Zacharie Badiengila, Mukongo et fier de l’être!
Descendants de l’un de royaumes les plus évolués que les européens ont découvert en Afrique subsaharienne au XVe siècle (le Royaume Kongo),les bakongo se retrouvent aujourd’hui disséminés dans trois pays : l’Angola, la République du Congo et la RDC. Dans ce dernier pays, ils sont dans la province du Kongo-Central. Ce nom vient du fait que dans l’ancien temps, cet espace était situé au centre du Royaume Kongo. Par nostalgie des quelques leaders Ne-Kongo, cette appellation a été retenue dans l’actuelle constitution de la RDC. Même si aujourd’hui le Kongo-Central est la province la plus à l’Ouest du pays. On retrouve aussi des bakongo ou assimilés bakongo dans l’ancienne province du Bandundu et dans la ville-province de Kinshasa (les bahumbu).
Un parcours scolaire et académique sans faute
Ne Muanda Nsemi, de son vrai nom Zacharie Badiengila, était un mukongo et très fier de l’être; parce qu’il était nourri de l’histoire glorieuse du peuple et du Royaume Kongo. Membre de la tribu nianga (une des composantes de l’ethnie Kongo), Zacharie Badiengila est né à Kindulu le 23 août 1945. Originaire du secteur Mongo-Luala, dans le territoire de Luozi, district des Cataractes. Province du Kongo-Central. Il commence ses études primaires à l’âge de 9 ans à Kingoyi-Lufungula (1954-1960) dans sa province d’origine et vient faire le cycle secondaire à Léopoldville (Kinshasa) à l’athénée de Ngiri-Ngiri (1960-1966). Après ses études secondaires, il s’inscrit directement à la faculté des sciences de l’université Lovanium. Il y obtient en 1970 une licence en chimie. Il devient professeur de chimie dans les écoles secondaires de la capitale avant d’être embauché à l’Office des Routes où il deviendra chef de section chimie du laboratoire de cette entreprise publique. Ensuite, il va travailler à l’hôpital Mama Yemo comme chef de service du laboratoire de bactériologie à l’IMT (Institut de Maladies Tropicales).
Zacharie Badiengila devient Muanda Nsemi
Alors qu’il était encore étudiant à Lovanium en 1969, Zacharie Badiengila affirme avoir reçu l’appel de Dieu qui lui confie la charge de poursuivre la mission de Simon Kimbangu; mission qui n’a pas été achevé et dont le message a été dévoyé. En 1986, Zacharie Badiengila devient Muanda Nsemi, c’est à dire » l’esprit créateur » en kikongo, et chef spirituel du mouvement mystico-politique » Bundu Dia Kongo » (BDK). Ne Muanda Nsemi va faire connaître ce mouvement à Kinshasa et dans le Bas-Congo. Il définissait lui-même le Bundu Dia Kongo comme une école spirituelle, une académie des sciences et un centre de formation morale et spirituelle des futurs dirigeants de la RDC, de l’Afrique et du monde. Durant toute cette période, ce mouvement spirituel n’a pas de réels problèmes avec les autorités établies.
Muanda Nsemi se lance en politique
En juillet 2006, Ne Muanda Nsemi est élu député national dans le territoire de Luozi, alors qu’il n’a battu campagne que durant 2 jours seulement. En février 2007, il est candidat vice-gouverneur de la province du Kongo-Central; sur la même liste que le très populaire Fuka Unzola, candidat gouverneur de la plate-forme Union pour la Nation, regroupement de l’opposition. A la suite d’une mauvaise gestion de l’alliance MLC-ABAKO, le ticket Fuka Unzola et Muanda Nsemi est battu par le ticket du pouvoir de l’époque : Mbatshi-Mbatsha Simon et Deo Nkusu, qui deviennent respectivement gouverneur et vice-gouverneur du Kongo-central.
Le BDK se radicalise
Après cet échec, qu’il ressent comme une trahison de ses alliés de circonstances, François Kimasi Basaula et Augustin Kisombe Kiaku Muisi, Ne Muanda Nsemi va radicaliser son mouvement qui va devenir violent. En réaction, le gouvernement va répondre de manière disproportionnée à cette violence en déployant des unités militaires dans certains territoires, fiefs des BDK, au Kongo-Central.
Comment un mouvement spirituel va t il devenir violent ? Quelles étaient les réponses de l’Etat congolais ( en 2007, 2020. . . ) ? Quelle était la pensée politique de Muanda Nsemi ?
Nous essayerons de répondre à ces questions dans la prochaine page.
Paix à ton âme grand maître de la sagesse Kongo !
Par Thomas Luhaka Losendjola
La rédaction