Santé mentale : Tout comprendre sur le trouble de l’autisme avec le psychologue clinicien Calixte Nzuzi Kasawa

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Dans le vocabulaire de la psychologie, le mot « autisme ou autiste » est souvent implicite et mal compris. Cela laisse planer un mystère autour de ce trouble mental. Pourtant, des autistes font partie de notre société. Pour son expérience d’accompagnement des enfants autistes, le psychologue clinicien Calixte Nzuzi Kasawa  répond aux questions de notre journaliste au média Vraiethematique.net .

C’EST QUOI L’AUTISME
L’autisme n’est ni un handicap, ni une maladie. Mais, explique le psychologue Calixte Nzuzi Kasawa, c’est un trouble envahissant du développement selon le CIM10 (manuel international des maladies), c’est-à-dire en grandissant, le développement de l’enfant s’est arrêté à un certain niveau et l’individu éprouve des altérations au niveau communicationnel, interactions sociales et d’autres tels que : le comportement, le  manque d’intérêt aux activités, le caractère restreint, les gestes répétitifs et stéréotypés.

Il est probable, poursuit-il, d’observer les mêmes comportements chez les bébés que chez les autistes. Les enfants ayant un trouble envahissant du développement peuvent sembler très différents les uns des autres. « Aucun autiste n’est semblable à l’autre outre les caractéristiques générales observables » , renforce Calixte Nzuzi Kasawa.

COMMENT DEVIENT-ON AUTISTE ?

Il est utile d’insister qu’on attrape pas l’autisme, car  ce n’est pas une maladie comme je l’ai dit précédemment, a fait savoir le psychologue qui renchérit ses propos en ajoutant : « l’origine de ce trouble, reste jusqu’aujourd’hui, un mystère. Mais, certains chercheurs supposent que l’autisme est un trouble neurodéveloppementaux. ».
 
DIAGNOSTIC DE L’AUTISME
Parlant de diagnostic, le psychologue Calixte Nzuzi Kasawa souligne que le trouble autistique est diagnostiqué à l’âge de 3 ans, mais chez d’autres enfants, il apparait un peu tard. « Les comportements ou les signes varient d’un enfant à l’autre. » , martèle-t-il.

SIGNES :
A) durant le premier semestre :
* Absence d’échange avec la mère et d’intérêt pour les personnes : indifférence à la voix et au visage de la mère, absence d’échange de regard avec celle-ci; Indifférence au monde sonore et impression de surdité;
* Troubles du comportement : Soit s’agresse excessive : enfant « trop calme » restant sans bouger.  Soit au contraire, agitation désordonnée, enfant « trop excité ».
* Troubles psychomoteurs : Défaut d’ajustement postural et d’agrippement : enfant « poupée de son »;
* Absence d’attitude anticipatrice de l’enfant lorsque l’on ébauche le mouvement de le prendre dans les bras. (4ème mois)
* Trouble du tenu : hypotonie le plus souvent (hypertonie parfois).

Il ajoute dans ce premier semestre, le retranchement des processus perceptifs : anomalie du regard, strabisme persistant, mais variable,
troubles graves et précoces du sommeil : Insomnies calmes, les yeux grands ouverts  Ou au contraire, insomnies avec agitation; troubles agro-alimentaires avec défaut de succion, anorexie; absence ou pauvreté des vocalisations; absence de sourire au visage humain (qui apparait normalement vers le 2ème – 3ème mois : 1er organisateur de Spitz)

B) durant le deuxième semestre : Confirmation des signes précédents avec apparition d’autres signes :
* Quête active de stimuli sensoriels entrainant une sorte d’état extatique (fixation du regard sur des lumières, des objets qui tournent, jeux de doits devant les yeux);
* Intérêt compulsif pour des objets insolites : souvent durs, contrastant avec le désintérêt général pour le monde environnant.
* Ne réagit pas aux bruits ou de façon inconstante ou paradoxale.
* Peu ou pas d’émissions vocales;
* Absence d’intérêt pour les personnes (défaut de contact);
* Absence de participation à des activités comme « faire coucou », »bonjour » et absence d’incitation.
* Absence d’angoisse hors de la séparation d’avec les personnes qui s’occupent de lui;
* Absence d’angoisse de l’étranger (2 ème organisateur de Spitz qui est le témoin de la capacité nouvelle à se représenter sa mère mentalement c’est-à-dire l’installation d’une image intériorisée de la mère).

C) Durant la deuxième année : Confirmation des signes précédents (surtout le désintérêt pour les personnes et une fascination trop vive pour les stimulations sensorielles) – On peut noter d’autres signes :
* Absence de « pointage » très caractéristique d’autisme (vers 9 -14 mois), le bébé utilise l’index pour indiquer; 
* Absence de jeux de « faire semblant » c’est-à-dire de jeux symboliques apparaissant dès l’âge de 12-15 mois), également très spécifique;
* Les troubles du langage : constants – Peu ou pas de gazouillis. Apparition tardive du 1er mot (après 18 mois).
* Absence d’utilisation du « je ». – Echolalie.
* Pauvreté des jeux, absence d’imitation des mimiques, des gestes…
* Anomalies de la marche avec évitement de l’appui plantaire (marche sur la pointe des pieds);
* Phobies de certains bruits (en particulier les bruits mécaniques)
* Les manifestations d’autoagressité et automutilations 8- Stéréotypies gestuelles.

TRAITEMENT DE L’AUTISME

Diagnostic posé, maintenant qu’en est-il du traitement proposé par le spécialiste à un autiste? A cette question notre invité et interviewé, le psychologue clinicien Calixte Nzuzi Kasawa nous répond ouvertement : « Déjà, il n’existe pas un traitement conventionnel (unique) approprié à tous les autistes, car l’origine de ce trouble même  n’est pas connue. Mais aussi, complète-t-il, aucun n’autiste n’est semblable à l’autre. » . 

Par contre, indique ce professionnel de santé mentale, le programme d’intervention après évaluation ou diagnostic est généralement personnalisé et adapté à chaque enfant selon le psychologue en accord avec les parents et d’autres professionnels qui accompagnent l’enfant.

Calixte Nzuzi Kasawa révèle que « très souvent, les objectifs fixés, visent à favoriser notamment le développement du fonctionnement de la personne et l’acquisition des comportements adaptés dans plusieurs domaines tels que :
sensoriel et moteur, communication et langage, interactions sociales, cognitif, émotionnel et affectif, ainsi que sa participation sociale, y compris scolaire et professionnelle, son autonomie, son indépendance, ses apprentissages et ses compétences adaptives. » . Il ajoute : « leur objectif est également de réduire les obstacles environnementaux qui accentuent sa situation de handicap et de concourir à son bien-être et à son épanouissement personnel. » .

Il insiste par ailleurs que les interventions proposées doivent respecter la singularité de la personne et de sa famille, et tenir compte de leurs priorités; et très souvent, certains programmes d’interventions personnalisés et globales sont fondées sur une approche telle que : Educative, Comportementale et Développementale..

LES RISQUES EN CAS DE NON PRISE EN CHARGE
Pour le psychologue clinicien Calixte Nzuzi Kasawa, les risques sont multiples lorsqu’un enfant autiste n’est pas prise en charge ou sa prise en charge n’est pas bien suivie. « Nous citons : les accidents domestiques tels que : brûlure, prise de médicaments, blessures et escalade ; Fuites : noyade, errance; Risques liés à des tiers : enlèvement, agression physique et agression sexuelle. » , a prévenu ce professionnel de santé mentale.

ATTITUDES DES PARENTS DES AUTISTES
Étant donné que la prise en charge de l’autisme nécessite aussi l’implication des parents, le psychologue Calixte Nzuzi Kasawa conseille ceci : « Aux parents des autistes, il leur faut de veiller sur la sécurité de ces enfants ; de solliciter de l’aide quand il y a possibilité ; de demander des conseils à d’autres parents qui ont des enfants avec le même trouble pour répondre à leurs besoins ; de veiller sur ces enfants par rapport aux risques qu’ils courent ; de s’informer régulièrement sur leur comportement, afin de comprendre comment vivre avec eux. » .

AUTISME ET ACCUSATION DE SORCELLERIE
Pour extirper de la tête de certaines personnes le stéréotype suivant lequel l’autisme serait de la sorcellerie, notre invité signe et persiste : « l’autisme n’est ni une maladie, ni un handicap, ni de la sorcellerie, mais c’est un trouble envahissant du développement (c.à.d. pendant le développement de l’enfant, il y a eu quelques difficultés qui ont contrées le processus de développement normal au point de le bloquer à un certain niveau.), par contre, dit-il, le mieux à faire serait de s’informer auprès des professionnels de santé pour éviter de tomber à des conclusions communes remplies d’ignorance. Car, ces enfants même dit autistes, d’autres éprouvent des capacités intellectuelle, technique et/ou logique extrêmes qui font d’eux souvent des créatures doués… » .

Lisez aussi Focus : Le Psychologue clinicien Calixte Mbuaki parle de la place de la culture en psychologie clinique

Interview réalisée par Joseph E. Nseka

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