Matolu Dode Jean alias Papy Tex est né à Kinshasa, le 28 juin 1952. C’est un chanteur et auteur-compositeur congolais (République Démocratique du Congo). Son père est d’origine angolaise, Jean Baptiste Mbisi et sa mère, Marie Saka de Kongo Central. Papy Tex est élevé par la première épouse de son père, Josephine Matolu, sa mère nourricière, originaire de l’ancienne province de l’équateur. C’est d’elle qu’elle reçoit son patronyme de Matolu. Josephine Matolu vécut et décéda en 1978, aux côtés de son père sans lui assurer de progéniture.
Vivant en très bonne intelligence avec cette dernière, Marie Saka, mère biologique de l’artiste, laisse à la première épouse de son conjoint le soin de façonner le nourrisson comme si elle en était la procréatrice. C’est ainsi qu’elle lui donnera non seulement son nom mais également l’éducation, l’amour et toute l’attention d’une mère.
C’est précisément à l’âge de dix ans que Papy Tex va découvrir la véritable identité de sa mère biologique, Marie Saka, mais il garde néanmoins un attachement sans faille à Josephine Matolu, à qui il doit presque tout. Eu égard à l’attrait de son père pour le ballon rond, le jeune Matolu se passionne pour le football qu’il pratique remarquablement au sein de l’équipe « Étoile filante » de la commune de Barumbu pendant deux saisons (1965-1966) en étant affublé du sobriquet significatif de « Pélé ». Craignant, cependant, de connaître d’éventuelles fractures de jambe pour son physique et sa petite taille.
Sa mère adoptive, Josephine Matolu lui conseilla d’arrêter la pratique du football et l’orientant petit à petit vers la musique. Elle-même, grande mélomane et admiratrice des orchestres African Jazz de Joseph Kabasele Grand Kallé. Cette dernière inocule à son fils adoptif, Papy Tex, le virus de la chanson.
C’est ainsi que le jeune artiste, dès 1967, s’initie petit à petit à la musique, en commençant par la manière de chanter de Joseph Kabasele Tshamala, Le Grand Kallé. Plus tard, découvrant les œuvres de Rochereau Tabu Ley, il se passionne pour l’artiste, lequel devient très vite sa source d’inspiration quant à la façon de chanter et de composer ses chansons. Grandissant dans la commune de Barumbu et ami d’enfance de Kabasele Yampanya wa ba Mulanga dit Pépé Kallé.
Ce dernier, kinois de pure souche, va influencer fortement Papy Tex et lui permet, en 1968, d’entreprendre ses premiers pas dans la musique au sein de l’orchestre « African Choc ». Cet ensemble éphémère qui se produit de façon épisodique dans sa chère commune de Barumbu à Kinshasa, dévoile le talent de chanteur de Matolu Dode et aiguise définitivement son penchant de musicien professionnel. En effet, l’histoire rapporte que, déjà en 1970, Kabasele Yampanya wa ba Mulanga et Matolu Dode avaient franchi une étape de leur carrière en intégrant l’orchestre Myosotis de la commune de Dendale, aujourd’hui Kasa-Vubu.
Au courant de la même année, ce groupe décidait de participer au concours de la musique des orchestres de jeunes, organisé par le guitariste Dewayon Ebengo. Myosotis remporta le prix de meilleur orchestre. A cette occasion, Pépé Kallé épata les professionnels de la musique, présents à la cérémonie de proclamation des résultats. Le drummer de l’Afrisa International, Seskain Molenga, fit alors appel au talent de deux vedettes afin de mieux les encadrer et renforcer l’attaque-chant d’un orchestre qu’il venait de créer. L’accompagnateur Lokasa avait également recommandé à Seskain Molenga, le talentueux Dilu Dilumona, chanteur de l’orchestre « Révélation » de la commune de Kintambo. Ainsi naquit le trio « Kadima » (Kabasele, l’Elephant de la musique congolaise, Dilu Dilumona et Matolu Dode).
Au sein de la maison Vévé, Kabasele Yampanya monte en 1971, son propre groupe qu’il nomme Empire Bakuba. Rappelons que cet orchestre a été créé officiellement le 17 mars 1973 à Kinshasa au dancing bar Vis-à-vis, rond-point Victoire, dans la commune de Kalamu par les chanteurs Jean Kabasele Yampanya alias Pépé Kallé, Matolu Dode Papy Tex et Dilu Dilumona, qui forment le percutant Trio « KADIMA ». C’est la naissance d’un orchestre légendaire.
C’est juste après la mort de son chanteur leader Pépé Kallé, que l’ensemble musical a connu des turbulences provoquant une scission terrible, donnant naissance aux groupuscules d’Empire où chacun de chanteurs voulaient être également empereur ou tête d’affiche. Conséquence, personne n’a survécu et le vrai Empire Bakuba a totalement disparu de la scène musicale congolaise.
Après avoir bâti un travail de titan avec ses poulains, Seskain Molenga conduisit son groupe, en le baptisant du nom de Bakuba, au studio mobile Vévé, sur la rue Eyala, dans la commune de Kasa-Vubu, pour l’enregistrement à succès des chansons cultes, telles que « Nazoki », « Nakobelela », « Libaku mabe », « Nazangi tata », etc… Ces opus attirèrent l’attention de Kiamuangana Mateta Verckys, président directeur général de l’écurie Vévé, et propriétaire du studio mobile du même nom, qui décida de s’occuper également de l’édition, la distribution et la commercialisation de ces œuvres.
Succès sans précédent, aussitôt après leur lancement sur le marché. La gloire subite amena le trio « Kadima » à signer un contrat d’édition avec l’écurie Vévé. Kiamuangana Mateta mettra alors à sa disposition un équipement de musique pimpant neuf de marque Rangers. Peu après, se référant à l’existence historique de l’Empire Bakuba, dont on situe de nos jours les limites et les descendants dans le territoire de Mweka, dans l’ancienne province du Kasai Occidental, le trio « Kadima » décida d’ajouter au nom déjà existant de Bakuba celui d’Empire.
L’Empire Bakuba venait ainsi de naître, cette fois-ci dans le domaine musical, prêt à occuper les meilleures places de différents hit-parades tant nationaux qu’internationaux durant plus de vingt-cinq ans. Après la mort de Pépé Kallé, le 29 novembre 1998, Papy Tex vit toujours en Europe où il poursuit une carrière solo avec des chansons comme « Luzingu », « Tueyi Kuetu », sorties en 2004. L’artiste démontre, s’il en était encore besoin, qu’il possède toutes les ressources nécessaires pour une carrière reluisante.
Quoi qu’il soit, Matolu Dode, artiste reconnu, se basant à Paris, ne manque pas lors de ses productions et tours de chants de raviver, de réchauffer le passé de l’Empire Bakuba pour le grand bonheur et plaisirs des nostalgiques.
En 2020, des personnes de mauvaise foi ont annoncé sa mort mais heureusement qu’un démenti a pu arranger les choses. Matolu Dode lui-même a réalisé une vidéo afin de dénoncer ce comportement de certains congolais, qui consiste à annoncer la nouvelle de la mort de quelqu’un, sans pour autant être membre de sa famille biologique. Papy Tex a remercié toutes les personnes qui se sont inquiétées en apprenant cette fausse rumeur, annonçant sa mort et indique qu’il poursuivra en justice ces personnes qui ont propagé cette mauvaise nouvelle. Pour conclure, nous vous rappelons que cet ancien du trio KADIMA, était à Kinshasa en 2018 et il avait égayé le public à Kinshasa, au siège de Koffi Central sur l’avenue Oshwe 62 A, au quartier Matonge, dans la commune de Kalamu.
Après la mort de Pépé Kallé, il voulait tout mettre en œuvre pour que ce groupe musical renaisse de ses cendres. Ce dernier dit n’avoir ménagé aucun effort afin d’appeler les autres membres du groupe à l’union, pour que l’œuvre de Pépé Kallé ne disparaisse pas. « Dès mon arrivée à Kinshasa, j’ai rencontré mon aîné Dilu Dilumona pour lui présenter mes excuses si jamais il s’est senti vexé par mon comportement », a-t-il déclaré. Il annonce également la reprise dans les prochains jours des activités du groupe et la sortie d’un album afin de sceller cette réconciliation. Nous saluons cet artiste invétéré qui a su égayer plusieurs congolais par sa voix mélancolique et lui souhaitons une longue vie.
Majoie Kisalasala