Réformes électorales : Muzito invite le FCC, l’Union sacrée et Lamuka à trouver un consensus
Adolphe Muzito, Premier ministre honoraire, engagé dans une démarche somme toute consultative et déterminé à formuler une nouvelle offre politique de Nouvel Elan, son parti politique, a organisé un déjeuner d’échange avec les médias, en tant qu’une des composantes importantes de la société. Après avoir dressé un tableau sombre de la dégénérescence de la société congolaise, depuis 1960 et dont tous les paramètres clés sont au rouge aujourd’hui, il est arrivé à la conclusion que la RD. Congo est un royaume des aveugles dirigé par des borgnes que sont, selon lui, les leaders politiques, toutes tendances confondues.
Ceux-ci, de par la mauvaise gouvernance et l’absence des projets de société prenant en compte les vraies aspirations du peuple congolais, se sont contentés, depuis 1960, dès le début de l’accession de la RD. Congo à sa souveraineté internationale, à se préoccuper plus d’eux-mêmes, en s’engluant dans la logique du partage du gâteau sans toutefois penser aux meilleures politiques publiques pouvant sortir le pays de la crise réelle à laquelle il est confronté.
D’où, les échecs récessifs de ces mêmes dirigeants, quant aux solutions aux vrais problèmes des Congolais.
A l’écoute du peuple
Pour lui, en effet, tant que le débat public sera articulé autour des individus et des intérêts particuliers, c’est en vain que les Congolais attendront le changement de tous ces dirigeants d’hier, d’aujourd’hui et, même, de demain.
Voilà pourquoi, il se lance dans cette campagne de consultation de toutes les catégories socio-professionnelles qui lui permettrait, espère-t-il, d’élaborer une offre politique qui soit la plus proche des réalités plutôt que d’enfermer les cadres et militants de Nouvel Elan dans des bureaux huppés pour concevoir, d’en haut, des recettes miracles en termes des projets de société.
En clair, Adolphe Muzito se met donc à l’écoute du peuple, pour palper du doigt toutes ces réalités et, puis, le moment venu, il reviendra vers lui avec une offre concrète.
Il a fustigé, par ailleurs, l’inexistence de grands partis au vrai sens du mot, l’émergence des majorités politiques factices et montées de toutes pièces, l’élision des questions essentielles au palmarès de débats publics qui, normalement, auraient dû être orientés vers des projets et programmes de développement du pays.
Telle est, d’ailleurs, la cause de tous ces échecs récurrents liés notamment, à la faiblesse des acteurs à centrer leurs combats autour des idéaux constructeurs pour le bien-être collectif.
Vers un consensus…
Intervenant dans un contexte politique où le débat est cristallisé sur la loi électorale dont l’examen est prévu pour le mercredi 20 avril prochain au Parlement, les échanges du Premier ministre honoraire de la RDC et la presse ont également oscillé autour de tous les autres sujets d’actualité. Répondant à une des questions, Adolphe Muzito a souligné qu’il n’est pas possible d’envisager, dans l’état où sont les choses, que le débat au Parlement réponde de manière conséquente aux besoins et préoccupations de base de différents acteurs, parties prenantes au processus électoral pour les scrutins de 2023.
Face à cette crise politique qui se profile à l’horizon, il lance un vibrant appel à une rencontre entre les principaux acteurs politiques constellés autour de l’Union sacrée, du FCC et de Lamuka pour engager des discussions directes, franches et constructives sur des préoccupations substantielles en vue de dégager un consensus dont les options seront proposées pour des réformes à intégrer dans la loi électorale.
A ce stade, rien ne vaut la cohésion nationale et l’unité pour permettre un processus électoral paisible et inclusif qui susciterait l’adhésion et la participation du plus grand nombre et la satisfaction de l’ensemble de la population congolaise.
Quoique la proposition d’une rencontre soit exclue par le président de l’Assemblée nationale qui considère qu’aucun débat ne devrait être engagé en dehors de l’hémicycle, Muzito démontre plutôt la nécessité d’une rencontre d’échange des vues sur les principales questions qui divisent la classe politique et formule une série de propositions qui pourront, à leur tour, être discutées au niveau du Parlement pour des réformes consensuelles.
Loin d’avoir un quelconque agenda poussiéreux et caché, il dit, par contre, qu’à Lamuka : ‘’nous sommes ouverts à la discussion et au partage d’idées fondées sur la paix, l’unité et la concorde nationale. La question de l’organisation des élections dans les délais constitutionnels nous préoccupe’’.
L’issue de ces discussions contribuerait, certainement, à baisser la tension présente et manifeste au sein de l’arène politique et même, à rassurer la population congolaise, quant à la perspective de la tenue des élections transparentes, démocratiques et inclusives.
Prônant une République dont les actions politiques sont fondées sur des valeurs, il en appelle à se débarrasser des démons du passé, caractérisés par le fait que les alliances politiques entre partis – regroupements – et acteurs politiques se font et se défont au gré des vagues, en l’absence des projets de société clairs et participatifs.
Et, en tant que Premier Ministre honoraire, il a insisté sur le fait que la RDC doit imaginer une nouvelle façon de gouverner, de concevoir de nouvelles politiques publiques dont l’action devrait être, désormais, étalée sur le long terme, afin d’envisager et d’implémenter, de manière stratégique et échelonnée, des solutions aux différents défis de la vie socio-économique de la nation congolaise. A l’en croire, l’heure de passer à la table de discussions a sonné, pour faire avancer la barque du processus électoral vers le quai, avec l’implication et l’adhésion de tous.
J-P E.