Le quartier Ndanu, situé dans la commune de Limete, fait face à des inondations récurrentes depuis près de trois décennies. Entouré en grande partie par la rivière N’djili, le quartier subit des débordements lors des crues.
Pour remédier à cette situation, des travaux de construction d’une digue avaient été initiés, mais ceux-ci ont été suspendus, laissant place aux eaux.
« Nous ne connaissons pas encore la raison de la suspension de ces travaux, et cette situation nous pénalise. La digue a été rasée, et les eaux de pluie pénètrent facilement », a déclaré Dido Omeonga, président de l’Association des Jeunes pour le Développement du Congo/Quartier Ndanu (AJDC/Ndanu). Il a également appelé le gouvernement à relancer ces travaux, car une grande partie de la digue a été démolie, notamment entre l’avenue Bulungu et celle de Ngaliema.
Suite aux inondations des 5 et 6 avril derniers, les membres de l’association se sont mobilisés avec leurs propres moyens pour renforcer la digue en utilisant des sacs de sable, notamment sur les avenues du 13 mars, Bulungu et Anciens Combattants. « Nous prenons du sable tout au long de la rivière N’djili. C’est une auto-prise en charge, car le gouvernement n’a pas encore réagi », a indiqué M. Omeonga.
Résurgence du Phénomène Kuluna
Après les récentes inondations, le quartier Ndanu s’est vidé de ses habitants. Plusieurs locataires ont fui, et les familles sinistrées se trouvent désormais dans des sites d’hébergement au stade du 20 mai et au stade municipal de Bandalungwa.
« A partir de 17h ou 18h, la circulation est très faible, surtout sur les avenues Colonel et autres », a précisé le président de l’AJDC/Ndanu. De plus, les deux commissariats opérationnels dans le quartier ont été emportés par les eaux, ce qui a entraîné une résurgence du phénomène kuluna, aggravée par l’absence d’électricité. Bien que la police effectue des patrouilles de temps à autre, certains hors-la-loi ont été appréhendés, a rapporté M. Omeonga.
Travaux au Ralenti
Les travaux de construction de la digue, exécutés par une société congolaise en 2023, avancent lentement. Selon un agent en charge des travaux, seuls 170 mètres ont été réalisés en plus d’un an. Il a précisé que l’avancement ne dépend pas de l’entreprise, mais plutôt du financement du gouvernement congolais, tout en appelant à un suivi de la part de ce dernier.
« Si des fonds ont déjà été décaissés, les responsables doivent être poursuivis, car des vies ont été perdues à Ndanu », a-t-il ajouté.
Historique
Le quartier Ndanu a été loti dans les années 80 sur des terrains autrefois utilisés pour la culture du riz. Il a connu sa plus grande inondation en 1999, sous le gouverneur Théophile Mbemba Fundu, avec une assistance aux sinistrés en vivres et non-vivres, ainsi que la réallocation de terrains au quartier Kinkole, dans la commune de la Nsele.
Toutes les parcelles érigées le long de la digue ont été détruites pour entamer les travaux de renforcement. Cependant, après le changement de gouverneur, le projet a été interrompu, avec des parcelles démolies revendues, au vu et au su de tous.
En décembre 2015, une seconde inondation majeure a frappé le quartier. Le gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta Yango, avait annoncé le lancement de travaux d’envergure, mais seuls quelques sacs de sable ont été ajoutés à la digue. Depuis, les habitants n’ont cessé d’appeler le gouvernement à l’aide, jusqu’aux tragiques événements des 5 et 6 avril 2025.
A ce rythme, le quartier risque de disparaître si les autorités compétentes ne prennent pas de mesures durables.
TS
