube qui l’a propulsé, disait: « Ata ndele mokili ekobaluka, ata ndele mondele akosukwama ».

En français : « Tôt ou tard le monde changera, tôt ou tard les blancs seront expulsés ». Jusqu’à ce jour, des nombreux congolais considèrent cette chanson comme une prophétie sur l’indépendance du Congo, qui a eu lieu en 1960, donc 6 ans après cette composition. Sa discographie est vaste et diversifiée.

Adou Elenga a laissé derrière lui, de nombreux autres titres comme : « Kumambele », « Eyamba », « Verebina », « Mina kwenda Kisangani », « Yolele », « Awala Esika Minene », « Bandeladie Kongo », « Eyaye Wantulala », « Oleki olekaka », « Paulina ayibi soie », et autres. Il participa à l’émancipation de la musique zaïroise moderne en 1974, sous l’initiative du président Mobutu Sese Séko. Dans l’émission « Bakolo Miziki », de l’Office zaïrois de radio et télévision (OZRT). Conduite sous la houlette de papa Noël Nedulé, assistée par maman Angebi comme présentatrice. Pour la réalisation de cette anthologie, ils avaient réuni tous les pionniers des années 50 encore vivants. Notamment, Antoine Wendo Kolosoy,Camille Feruzi, Manuel d’Oliveira, Lucie Eyenga et Léon Bukaka. Même Adou Elenga avait mis au profit de la République, son immense talent.

Ensemble, ils vont réaliser deux albums dans lesquels sont repris leurs chefs-d’œuvres d’antan (1950-1958). Cette anthologie était l’un des joyaux de la République du Zaïre, car tous les vétérans vivants de la République, y ont laissé leurs belles empreintes. Adou Elenga est décédé des suites d’une tuberculose chronique au Sanatorium de Makala, après trois semaines d’hospitalisation, le 4 août 1981, à l’âge de 60 ans. Il a été enterré le lendemain au cimetière de Kintambo en présence de plusieurs autorités.

Dans l’histoire de la musique congolaise, Adou Elenga reste comme étant le tout premier musicien qui a bravé le pouvoir en place et a dit « tout haut ce que les autres pensent tout bas ». Parce que « Mokili ekobaluka » n’est pas seulement un chef-d’œuvre philosophique de grande qualité, mais reste également un héritage pour tout congolais digne de ce nom.

Au départ, on l’a pris pour un rebelle, mais plus tard les consciences se sont réveillées. Cette chanson est inspirée dans le but de réveiller les consciences, de bousculer les mentalités. Le but de cette chanson est d’abord politique. Les administrateurs coloniaux belges ne s’y sont pas trompés.

Puisque cette chanson, si elle avait été composée à notre époque, elle lui aurait valu un Grammy Awards.

Majoie Kisalasala

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