L’appréhension du vitiligo reste tout de même biaisée. Souvent perçue au sein de la communauté africaine comme une maladie mystérieuse liée au mauvais sort, pourtant, c’est une maladie parmi tant d’autres, même si sa prise en charge n’est pas aussi simple.
Pour comprendre les manifestations du vitiligo ainsi que son traitement, nous avons échangé avec le Dr Patcher Mavinga, assistant au service de dermatologie des cliniques universitaires de Kinshasa.
Le vitiligo est une maladie auto immune, précise le Dr Mavinga.
« C’est une maladie de la peau, caractérisée par la perte évolutive de la pigmentation. On va voir apparaître de manière progressive plusieurs tâches blanches sur la peau, et ces tâches prennent du volume avec le temps ». En ce qui concerne la cause du vitiligo, c’est la destruction ou un dysfonctionnement au sein de la mélanocyte, qui a pour rôle de produire normalement un pigment appelé la mélanine(pigment qui colorie la peau et protège la peau). Ce dysfonctionnement est dû à un désordre au sein de l’immunité de la personne, c’est en ce sens que nous disons que le vitiligo est une maladie auto-immune .
Une maladie due à une conjonction des facteurs
Selon le Dr Patcher, l’apparition du vitiligo dépend de plus d’un facteur, avec des caractéristiques bien précises.
« Et pour qu’il ait développement du vitiligo, il faudrait qu’il ait d’une part ce trouble immunitaire au sein du sujet et d’autre part, les facteurs favorisants, notamment les facteurs environnementaux que nous attribuons soit à un trouble affectif, un stress émotionnel ou physique ou encore un traumatisme cutané » explique-t-il.
Par ailleurs, « il existe différentes formes de la maladie avec plusieurs classifications, Cependant, la mieux comprise est celle de deux formes cliniques, à savoir le vitiligo segmentaire qui se caractérise par l’apparition d’une tâche au niveau d’un seul segment de manière isolée chez un sujet, puis le vitiligo non segmentaire, qui est généralisé, avec l’apparition sur plusieurs endroits de l’organisme des tâches blanches chez un sujet » a-t-il décrit.
Quid des méthodes thérapeutiques
La prise en charge du vitiligo reste complexe, le traitement n’est pas curatif, nous renseigne le Dr Patcher Mavinga.
« Malgré les différentes études qui se font, aucune d’entr’elles n’a encore mis en place de manière concrète une prise en charge curative du vitiligo. Mais alors, nous recourons à des quelques techniques, sinon des thérapies pour repigmenter des segments de la peau qui sont touchés, par des corticostéroïdes ou des immunomodulatrices, nous procédons également à la photothérapie, enfin on peut faire la greffe des mélanocytes et comme traitement palliatif, il existe des maquillages correcteurs » explicite-t-il.
Recommandations face au vitiligo
Le Dr Mavinga sensibilise.
« Il est important de soutenir les personnes atteintes de cette maladie, de les aider à faire face aux stéréotypes surtout la stigmatisation au sein de nos communautés. Le vitiligo est une maladie anodine, il ne corrompt pas l’organisme en soi. Cette stigmatisation, nous devons l’abolir de notre quotidien » a-t-il exhorté.
Margarita-Rosa Ngoy