Une chasse aux sorcières au Kenya

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 Quelques jours après l’assassinat de la championne de course de fond de 25 ans, Agnès Tirop, un nouveau drame choque le Kenya. Accusées de sorcellerie, quatre femmes, âgées de 57 à 83 ans, ont été brûlées par des villageois, le 17 octobre 2021. Ces deux dernières années au Kenya, au moins 150 personnes accusées de sorcellerie ont été tuées. La majorité d’entre elles sont des femmes âgées. Accusées de sorcellerie, quatre femmes, mères de famille et grand-mères, âgées de 57 ans à 83 ans, ont été brûlées vives par des villageois, le 17 octobre 2021, dans le sud-ouest du Kenya. Selon France 24, des ONG indiquent que ces meurtres sont pour la plupart, liés à des affaires d’héritage ou à des présumés vols de terre. Ces organisations alertent le gouvernement pour qu’il trouve une solution à ce fléau. Un crime « inacceptable de nos jours », dénonce un responsable local. Cette chasse aux sorcières « est la carie du peuple kényans », a-t-il ajouté. Accusées de sorcellerie, quatre femmes, âgées de 57 à 83 ans, ont été lynchées par une foule de villageois dans le comté de Kisii, dans le sud-ouest du pays, le 17 octobre 2021. Le mobile du crime ? « Les mamies », comme les surnomment certains médias kényans dans un mélange de respect et d’affection, auraient « ensorcelé » un adolescent. « En quelques minutes, elles ont été brûlées vives jusqu’à être méconnaissables, leurs maisons ont été réduites en cendres et du bétail appartenant à l’une d’entre elles a été vendu », rapporte, le journal The Standard.

Dans un premier compte rendu des faits, le média kényan déplorait que ce quadruple meurtre n’est qu’une statistique qui vient s’ajouter au nombre grandissant de femmes âgées victimes de la justice populaire après avoir été accusées de pratiquer ce que les villageois appellent la « magie noire » dans les comtés de Kisii et Nyamira, dénonce le quotidien kényan. En 2017 déjà, le quotidien évoquait une vague d’assassinats « préoccupants », alors qu’une dizaine de lynchages similaires avaient été recensés au cours des années précédentes. « Les personnes âgées de Kisii vivent dans la peur constante d’être désignées comme des sorcières et lynchées après le coucher du soleil », confirme le quotidien The Nation.

« Nous ne pouvons pas avoir une société qui croit en la sorcellerie et à la justice populaire », a déclaré le commissaire adjoint du sous-comté de Manari, Patrick Munira, cité par le journal The Standard, juste après le drame. « Personne n’a le droit d’accuser quelqu’un d’autre d’être une sorcière. Si vous avez le sentiment que quelqu’un vous a fait du tort, signalez-le et nous nous en occuperons », mais « le fait de traumatiser la population de cette façon est indigne ! » complète le responsable, qui évoque un crime « inacceptable de nos jours », dans The Nation. Accuser quelqu’un de sorcellerie est passible de cinq ans de prison au Kenya, a-t-il rajouté. La chasse aux sorcières n’appartient pas uniquement au passé. Au 21e siècle, dans certains pays d’Afrique, des femmes sont accusées de sorcellerie et parfois lynchées en public. Dans plusieurs pays d’Afrique, tels que : Ghana, Zambie, Kenya, Tanzanie, il existe des « camps de sorcières ». En effet, il s’agit de refuges mis en place par les gouvernements pour protéger les femmes rejetées par leur communauté. Certaines sont là depuis dix, vingt ou trente ans. Le gouvernement du Ghana a entrepris de fermer ces camps et de réinsérer ces femmes dans la société. Le scénario est souvent le suivant. Au départ, un trouble survient : la mort d’un enfant au sein de la famille ou de plusieurs bêtes au sein d’un troupeau. Ces morts, jugées anormales, sont traditionnellement attribuées à un acte de malveillance.

La plupart des accusateurs se révèlent être des membres de la famille qui désignent une femme en la soupçonnant d’être une « mangeuse d’âme ». On fait alors appel à un prêtre devin qui va confirmer ou non l’accusation. La cérémonie punitive conduit ensuite à un châtiment public où fusent les insultes et les coups. Soit la sorcière est chassée de son village, soit elle est tuée. Notamment, en République Démocratique du Congo, les enfants peuvent être accusés d’être des sorciers. Cette pratique demeure dans toutes les classes sociales mais précisément dans les milieux très pauvres, que l’accusation de sorcellerie est une « bonne justification » afin de s’en débarrasser (abandonner, parfois tuer). Parfois, on délaisse les enfants souffrant d’épilepsie, de malformations (Kissimbi ou Elima) ou des enfants difficiles, de fois rebelles que les parents ne parviennent pas à discipliner. Il arrive de fois , lorsqu’un des parents meurt, que l’autre parent accuse un enfant de l’avoir tué. En 2017, la réalisatrice gambienne Rungano Nyoni a réalisé un film « I am not a Witch », dans le but d’attirer l’attention sur le triste sort des femmes, mais aussi des enfants accusés à tort de sorcellerie. En 2018, la chanteuse Beyoncé a été accusée de sorcellerie par une ex-musicienne de son groupe. Kimberley Thompson a porté plainte contre la star, l’accusant notamment de pratiquer des rituels de sorcellerie ayant provoqué la mort de son chaton ! Cette anecdote serait risible (la plaignante a été déboutée en justice) si elle ne cachait une réalité plus sombre. Être accusé de sorcellerie peut conduire aujourd’hui encore à la mort. En juillet 2020, une femme de 90 ans, Akua Denteh, accusée de sorcellerie, a été lapidée en public jusqu’à ce que mort s’ensuive. Cela se passait dans le Nord du Ghana. Jusqu’à ce jour les catholiques se repentent d’avoir livré Jeanne d’Arc au supplice du bûcher. Qu’on le veuille ou non, nulle ni personne n’est à l’abri de soupçons, alors puisque l’erreur est humaine, soumettons nous à la véracité divine car sa justice est équitable et incorruptible.

Majoie Kisalasala

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