La victoire d’Emmanuel est certes amère, mais il est rassuré d’avoir évité le pire. S’il a bien été réélu pour un second mandat, Emmanuel Macron est loin d’avoir obtenu un blanc-seing de la part des Français. Plusieurs éléments poussent à tempérer l’ampleur de la victoire que le président sortant a acquise ce dimanche 24 avril 2022. C’est un nouveau quinquennat, de tous les défis pour le président de la République.
Un nouveau challenge s’ouvre pour lui. Emmanuel Macron promet une méthode renouvelée. Le président promet d’entendre la colère des Français et d’apaiser leur esprit. Plus rien ne sera comme avant, dit-il, tout en promettant un quinquennat de l’écoute et de l’apaisement. Il veut devenir un président à l’horizontal et non à la verticale. Il a juré lors de son discours après l’élection présidentielle que son prochain mandat ne sera pas la continuité de son premier . Par ailleurs, Emmanuel Macron, sort vainqueur d’une élection qui aura été davantage boudée par les Français que les précédentes élections présidentielles.
Emmanuel Macron est un président sèchement élu sur fond d’abstention importante. Est-il vrai qu’Emmanuel Macron est mal élu ? Le débat a émergé peu après la publication des premières estimations des résultats du second tour de l’élection présidentielle, dimanche 24 avril 2022. « Monsieur Macron est le plus mal élu des présidents de la cinquième République », a lancé Jean-Luc Mélenchon, lors de son discours. « Il surnage dans un océan d’abstention, de bulletins blancs et nuls », a souligné le candidat de la France Insoumise. Comme l’indique le graphique suivant le taux d’abstention de ce dimanche 24 avril 2022, qui s’établit aux alentours de 28 %, il est le deuxième plus élevé de l’histoire de la cinquième République, derrière 1969, élection au cours de laquelle 31,2 % des électeurs ne s’étaient pas rendus aux urnes pour y départager Georges Pompidou et Alain Poher.
En prenant en compte cet indicateur, Emmanuel Macron se place dans les présidents « les moins bien élus » de la cinquième République. Mais il n’est pas le dernier pour autant. Georges Pompidou a fait encore moins bien que lui. En 1969, l’ancien Premier ministre de Charles de Gaulle avait dû se contenter de 37,51 % des suffrages en pourcentage des inscrits, dans un contexte de très forte abstention post-mai 68.
A part lui, tous les autres présidents de la République ont obtenu un pourcentage de suffrages plus important qu’Emmanuel Macron en 2022, sur l’ensemble des inscrits. Pour plusieurs Français, le projet présenté par le président sortant ne soulève guère l’enthousiasme des Français qui lui ont apporté leur suffrage. Ils ont bien souvent voté pour lui pour d’autres raisons que pour les mesures qu’il propose. C’est ce qu’indique le taux d’abstention, tiré de l’enquête de sorties des urnes diligentée par l’institut BVA pour le compte de Ouest France.
Ainsi, seuls 33 % des électeurs d’Emmanuel Macron l’ont choisi pour ses propositions politiques, alors que 51 % des électeurs de Marine Le Pen, disent adhérer à son programme. C’est un état de fait dont le président réélu est pleinement conscient. « Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi, non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite », a reconnu Emmanuel Macron, lors de son discours de victoire prononcé depuis le Champ-de-Mars. Le président a reconnu à plusieurs reprises, lors de ses précédents discours, d’avoir péché par arrogance.
Bien qu’il ait promis une nouvelle ère aux français, en disant que cette période nouvelle ne sera pas la continuité du précédent quinquennat, de nombrux Français demeurent sceptiques. Car s’il n’a pas écouté les Français pendant cinq bonnes années, est-ce qu’ils les écoutera cinq ans plus tard ? Est-ce qu’un léopard peut-il se débarrasser de ses taches ? Sinon il ne sera plus léopard, surenchérit l’un de ses opposants. Au vu de tous ces éléments, l’état de grâce qui ouvrira ce second mandat d’Emmanuel Macron devrait être relativement court.
Il ne pourrait même ne jamais exister, ses opposants promettant des troisièmes tours politiques et sociaux très vifs. L’ère nouvelle promise par Emmanuel Macron s’ouvre, dès ce lundi 25 avril 2022. Le chef de l’Etat, réélu dimanche avec 58,54 % des suffrages contre 41,46 % pour Marine Le Pen, selon les résultats définitifs communiqués par le ministère de l’Intérieur. Emmanuel Macron a vu son bail à l’Elysée reconduit pour cinq années. La journée ne devrait pas être le théâtre de grands changements. Emmanuel Macron avait assuré que cette première semaine servirait « de transition ».
Le remaniement, par exemple, ne devrait avoir lieu que la semaine du 4 mai 2022. Parmi les gros chantiers d’Emmanuel Macron à venir : la réforme des retraites, pour repousser l’âge légal de départ à la retraite, avec un objectif à « 65 ans », a rappelé Bruno Le Maire, le ministre de lE’conomie et des Finances, ce matin sur franceinfo. Mais l’opposition est vent debout contre cette réforme. S’il existe des « marges de négociation », l’actuel ministre de l’Economie et des Finances, ne « peut pas donner la garantie » qu’il n’y aura pas d’utilisation de l’article 49.3 sur la question. Emmanuel Macron a bénéficié d’un « vote d’adhésion » à « sa politique ». Il y a néanmoins « une insatisfaction démocratique très profonde », comme en témoigne le niveau de l’abstention et du vote blanc, précise le ministre de l’Economie et des Finances.
Enfin, il note un message de colère, d’insatisfaction et d’inquiétude des millions de Français qui disent « je ne m’en sors pas ». Après son élection, le président de la République doit regarder en détail, dans la semaine, le tableau préparé par son parti pour désigner son représentant dans chacune des circonscriptions. Les tracts et les affiches sont déjà prêts à partir à l’impression, avec logo commun, pour les législatives, avant de passer des appels aux alliés ou aux ralliés.
Pas certain que Marine Le Pen reprenne la tête du Rassemblement National. Battue par le président sortant lors du second tour de la présidentielle. La candidate déçue pourrait ne pas reprendre la présidence du Rassemblement National, estime le porte-parole du parti Sébastien Chenu, qui a dit sur BFMTV, que Marine Le Pen souhaitait se présenter aux législatives dans son fief d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). « C’est une immense femme politique, elle a le statut très particulier, elle ne va pas se renfermer sur un parti politique », a encore analysé Sébastien Chenu.
La réélection d’Emmanuel Macron pour un second mandat constitue une « première » depuis la victoire de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen, il y a de cela 20 ans, précisément en 2002. Le plus jeune président de la cinquième République réussit là où ses prédécesseurs, notamment Nicolas Sarkozy (battu en 2012) et François Hollande (qui ne s’est pas représenté en 2017) ont échoué. Il ne peut se targuer d’avoir été reconduit hors période de cohabitation, contrairement à François Mitterrand (réélu en 1988) et Jacques Chirac (réélu en 2002).
Selon le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’université de Lille : « Il faut attendre s’il y a d’éventuelles contestations, qui sont tranchées très rapidement par le Conseil constitutionnel », ajoute-t-il. Ce n’est que mercredi que le président de l’institution, Laurent Fabius, proclamera officiellement le résultat de l’élection. Mais cela n’a pas empêché Marine Le Pen, de présenter ses félicitations républicaines au président élu. Ce matin, Vladimir Poutine ,a ,à son tour, félicité son homologue français pour sa réélection, lui souhaitant du « succès » . Quant au président Volodymyr Zelensky, il a félicité Emmanuel Macron tout en reconnaissant que c’est un grand ami de l’Ukraine.
Nouvelle salve de félicitations des chefs-d’Etat
« Je souhaite continuer à travailler avec le président Macron afin de défendre les principes d’indépendance, de compréhension mutuelle, de clairvoyance et d’avantages mutuels », a écrit le président chinois XI Jinping. Toutefois la réélection d’Emmanuel Macron est un grand soulagement pour les Européens. Par contre en France, Jean-Luc Mélenchon, fort de son score au premier tour de l’élection présidentielle, le chef de file de la France Insoumise se projette déjà vers les législatives.
Il demande aux Français de l’élire « Premier ministre », mais les négociations à gauche s’annoncent conflictuelles car son appel à l’Union populaire est déjà critiqué à gauche. Jean-Luc Mélenchon vise donc à imposer une cohabitation au nouveau président de la République.
Majoie Kisalasala