Qui en veut à la gratuité du chef de l’Etat ?
La rentrée scolaire 2021-2022 a démarré sur un mouvement de grève du réseau des enseignants des écoles catholiques. Aujourd’hui, cela fait plus d’une semaine que les professeurs dudit réseau sèchent les cours, malgré la présence régulière des élèves.
Pour le ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique (Epst), Tony Mwaba, il s’agit plutôt d’un comportement tendant à saboter la gratuité de l’enseignement de base, l’un des piliers des politiques menées par le chef de l’Etat Félix Tshisekedi.
Au cours de sa rencontre hier lundi 11 octobre 2021 avec un groupe d’enseignants venus soutenir les actions du ministre de tutelle pour la pérennisation de la gratuité de l’enseignement, Tony Mwaba pense que le problème est ailleurs et qualifie ce mouvement de grève d’une manipulation nuisible à cette action gouvernementale.
« Vous devez faire attention à la manipulation, car le vrai problème dans cette affaire, c’est le combat contre la gratuité, ne l’oubliez jamais. Même si nous payons la totalité de la prime de brousse, même si nous payons tout le deuxième et troisième palier, les ennemis de la gratuité trouveront toujours quelque chose pour créer des problèmes (…) mais nous le disons et répétons, la gratuité de l’enseignement est non négociable », a souligné Tony Mwaba.
Par ailleurs, le numéro un de l’Epst s’est plaint de la démarche ayant conduit au déclenchement de cette grève. A l’en croire, les syndicats catholiques ont recouru à une procédure « illégale et sauvage », avant d’ajouter : « je n’ai pas reçu un cahier des charges de l’intersyndicale. S’il y a un mouvement des revendications qui doit aboutir à la grève, cela doit passer par l’intersyndicale. Je reconnais que la grève est un droit, mais elle doit respecter la procédure».
Fallait-il désactiver les grévistes?
Il a fallu seulement quelques jours pour que le ministre de l’Epst instruise la désactivation, sur le fichier de paie, des noms des enseignants observant la grève. Il avait même envisagé « une récupération de la gestion des écoles mises sous la responsabilité de l’église catholique ».
Le ministre Tony Mwaba estime que la grève a été déclenchée de manière illégale par le réseau des enseignants des écoles catholiques, et qu’elle serait, selon lui, motivée par des personnes non enseignants, qu’il accuse d’ailleurs de combattre la gratuité de l’enseignement de base.
Pendant ce temps, plusieurs voix se sont levées à l’unisson pour décrier la décision du patron de l’Epst. Beaucoup d’entre ceux qui s’y opposent, évoquent une violation du droit de grève reconnu et garanti par la Constitution de la République.
Pour sa part, Jean Bosco Puna, secrétaire général du Syndicat des enseignants catholiques, Synecat en sigle, estime que désactiver le salaire des enseignants grévistes est une violation grave de la Constitution.
Dans le cas des observateurs, les avis divergent. Les uns pensent qu’il faut retirer la gestion des écoles de l’Etat à l’église catholique. Pour d’autres, il revient plutôt à l’Etat congolais de respecter son engagement vis-à-vis des enseignants grévistes.
Entretemps, il s’avère très capital entre les deux parties , notamment l’Etat congolais et le réseau des enseignants des écoles catholiques d’enterrer la hache de guerre en vue de sauver l’instruction des enfants. Pour ce faire, il revient au ministre de mettre de l’eau dans le vin, en privilégiant un consensus bipartite.
Enock Nseka