Ntesa Dalienst, un chanteur de charme congolais

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Ntesa Dalienst, né Daniel Ntesa Nzitani. Il a vu le jour le 30 octobre 1946 à Kinsiona dans le Bas-Congo (République Démocratique du Congo). Daniel Ntesa dit « Ntesa Dalienst » s’est fait connaître en 1967, avec les titres « Aline » et « Likita ya pembeni epekisami », réalisé avec l’orchestre Vox-Africa. Quelques temps après, Daniel Ntesa crée « Les Grands Maquisards » et s’impose par ses chansons aux belles mélodies, aux accents gospel. Ntesa Dalienst est un auteur-compositeur, très populaire dans son pays, l’actuelle République Démocratique du Congo. Daniel Ntesa Nzitani commence à étudier, en 1951, chez les catholiques à Christ Roi. En 1956, à l’âge de dix ans, il monte un orchestre de jeunes, dénommé « Motema Jazz ».

Ces jeunes jouaient avec des boîtes de conserve et des guitares de fabrication artisanale. A cette époque-là, le jeune Ntesa fréquente l’école des missionnaires catholiques à la commune de N’Djili où on leur apprend des chansons religieuses. Et pourtant, il était déjà choriste, membre de l’église Kimbanguiste. Son père souhaitait que son fils chante dans une chorale « Kintuadi », il l’envoie en pension à Kamba, au Bas-Congo et ensuite à l’école normale de Gombe-Matadi où il fait partie de la chorale. Là-bas, il impactera son professeur de chant par sa manière de chanter, et ce dernier le fait chanter régulièrement. Après avoir obtenu son diplôme des études secondaires pédagogiques, Le jeune homme, enseigne une année durant au cycle d’orientation (C.O), avant d’embrasser la carrière musicale en 1966. Daniel Ntesa laisse la place à Ntesa Dalienst, qui vient de Daniel Ntesa par anagramme.

En 1967, Ntesa Dalienst est engagé dans l’orchestre « Vox Africa » de Jeannot Bombenga Wa Wewando où il joue avec Sam « Moreno » Mangwana. Le jeune chanteur se fait remarquer avec les titres « Aline » et « Likita ya pembeni epekisami ». Une année après, Sam Mangwana, comme chef de file et Vangu Guivano quittent African Fiesta Nationale de Rochereau Tabu Ley. Ensemble, ils montent l’orchestre Festival des Maquisards, qui se veut un orchestre « new look », avec l’appui du capitaine Dénis Liosono, Alphonse Kithima Bin Ramazani (Homme politique) qui met à la disposition du groupe des instruments de musique. Ntesa Dalienst y trouve Lokombe, Dizzy Mandjeku, Johnny Bokosa, Michelino Mavatiku Visi et Diana qui vient également de quitter Rochereau Tabu. Dès 1969, Le Festival des Maquisards connaît une scission.

Vangu Guivano monte l’orchestre « Dua ». De son côté, Sam Mangwana change la dénomination de son groupe qui devient Le Festival de Sam. Quant à Lokombe, il intègre la Fonction Publique et Diana retourne chez Rochereau Tabu Ley. Après cette scission, Ntesa Dalienst, désemparé, échafaude l’hypothèse d’un retour dans Vox Africa. Dizzy Mandjeku à qui il en parle, lui suggère de monter un nouvel orchestre. C’est ainsi que les deux amis s’adressent à Kiamuangana Mateta Verckys afin de donner corps à leur projet. C’est la naissance des Grands Maquisards. Les deux amis contactent Lokombe et Diana qui les rejoignent. C’est une véritable révolution parmi les groupes musicaux de l’époque, adeptes de rumba et de soukous congolais : African Jazz de Joseph Kabasele dit « Grand Kallé », OK Jazz de François Luambo Makiadi alias Franco, African Fiesta National de Rochereau Tabu Ley, African Fiesta Sukisa de Nicolas Kassanda dit Docteur Nico et l’orchestre Bamboula de Papa Noël Nedule.

Dizzy Mandjeku, fonctionnaire à la Banque centrale prend en charge les frais de répétitions des Grands Maquisards. Aussitôt, Ntesa Dalienst compose « Obotami Mobali » et « Ndima Pasi », deux titres retraçant les galères vécues après la scission du Festival des Maquisards. En dépit des difficultés, l’orchestre demeure solidaire. Le succès des Grands Maquisards est foudroyant. L’orchestre est alors composé de Ntesa Dalienst, Lokombe, Nkalulu, Diana, Kiesse Diambu et Loulou (voix), Dizzy Mandjeku et Mageda (guitare solo), Kalambay (guitare mi-solo), Dave Makondele (guitare accompagnement), Franck Nkodia (basse), Domsis (tumba), Tambu (batterie), Michel Sax (saxophone), Mambert, Jeannot et Jean-Marie Kabongo (trompette).

Au début de l’année 1970, les éditions Vévé de Kiamuangana Mateta Verckys réalisent les premiers disques de l’orchestre Les Grands Maquisards, qui seront au nombre de six signés sur son label. Des hits comme « Mado » de Lokombe, « Esese » de Diana, « Obotami Mobali, Ndima Pasi », « Maria Mboka », « Biki 1 et 2 » et « Tokosenga na Nzambe » de Ntesa Dalienst. Toutes les chansons de Ntesa enthousiasment aussitôt les mélomanes kinois et brazzavillois. C’était l’effervescence, tout le monde voulait connaître d’où lui venait ce talent de grand compositeur. Et pourtant à cette époque les grandes affiches ne sont pas encore à la mode, mais Kiamuangana Mateta Verckys recouvre le mur de sa maison, sur l’avenue Eyala (commune de Kalamu), de pochettes de disques des Grands Maquisards.

Quelques temps plus tard, Aimé Kiwakana fait son entrée dans l’orchestre. Ces premiers succès des Grands Maquisards seront suivis par d’autres, tels que « Mabala ya Kinshasa », « Kaka po na ye » de Dizzy Mandjeku. « Sonia » de Diana, « Kayumba Marthe » et « Tolimbisana » de Lokombe, « Jaria » et « Kiesse » de Kiesse Diambu. « Mavata », « Beneda », « Sisi moke » de Dalienst, « Kimbokoto » de Franck Nkodia. En 1973, Diana quitte les Grands Maquisards.

En 1974, après trois ans de fiançailles, Ntesa Dalienst se marie à Madame Thérèse Mavata Nkue, la mère de ses quatre enfants. Mais, hélas ! L’orchestre Les Grands Maquisards, la grande force musicale est maintenant composée de jeunes artistes manquant d’expérience, et de sens des affaires. Kiamuangana Mateta Verckys, leur éditeur et producteur, n’est pas naïf. Il leur réserve un salaire mensuel. Ils sortent plusieurs disques, sans en toucher des royalties. Ils ne savent même pas ce que sont les droits d’auteur. Ne voulant plus continuer avec les éditions Vévé, le groupe est contraint de disparaître en 1975.

Dizzy Mandjeku ne tient pas non plus à affronter le ridicule. Il récupère tous les anciens, sauf Ntesa Dalienst, Kiesse Diambu et Michel Sax, afin de lancer une formation appelée Kossa-Kossa, parrainée par Miezi, le propriétaire du dancing-bar La Suzanella Maison Blanche. En 1976, Ntesa Dalienst et le guitariste soliste Thierry Mantuika rejoignent l’orchestre TP. OK. Jazz de Franco Luambo Makiadi. Il y restera neuf ans, devenant chef d’orchestre sept ans durant. Au sein de TP. OK. Jazz, le chanteur écrit des nombreuses chansons à succès, dont « Muzi » en 1980 et « Bina na ngai  na respect » en 1981. Ces deux œuvres sont plébiscitées « Meilleures chansons congolaises » en 1980 et en 1981, et Ntesa Dalienst est nommé « Meilleur chanteur » et « Meilleur auteur-compositeur » congolais à deux reprises.

Le TP. OK. Jazz est quant à lui, sacré deux fois « Meilleur orchestre » de l’année. En 1982, l’orchestre OK Jazz sort l’album « Princesse Kiku, qui comprend, en dehors du titre « Princesse Kiku » (Franco Luambo), « Mawe » (Pépé Ndombe), « Nostalgie Tanzi » (Josky Kiambukuta), la chanson « Tantine » de Ntesa Dalienst. Il prône la maladresse des hommes face aux femmes mariées. La même année, certains artistes de l’orchestre, dont les cousins Serge et Josky Kiambukuta ainsi que Ntesa Dalienst, partent à Bruxelles. Dans la capitale belge, Ntesa Dalienst réalise en 1984 son tube « Muzi », repris plus tard dans la compilation. Elvis Kemayo, connu sur la scène internationale grâce à son mega hit « Africa Music non-stop ».

L’année suivante, Ntesa Dalienst décide de faire de la Belgique sa terre d’accueil et s’installe définitivement à Bruxelles. En 1987, Ntesa Dalienst compose la chanson « Coup de foudre » et interprète « Tangawisi » de Papa Noël Nedule, deux magnifiques chansons figurant dans l’album « Maracas d’Or ». En 1988, l’artiste nostalgique, désire de remonter Les Grands Maquisards, et se met à contacter des artistes belges et congolais, dont le saxophoniste Didan. Mais cette tentative n’aboutira pas. La même année, par la production de Franco Luambo, Ntesa Dalienst enregistre avec l’orchestre OK Jazz, son premier album solo comprenant quatre morceaux : « Mamie Zou » (intitulé du disque), « Dodo », « Nalobi na nga rien » et « Batindeli ngai mitambu ».

Ntesa Dalienst, devenu « Ya Ntesa », une marque de respect et de reconnaissance chez les congolais. L’artiste concocte des tendres mélodies dont il tient le secret. Encore et toujours, des histoires d’amour qui lui valent également le surnom de « chanteur de charme », dans « Mamie Zou » où la femme remercie son mari pour leur vingt ans de mariage heureux, tandis que dans « Dodo », l’homme demande à sa femme de vivre cinquante ans de mariage en suivant l’exemple de leurs parents. « En sera-t-il de même pour leurs petits-enfants ? », demande-t-il.

En 1994, Ntesa Dalienst monte Afri-Jazz, un orchestre composé d’anciens artistes de l’Afrisa International, ex African Fiesta National de Rochereau Tabu Ley, quelques musiciens de l’orchestre OK Jazz de Franco Luambo Makiadi ainsi quelques jeunes artistes talentueux. Ya Ntesa est entouré de Wuta Mayi, Michelino Mavatiku Visi, Papa Noël Nedule, Shaba Kahamba, Youlou Mabiala, Pompon Kuleta, Bopol Mansiamina, Diasi, Ada Muangisa, Serge Kiambukuta, Michel Sax, Manglisha, Caien Madoka, Egide, Djudju, Salo, Armando et Niau. Ntesa Dalienst enregistre l’excellent album intitulé « Frappe chirurgicale aérienne », une expression lancée par les Américains pendant la Guerre du Golfe (1990-1991).

En décembre 2001, Jean Claude Gakosso, homme politique et futur ministre de la Culture et des Arts du Congo Brazzaville lui dédie un livre : « Ntesa Dalienst et la sublime épopée des Grands Maquisards », un ouvrage pour l’éternité, destiné à perpétuer la mémoire du grand artiste qui a dirigé l’un des meilleurs orchestres congolais des années 1970 (Edition Gutenberg-IGB Collection Musique d’Afrique). Dans ce livre, le grand public découvre des portraits individuels, mais également les tribulations managériales des artistes et leurs précarités existentielles. Ce livre est écrit sous forme romancée, l’ouvrage jette une lumière crue sur le monde musical des deux Congo (Congo Kinshasa et Congo Brazzaville), pour expliquer le talent de l’artiste et de ce grand orchestre.

Ce livre a été présenté au public le 14 décembre 2001, au cours d’une soirée consacrée à Ntesa Dalienst et les Grands Maquisards. Ils étaient accompagnés par l’orchestre Bana Poto-Poto de Bienvenu Roland Faignond, des artistes tels que : Dizzy Mandjeku, Michel Sax, Franck Nkodia, Domsis, Dave Makondele, Malagie de Lugendo, Verckys Kiamuangana, Jeannot Bombenga ou encore Jean-Serge Essous, interprétant les grands succès des Grands Maquisards, qui sont exécutés à la grande satisfaction du public, ceux de Franklin Boukaka, Joseph Kabasele dit « Grand Kallé », Docteur Nico Kassanda et Rochereau Tabu Ley.

Soirée constituée par des évocations de souvenirs, des témoignages, des danses et des séances de dédicaces qui se sont déroulés en présence de sa veuve et de ses enfants. Ntesa Dalienst bénéficie d’un hommage posthume digne de l’homme public qu’il fut. Lors d’une édition des Kora Awards, lorsqu’un animateur d’une chaîne de télévision kinoise avait tendu son micro au malien Salif Keîta afin de lui demander d’interpréter une chanson d’un artiste congolais, lui qui vit avec des stars de renom à Paris, avait chanté « Muzi », à la grande surprise de ses pairs. Ntesa Dalienst disparaît le 23 septembre 1996 à Bruxelles, en Belgique, suite à une opération chirurgicale du cerveau.

Ce chanteur de charme et auteur-compositeur  fut très populaire dans son pays. Ce grand artiste mérite respect et reconnaissance chez les congolais qui continuent à fredonner ses tendres mélodies dont il avait le secret.

Majoie Kisalasala

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