Franco-algérien âgé de 17 ans: La mort de Nahël Merzouk continue à faire parler les Français

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Un regard sombre du jeune Nahël Merzouk

Sa mort est causée par le tir à bout portant par un policier dénommé Florian M, le 27 juin 2023, lors d’un contrôle routier à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine (île de France). La version policière, celle d’une voiture refusant un contrôle avant de foncer sur un fonctionnaire de police qui n’a eu d’autre choix que d’ouvrir le feu dans son bon droit, a été reprise par les médias, mais contredite dans les heures qui suivent par la diffusion de deux vidéos et les témoignages des deux passagers. La victime est également présentée à tort dans plusieurs médias comme ayant un casier judiciaire, allégations qui sont démenties par la suite, bien que son nom figure alors au fichier des antécédents judiciaires.

Le 28 juin, le parquet de Nanterre ouvre deux enquêtes en parallèle : une pour homicide volontaire contre le policier auteur du tir, l’autre pour tentative d’homicide volontaire sur une personne dépositaire de l’autorité publique contre Nahel. Au titre de l’enquête le visant, le policier est mis en examen et placé en détention provisoire le 29 juin 2023. L’événement provoque des émeutes dans des nombreuses villes françaises ainsi qu’en Belgique et en Suisse, dont le bilan des dégâts et de la répression dépasse celui des émeutes de 2005. Cette affaire relance le débat sur les violences policières, la question du racisme au sein de la police française et son usage des armes à feu, ainsi que son traitement par les médias qui se sont d’abord appuyés sur des sources policières.

Elle provoque des nombreuses réactions en France, de personnalités politiques, sportives, artistiques et religieuses, ainsi que des gouvernements étrangers et de l’Organisation des Nations Unies. Une marche blanche et plusieurs cagnottes étaient par ailleurs organisées. Quelques jours après la diffusion de la vidéo où l’on voit le jeune Nahel, tué par un tir de la police à Nanterre  (banlieue parisienne), la jeune femme qui a posté les images, estime avoir agi comme n’importe quel citoyen et « peut entendre la colère des français ». Cette jeune femme s’exprime pour la première fois. Cette dernière a révélé au grand public les images de la mort de Nahel, tué par un tir de police le 27 juin dernier à Nanterre, a confié à BFMTV avoir « fait son devoir » en diffusant la vidéo sur les réseaux sociaux. Elle s’est rappelée de cette journée qu’elle n’est pas prête d’oublier.

Au matin du 27 juin, Olivia*, vingt-sept ans est à son travail à Nanterre. Peu avant 9 heures, l’une de ses collègues franchit la porte du bureau et lui raconte qu’elle a été témoin d’une scène terrible : un coup de feu tiré par un policier en direction du conducteur dune voiture. Cette dernière a filmé les faits et va vite chercher à confier son effroi à Olivia*. « Quand je vois la vidéo, je trouve ça très choquant et grave. Je n’imaginais pas que cela pouvait arriver à proximité de là où je travaille », explique, dix jours plus tard, Olivia* à BFMTV.                                                          

LE CHOIX DE DIFFUSER                                  

Elle est alors l’une des premières personnes à découvrir ces images en France. Très rapidement, elle se pose la question de la diffusion de cette vidéo et de la meilleure manière de dénoncer ces faits ainsi que leur gravité. « Je me sentais assez gênée de devoir aller au commissariat avec cette vidéo. Je sais que des policiers font bien leur travail, mais quand on voit ça et qu’on connaît la première version qui a été donnée et qui n’était pas le reflet de ce qu’on voyait dans la vidéo, je pense que j’ai bien fait de la poster », a-t-elle assuré.

En effet, peu après que les faits ont été dévoilés une première version policière, selon laquelle le policier avait tiré car le véhicule lui fonçait dessus, avait été relayée.

D’après un document judiciaire que BFMTV a pu consulter, la première synthèse rappelant la chronologie des événements confirme bien cette thèse. « Le fonctionnaire de police s’est mis à l’avant pour le stopper. Le conducteur a essayé de repartir en fonçant sur le fonctionnaire ». Dans ce contexte, Olivia* décide de diffuser la vidéo sur son compte Twitter. Un jeune homme est contrôlé par deux policiers. Ils l’accostent, s’approchent de la fenêtre côté conducteur. Un coup de feu. La voiture part s’encastrer quelques mètres plus loin. Les secours ne parviendront pas à ranimer le jeune conducteur. En faisant cela, la jeune femme se dit que c’est son devoir de citoyenne de révéler cette scène particulièrement choquante.                           

DES RETOMBÉES INATTENDUES                                  

La jeune femme n’imaginait pas pour autant que la séquence, déjà visionnée près de trois millions de fois, allait générer cinq nuits d’émeutes. « Je peux entendre la colère des français. S’il n’y avait pas eu la vidéo, quelle aurait été la suite ? », se demande encore aujourd’hui Olivia*. Celle qui souhaite toujours aujourd’hui garder l’anonymat explique avoir reçu dans les heures qui ont suivi la diffusion de la vidéo d’innombrables messages : « Je ne suis pas quelqu’un qui souhaite la lumière, j’ai même été contactée par la presse internationale. Je pense juste avoir fait mon devoir. Je ne pouvais pas faire comme si rien ne s’était passé ». Olivia* et sa collègue qui a filmé la scène n’ont pas encore été auditionnées par les enquêteurs.                                

 LA VERSION DE DEUX PASSAGERS                                                      

Lors des auditions de policiers, ils déclarent « avoir tous deux sortis leur arme » et les avoir « pointées sur le conducteur afin de le dissuader de démarrer », indique Pascal Prache. « Au moment où le véhicule  a redémarré, le policier situé près de l’aile du véhicule a tiré une fois sur le conducteur », le touchant mortellement. La version des policiers est également démentie par le passager de dix-sept ans, se trouvant à côté de Nahel. Selon lui, un des policiers demande à Nahel, « d’ouvrir la fenêtre, ce qu’il a fait.

Il lui a dit, coupe le moteur ou je te shoote ». Son avocate, Maître Karen Noblinski, ajoute qu’il « confirme qu’un des policiers a bien dit : je vais te mettre une balle dans la tête, que l’autre a dit, shoote-le, que des coups de crosses ont été donnés à Nahel par les deux policiers ». L’autre passager de quatorze ans fait également mention de coups de crosse, à priori trois donnés à Nahel. « Son pied a lâché la pédale de frein », explique le passager de dix-sept ans. La voiture étant à boîte automatique et pas en position parking, toujours selon ce témoin, redémarre alors. C’est là qu’un des policiers tire à bout portant dans le thorax du jeune conducteur. Le véhicule finira sa course dans un panneau plusieurs mètres plus loin.

 Majoie Kisalasala

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