RDC : un pasteur relance le débat sur la polygamie pour réduire le célibat féminin

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En République Démocratique du Congo, une déclaration du pasteur Michée Mobonga, responsable de l’église El-Shaddaï Tabernacle, suscite de vives réactions. L’homme de Dieu propose la polygamie comme solution au taux jugé « excessif » de jeunes filles célibataires dans le pays.
Un constat démographique alarmant
Selon le pasteur, les femmes rencontrent aujourd’hui des difficultés considérables pour trouver un mari. Pour étayer son propos, il cite des statistiques mondiales qu’il interprète ainsi : sur une population estimée à 7 milliards d’habitants, 5 milliards seraient des femmes contre seulement 2 milliards d’hommes. Ce déséquilibre numérique, affirme-t-il, expliquerait en partie le nombre croissant de célibataires féminines.
La « loi de un et plusieurs »
Pour remédier à cette situation, Michée Mobonga propose la mise en œuvre de ce qu’il appelle la « loi de un et plusieurs », autrement dit la polygamie. Selon lui, cette pratique permettrait à chaque femme de trouver un mari et de fonder une famille. Il soutient que sa proposition s’appuie sur les enseignements bibliques, citant des figures de l’Ancien Testament qui ont pratiqué la polygamie.
Un débat sensible et controversé
Cette sortie n’a pas manqué de provoquer des réactions. Dans un pays où la Constitution et le Code de la famille reconnaissent uniquement le mariage monogamique, la polygamie est considérée comme contraire aux lois nationales. Plusieurs voix religieuses et sociales s’élèvent pour dénoncer une interprétation jugée erronée de la Bible et une proposition incompatible avec les valeurs modernes de la société congolaise.
Des théologiens rappellent que le Nouveau Testament met en avant l’idéal d’un mariage monogame, tandis que des juristes soulignent que la polygamie pourrait créer des tensions sociales, accentuer les inégalités et fragiliser les droits des femmes.
Entre tradition et modernité
La question de la polygamie n’est pas nouvelle en Afrique. Dans certains pays, elle reste légale et socialement acceptée, tandis que dans d’autres, elle est strictement interdite. En RDC, le débat reflète une tension entre traditions ancestrales, réalités démographiques et aspirations modernes.
Pour les partisans de la proposition du pasteur, la polygamie pourrait être une réponse pragmatique à un problème social. Pour ses opposants, elle constitue un recul par rapport aux avancées en matière de droits des femmes et d’égalité dans le mariage.
Une polémique qui interpelle
Au-delà de la provocation, l’intervention de Michée Mobonga met en lumière une réalité sociale : de nombreuses jeunes femmes peinent à trouver un partenaire stable dans un contexte marqué par le chômage, l’instabilité économique et les mutations culturelles. La question reste ouverte : faut-il repenser les modèles familiaux pour répondre aux défis contemporains, ou renforcer les cadres existants pour protéger les valeurs et les droits acquis ?
J-P Djoko

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