L’irrévocabilité de la nationalité congolaise d’origine

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Noël Tshiani revient à la charge sur la « congolité »

Le candidat malheureux  à la présidentielle de 2018, Noël Tshiani, n’entend pas reculer, malgré de nombreuses critiques qui ont fait écho contre lui. Après la mise à l’écart de sa proposition de loi sur la « Congolité  » par le bureau de l’Assemblée nationale qui l’avait jugée « non prioritaire », Noël Tshiani Muadiamvita revient à la charge en allant plus loin dans son projet de loi.

Noël Tshiani Muadianvita se défend et défend sa proposition de loi controversée sur la nationalité. Il en est plutôt fier et la tient pour utile. C’est le moins qu’on puisse dire, pour peu qu’on lise ses réactions aux principales critiques formulées jusqu’ici. Tout se passe en public, sur Twitter.

D’abord, il faut noter que Noël Tshiani Muadianvita rejette le qualificatif « loi sur la congolité ». Et, il ne s’empêche pas chaque fois de rappeler ses 2 axes : le verrouillage de l’accès aux fonctions de souveraineté. Et, ensuite : l’irrévocabilité de la nationalité congolaise d’origine. Même s’il revient peu sur la rhétorique qui divise : « être de père et de mère » congolais !

Après avoir posé les jalons, l’auteur du Plan Marshall de la congolité vient d’élargir sa proposition de loi en l’adaptant aux réalités purement congolaises. « En plus des postes de souveraineté nationale, il faut verrouiller les époux et épouses des postes verrouillés, car un conjoint(e) étranger(e) crée une situation de conflits d’intérêt en faveur de son pays d’origine en influençant négativement sur les décisions de la RDC », a-t-il écrit sur Twitter.

Puis, parfois le Mwadianvita se montre quelque peu baroudeur. Comme sur ce tweet où, pour expliquer le verrouillage qu’il propose, il recourt à l’image de Lumumba, sa fille en mains. « Protégeons notre pays contre les infiltrations et ingérences étrangères au sommet de l’Etat. La souveraineté nationale n’a pas de prix », lance Noël Tshiani.

Parfois encore, Tshiani essaie de s’appuyer sur les passions, et le débat lui-même de nationalité ou de souveraineté est passionnel, par essence, en effet. « La loi Noël Tshiani est dans la Bible », peut-on lire sur une image illustrant son tweet. Celui-ci, rappelle beaucoup d’autres commentaires du candidat malheureux à la présidentielle de 2018 : « Avec la Loi Tshiani, nous allons retrouver la fierté d’être congolais qui seront toujours dirigés par un congolais de souche comme nous. Dressons donc nos fronts longtemps courbés. »

La loi en question

Une proposition de loi qui vise le verrouillage des fonctions dites de souveraineté, notamment la magistrature suprême, la présidence du Sénat et celle de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC), pour les réserver aux Congolais « de père et de mère », est au cœur des débats dans la classe politique congolaise.

Si les initiateurs et partisans de cette proposition de loi peuvent clamer, la main sur le cœur, leur patriotisme ou leur nationalisme incontestable étant donné leur identité d’origine, on peut s’interroger sur le bien-fondé de leur démarche.

Faut-il guérir un malade en lui inoculant un autre mal qui pourrait l’emporter ? Etre Congolais de père et de mère est-il une garantie suffisante de dévouement à l’intérêt général ? En réalité, la loyauté envers son pays ne trouve pas sa source dans la généalogie d’un individu, contestent ceux qui contredisent Noël Tshiani.

La leçon

Une leçon venant de l’anthropogenèse (étude de l’apparition et du développement de l’espèce humaine) pourrait nous éclairer : le fait d’être un être humanisé ne se transmet pas naturellement des parents aux enfants comme il en va chez les plantes ou les primates, d’où l’importance des processus de socialisation, de sexualisation et de personnalisation par lesquels se transmettent l’humanité, l’éducation et la culture. Comment donc la loyauté comme vertu politique pourrait-elle se transmettre naturellement des parents aux enfants ? N’est-elle pas plutôt une valeur consciente, volontariste, qui n’est pas déjà donnée, c’est-à-dire, inatteignable spontanément ?

Enfin, qu’est-ce que la souveraineté aujourd’hui, quand on songe que nous l’avons bradée et continuons de le faire, pour reprendre le philosophe camerounais Eboussi Boulaga ? Hier, aux mains exclusives de l’ancienne puissance coloniale belge, la réalité du pouvoir est aujourd’hui dans celles des bailleurs de fonds, des investisseurs, des « ajusteurs structurels », des réseaux de trafiquants d’armes, des corrupteurs et des « détourneurs » des deniers publics.

Diabolisation de l’adversaire

L’évaluation de la situation politique et de la capacité d’action, la détermination du moment opportun pour lancer une réforme, exigent que l’on tienne compte des attentes dominantes dans la société. Or, aujourd’hui, le défi pour le Congo comme Etat-nation est ailleurs. Même ceux qui ont déjà annoncé leur candidature à l’élection présidentielle à venir dans deux ans et demi, faisant ainsi montre d’un génie exceptionnel d’anticipation parmi les politiques congolais, en sont sans doute conscients. Le recours aux vieilles techniques de personnalisation et de diabolisation de l’adversaire, de l’amalgame et de la division est une sinistre diversion.

Les attentes vitales des Congolais sont la sécurité dans l’est, où de paisibles citoyens sont égorgés comme du gibier, la fin de la précarité généralisée, les soins médicaux, la justice dans la distribution du produit social. Ne sont-elles pas les obligations inaliénables d’un Etat qui se préoccupe de ses citoyens, celles par lesquelles il assure au quotidien son autorité, se fait aimer et respecter, même par d’autres Etats ?

Les manquements à ces droits consacrés par la Déclaration universelle des droits humains poussent ceux qui sont lésés au désespoir et, par la suite, à la destruction, voire à la déloyauté.

J-P Ebonga

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