Repentance et devoir de mémoire: le roi des Pays-Bas demande pardon pour l’esclavage

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Repentance et devoir de mémoire: le roi des Pays-Bas demande pardon pour l’esclavage

Roi Willem Alexander

Willem-Alexander, le roi des Pays-Bas (contrée européenne voisine de la Belgique, plus connue sous le nom de Hollande et des tulipes), a présenté samedi ses excuses officielles pour l’implication de son pays et de sa dynastie dans l’esclavage des noirs d’Afrique.. Lors d’une cérémonie célébrant les cent-cinquante ans de l’affranchissement des esclaves des colonies néerlandaises, Willem-Alexander, a critiqué le fait que la dynastie des Orange-Nassau ne se soit jamais opposée à la traite des noirs. Le roi des Pays-Bas, a présenté ses excuses samedi premier juillet pour « l’inaction » de la royauté pendant l’esclavage. Le gouvernement avait déjà présenté des excuses officielles en décembre 2022

Cent-cinquante longues années pendant lesquelles les Pays-Bas ont allégrement participé à la traite des pauvres noirs, arrachés à leur continent et coupés de leur culture.

Un siècle et demi après l’abolition de l’esclavage dans les anciennes colonies néerlandaises, le roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, a présenté ses excuses officielles pour la traite des noirs : « Les rois de la maison d’Orange n’ont rien fait pour l’empêcher. Aujourd’hui, je demande pardon pour cette inaction », a déclaré le monarque devant les descendants d’esclaves réunis, samedi 1er juillet, à l’occasion des commémorations annuelles de l’affranchissement à l’Oosterpark d’Amsterdam. « Je suis devant vous en tant que roi et membre du gouvernement et le vous présente personnellement mes excuses ; je ressens cela profondément dans mon cœur et dans mon âme », a-t-il déclaré devant une foule commémorant dans un parc d’Amsterdam, le souvenir de l’abolition de l’esclavage. L’événement n’était pas totalement inattendu, mais il a marqué les esprits. « Je me sens personnellement et extrêmement touché ». Des milliers de descendants de personnes réduites en esclaves dans l’ancienne colonie sud-américaine du Suriname ainsi que dans les îles caribéennes d’Aruba, Bonaire et Curaçao assistaient à ces célébrations. «  L’esclavage » a souligné le roi, fut « le plus blessant, le plus humiliant, le plus dégradant » des systèmes d’oppression, transformant l’individu en une marchandise. Le tout », a-t-il déploré, alors même que les Pays-Bas et Amsterdam accordaient une grande importance à la liberté, « un principe évident dans cette ville et ce pays, mais qui ne valait pas en dehors de nos frontières ».                                   

L’ESCLAVAGE BÉNÉFIQUE AU CAPITALISME

En Décembre 2022, le gouvernement des Pays-Bas avait déjà présenté des excuses officielles au sujet de ce crime contre l’humanité qui a participé au « siècle d’or » et donc au développement marchand et financier de ce pays. L’abolition, qui entraîna des réparations aux propriétaires, fut également profitable pour l’essor du capitalisme néerlandais. Selon un rapport remis au ministère de l’Intérieur en juin : les colonies, ont en outre, rapporté l’équivalent de cinq cent-quarante millions d’euros à la famille royale entre 1675 et 1770. Les Pays-Bas furent l’une des dernières nations européennes à abolir l’esclavage, le 1er juillet 1873, près de trois siècles après la création de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.               

IL FAUT DES RÉPARATIONS

Le monarque hollandais n’a mentionné aucune possibilité de compensation financière pour les communautés de descendants d’esclaves. Selon un sondage réalisé en 2022, 60% des Néerlandais seraient hostiles à ces excuses. La nuit qui a précédé la prise de parole du roi, un monument commémorant la mémoire des esclaves avait été dégradé. Les commémorations marquant la fin réelle de l’esclavage dans les colonies ont lieu chaque année à Amsterdam, une célébration appelée « Keti Koti », soit « briser les chaînes » en sranantongo (l’une des langues du Suriname). Elles prennent un relief particulier cette année après la présentation en décembre par le gouvernement d’excuses officielles pour le passé esclavagiste des Pays-Bas. L’assistance a salué les excuses du roi. « Il a demandé pardon aux gens du Suriname », s’est félicité auprès de l’AFP Abmena Ryssan, soixante-sept ans, présent à la cérémonie, en tunique bariolée et portant une coiffe traditionnelle ornée du drapeau surinamien. « Peut-être peut-il maintenant faire quelque chose pour les Noirs », a-t-il ajouté. « C’est un début », a estimé Lulu Helder, enseignante et descendante d’esclaves, qui a regardé à quelques kilomètres de là, le discours du roi, retransmis en direct à la télévision nationale. « Il nous faut des réparations », a-t-elle dit. « Il a assumé ses responsabilités, alors je lui pardonne », a déclaré Arnolda Vaal, cinquante ans, vêtue de l’habit traditionnel des esclaves. Des descendants de personnes réduites en esclavage avaient demandé au roi de présenter des excuses officielles. Depuis l’émergence du mouvement Black Lives Matter aux Etats-Unis, les Pays-Bas se sont lancés dans un débat souvent difficile sur leur passé colonial qui en a fait l’un des pays les plus riches du monde. L’esclavage a contribué à financer le « siècle d’or », néerlandais, période de prospérité grâce au commerce maritime aux XVIème siècle et XVIIème siècle. Le pays a procédé à la traite d’environ six-cent mille africains principalement vers l’Amérique du Sud et les Caraïbes.                                             

DÉBUT D’UN LONG CHEMIN.                                           

Selon un rapport commandé par le ministère néerlandais de l’Intérieur et publié en juin, entre 1675 et 1770, les colonies ont rapporté à la famille royale l’équivalent de cinq -cent-quarante-cinq millions d’euros, à une période où l’esclavage était très répandu. Les lointains ancêtres du roi actuel,  Guillaume III, Guillaume IV et Guillaume V d’Orange-Nassau ont fait partie des plus grands bénéficiaires de ce qui est décrit dans le rapport comme une « implication délibérée, structurelle et durable » dans l’esclavage. Le Premier ministre Rutte avait présenté en décembre les excuses officielles du gouvernement pour le rôle de l’Etat néerlandais en deux-cent-cinquante ans d’esclavage, qu’il avait qualifié de « crime contre l’humanité ». Dans son discours de Noël, le roi des Pays-Bas avait salué ces excuses et déclaré que celles-ci étaient le « début d’un long chemin ». Si l’abolition officielle de l’esclavage dans les colonies néerlandaises remonte à cent-soixante ans, son application réelle n’a que cent-cinquante ans.

Majoie Kisalasala

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