Le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni remet sur la table un projet régional ancien : la création d’une Fédération d’Afrique de l’Est, cette fois pensée comme une union politico-militaire destinée à stabiliser durablement la région des Grands Lacs.
Dans cette vision, Kampala propose que les principales armées de la région — y compris les forces rwandaises et congolaises, pourtant engagées dans une confrontation indirecte à l’Est de la RDC — soient intégrées dans une force fédérée, capable d’imposer la paix et de résister aux ingérences extérieures.
Museveni, dans un discours relayé par la presse régionale, estime que l’Afrique de l’Est ne peut plus rester fragmentée face aux crises sécuritaires répétées. Selon lui, une armée unifiée permettrait de répondre efficacement aux conflits internes, notamment dans l’Est congolais, tout en limitant les interférences étrangères.
Le chef d’État ougandais cite la chute de la Libye en 2011 comme exemple des conséquences d’une défense africaine divisée. Pour lui, seule une intégration politique et militaire complète offrirait aux pays de la région un véritable “centre de gravité” stratégique.
D’après Minga Média, la Fédération militaire envisagée inclurait potentiellement l’Ouganda, le Rwanda, la République démocratique du Congo, le Burundi, le Kenya, la Tanzanie, le Soudan du Sud et la Somalie. Museveni affirme qu’une telle union renforcerait la souveraineté collective et créerait les conditions d’une paix durable dans les Grands Lacs, en “désamorçant les rivalités” et en plaçant toutes les forces sous un commandement commun.
Cependant, la proposition intervient dans un contexte de fortes tensions : Kigali est accusé par Kinshasa de soutenir le M23, et les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis plus de trois ans. L’idée d’intégrer leurs armées dans une structure commune paraît donc, à court terme, hautement improbable, même si Museveni la présente comme une voie vers la réconciliation.
Cette initiative relance néanmoins un débat récurrent : la région des Grands Lacs peut-elle réellement atteindre la paix sans une architecture de sécurité collective ? Museveni en est convaincu, mais son projet, ambitieux et controversé, soulève pour l’heure davantage de questions qu’il n’apporte de réponses concrètes.
Jean-Petit Ebonga


