Kinshasa : Quand marcher devient un sport obligatoire, rouler un autre combat de la population

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Circuler dans la ville-province de Kinshasa est devenu tout un sport quotidien auquel la population est contrainte à pratiquer de gré ou à contre cœur, le tout c’est d’atteindre son point d’arrivée.

Le long du boulevard Lumumba, qui relie l’aéroport de Ndolo à l’aéroport international de N’djili, on observe des nombreuses personnes qui font les pied -communément appelé la ligne onze-  chaque jour pour échapper aux embouteillages ou économiser leur argent de poche face aux conducteurs véreux qui ne ratent aucune occasion pour hausser les prix des courses (ces experts en demi-terrain).

Jeunes comme vieux, femmes ou hommes, tous se bousculent aux abords de la chaussée pour se frayer un chemin. A ces passants s’ajoutent les éboueurs et porteurs des colis, sans oublier les Wewas (appellation des mototaximen) qui cherchent également à passer au milieu des foules en toute insouciance.

Un impact sur la santé

En bien ou en mal, cette difficulté de la mobilité contraignant les gens à marcher obligatoirement à pieds a des répercussions sur la santé des personnes exposées.

Un parmi des nombreux avantages que l’on peut tirer de cette marche de santé forcée, c’est la perte des graisses : essentielle pour la santé de cœur (les professionnels de la santé ne me diront pas le contraire). Pour les personnes obèses, marcher à pied leur permet de perdre quelques kilos, donc un bénéfice que les conditions difficiles de transport à Kinshasa nous donne sans payer un sou.

Alors pour nous autres, qui avons la peau sur les os et dont l’indice de masse corporelle (IMC) est en deçà de la valeur normale ? Donc, cette condition fait subir à d’autres personnes, en revanche, une perte de poids, les exposant davantage aux maladies. Ici, on n’a même pas fait allusion à l’accumulation de la fatigue, surtout pour ceux qui sortent du lundi à samedi, à la recherche du pain quotidien.

Tracasserie routière

Dans ce contexte d’embouteillages, il n’y a pas que les passagers qui en paient le prix,  mototaximen sont  également logés à la même enseigne.

Des hommes en tenue civile et ceux en tenue de la Police (mais qui ne sont pas des policiers de circulation routière) font la chasse des conducteurs des motos. Ces mototaximen sont  violemment interpellés, tantôt pour vérification des documents ou pour avoir enfreint à un code de la route.

Le vendredi 4 juillet dernier, un mototaximan a été frappé de coups de taser aux bras, après qu’il a été pris en tentative de rouler à sens unique, non loin de saut de mouton Debonhomme (du côté de Limete), par un groupe de policiers et d’autres en tenue civile. A chacun de porter sa croix.

Sens unique

En dépit des interdictions et des arrestations répétitives, les chauffeurs de transport en commun et des mototaximen enfreignent délibérément les codes de la route, en roulant à sens unique.

A partir de l’église Shekinah, une ouverture laissée entre les séparateurs aide ces chauffeurs à prendre le sens unique pour gagner du temps. Certains par peur de se faire prendre par les agents de l’ordre, abandonnent les clients à mi-chemin. « Vous ne voyez pas Kabasele devant ?« , lancent souvent les receveurs aux passagers qui manifestent plusieurs fois leur mécontentement devant une telle situation.

Le même phénomène (sens unique, ndlr) est aussi fréquent sur le tronçon Kimbuta (N’djili) et Pascal (Kimbanseke), où les motos tricycles roulent à vive allure, histoire de louper les embouteillages.

Asphyxie économique

Les coûts de transport pèsent sur les portefeuilles de la population, une sorte d’asphyxie économique. Certains travailleurs se plaignent de dépenser près de 30 à 40% de leurs revenus pour compléter les dépenses des transports.

Les transports en commun tout comme les mototaximen ne marchandent pas. Les premiers ont codifié leur taxation pour éviter de créer le scandale chez les clients; pour un trajet dont ils ont fixé le prix à 4.000FC, ils diront « 400FC (quatre cent francs congolais)« . Les seconds, par ailleurs, sont directs et taxent lourdement les clients : quitte à prendre ou à laisser; de toutes les façons, les preneurs ne manquent pas.

C’est un vrai calvaire. Il n’y a pas un seul jour où l’on peut circuler sans inquiétude. Mêmes les dimanches sont devenus des journées difficiles pour se mouvoir à travers la capitale. Cette situation impacte négativement et aggrave la situation socio-économique de la population, qui peine déjà à nouer les deux bouts du mois.

Des mesures à prendre

Face à tous ces problèmes énumérés, perturbant la bonne mobilité à Kinshasa, il est urgent pour les autorités compétentes -tant du gouvernement provincial, central que de la police- de prendre des mesures qui aideront à décanter la situation et alléger la souffrance des Kinois.

Parmi des mesures à prioriser, on peut citer comme réhabiliter des routes secondaires de grande importance,  réformer de la police (mettre à l’écart les vieux policiers et recruter ceux capables de faire respecter le code de la route et de respecter la procédure d’interpellation), dégager les vendeurs aux abords des routes (les routes ne sont pas faites pour des négoces).

Enock Nseka

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