En dépit d’un agenda chargé, Félix Tshisekedi renforce son soutien politique. Le président a, le 14 août à Kinshasa, tenu sa troisième rencontre en moins de deux semaines avec les membres du présidium de l’Union sacrée de la Nation (USN). Le but : réformer la structure de cette importante coalition pour qu’elle soit plus représentative, plus disciplinée et surtout plus préparée aux perturbations politiques à venir.
Jusqu’à présent limité à six membres, le présidium, organe chargé de la conception, de la coordination et de l’orientation politique de l’USN, comptera désormais quarante membres. Cette augmentation des effectifs témoigne d’une volonté claire : inclure presque tous les poids lourds de la majorité présidentielle. En plus de Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Modeste Bahati Lukwebo, cette nouvelle organisation accueille un grand nombre d’alliés régionaux et stratégiques, visant à diminuer les frustrations internes et à renforcer la fidélité des partenaires.
Cette initiative répond à deux enjeux principaux : apaiser les tensions liées à une structure jugée trop restreinte et anticiper d’éventuelles défections avant de négocier des dialogues politiques délicats. « Certains sont en désaccord, d’autres protestent, mais finalement, la position du président prévaut », déclare un membre du présidium.
La structure interne sera aussi intensifiée grâce à la nomination d’adjoints au secrétaire permanent, à la création de neuf commissions thématiques et à la mise en place d’un système de cotisations. Ces actions visent à rendre la plateforme plus professionnelle, à améliorer sa capacité de réponse et à mutualiser les ressources financières pour éviter une dépendance trop forte à quelques soutiens politiques.
La nouvelle charte et le règlement intérieur de l’USN seront officiellement adoptés lors du congrès du 30 août, lequel marquera le début de cette version élargie et réorganisée de la coalition.
UN CALENDRIER POLITIQUE SOUS TENSION
En toile de fond, un contexte que le chef de l’État sait fragile : le démarrage imminent d’un dialogue politique national, l’intensification des revendications de l’opposition et les préparatifs pour des élections intermédiaires ou locales. Un membre du présidium résume la situation : « Nous avons perdu beaucoup de temps. Il est maintenant crucial d’avancer rapidement dans une période qui promet d’être mouvementée. ».
La réforme de l’Union sacrée illustre une approche typique au sein des gouvernements présidentiels en Afrique centrale : renforcer les alliances avant l’échéance. En élargissant le présidium, Félix Tshisekedi assure le soutien de groupes qui pourraient envisager des initiatives politiques contraires. Toutefois, cette approche comporte un risque : celui de fragiliser l’unité autour d’un projet commun si la discipline interne n’est pas rigoureusement respectée.
Le président semble néanmoins sûr de lui. Son affirmation résume bien les aspirations : « Nous pouvons transformer cette Union sacrée en un vaste rassemblement capable de demeurer au pouvoir longtemps avec une vision unifiée. ». Il reste à déterminer si cette vision pourra résister aux compromis indispensables pour gérer une coalition agrandie… et aux obstacles que l’opposition lui opposera dans les mois à venir.
J-P E


