Kasaï Oriental: le gouverneur opposé à la mission de contrôle de sa gestion, fait agresser les inspecteurs de l’IGF

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Siège de l'Inspection générale des Finances

Au Kasaï oriental, la délégation des inspecteurs des Finances envoyée dans le cadre de l’encadrement de l’IGF, autrement dit patrouille financière, a été mal accueillie par les autorités provinciales.

Des témoignages, faits et vidéos de la scène devenue virale démontrent que le gouverneur du Kasaï oriental, Patrick Mathias Kabeya Matshi Abidi, s’est opposé à cette mission de contrôle de sa gestion sous prétexte qu’un contrôle de la Cour des comptes est diligenté dans sa juridiction.

Pour plusieurs analystes, cet acte délibéré de l’autorité provinciale, démontre combien cette dernière tient à couvrir sa mauvaise gouvernance.

«Les inspecteurs descendus sur place pour cet encadrement ont été évacués manu militari du Gouvernorat sur ordre du gouverneur. Ils ont été menacés par la police détachée au gouvernorat» témoignent les vidéos vraisemblablement prises par le chef de la mission de l’IGF, l’inspecteur Mabiala Tshede selon notre source au sein du gouvernorat de ladite province.

Le premier président de la Cour des Comptes qui s’est exprimé à ce sujet a fait savoir qu’il n y a pas de mission de contrôle de son institution au Kasaï oriental.

Jimmy Munganga Ngwaka, a écrit au gouverneur de cette province, que la lettre d’annonce d’une mission d’audit des finances de sa province par cette Cour à laquelle il a fait référence, ne constitue nullement un ordre de mission et en plus, elle a été ajournée sine die par une autre lettre officielle.

Face à ces rebondissements, il est clairement établi que « le gouverneur est allé jusqu’à menacer l’intégrité physique des inspecteurs sur base d’un argument mensonger ».

Qualifié de «gangster» par certaines personnes de son entourage et plusieurs cadres et militants de son parti UDPS, ce gouverneur a tenté à un moment donné de «cacher l’existence des comptes bancaires créés au nom de la province et par lesquels transiteraient des sommes importantes pour des destinations inconnues ».

DES MILLIONS EVAPORES

En clair, la province de Kasaï-Oriental reçoit depuis janvier un virement mensuel régulier chiffré à 1,5 million de dollars. Cette bagatelle somme est logée dans un compte non retracé par les services de la province. Seul le gouverneur détient le secret sur le compte présumé “fictif” et peut expliquer à l’opinion comment ces fonds sont utilisés. Selon les premiers éléments de l’enquête, la gestion de ces fonds qui échappe au contrôle de l’Etat, est réellement opaque.

Devant les flics financiers, le gouverneur Patrick Kabeya a tenté sans succès de nier l’existence de ce compte. Mais assidus et rigoureux dans le contrôle, les inspecteurs des finances en mission dans la province ont fini par découvrir le compte à problème.  Mais tout part de la vigilance de l’Inspecteur général chef de service de l’IGF qui a permis d’éclabousser la mafia. D’ailleurs, Jules Alingete a décidé de redéployer une nouvelle mission à Mbuji-Mayi. Informé, le soupçonneux gouverneur oppose en vain son veto avançant des prétextes fallacieux.

Dans ses multiples tentatives de contrer l’enquête de l’IGF, le gouverneur Kabeya a été remis à sa place par le président de la Cour des comptes auprès de qu’il espérait avoir des béquilles pour se soustraire des investigations de l’IGF sur les fonds destinés à sa province, mais jamais retracés depuis cinq mois par les services attitrés.

Sans désemparer, le 11 juillet 2023, le gouverneur du Kasaï oriental a saisi l’IGF en réservant copie au président de la Cour des comptes, pour protester faussement contre ce qu’il appelle “non respect des attributions et promettant de saisir le président de la République en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions”.

En réaction à sa lettre, le premier président de la Cour des comptes, Jimmy Munganga, l’a tout simplement recadré. Il rappelle à Kabeya, dans sa correspondance datée du 18 juillet consultée, de ne pas oser se disculper en brandissant une mission imaginaire de la Cour des comptes pour espérer échapper au contrôle de l’IGF. «J’accuse bonne réception de la copie me réservée de votre lettre n° 01/1134/CAB.PROGOU/K.OR/2023 du 11 juillet 2023 adressée à Monsieur l’inspecteur général des Finances-Chef de service, relative à l’objet repris en marge. Y faisant suite, je note que sous prétexte d’une mission imaginaire de la Cour des comptes au Kasai oriental, vous tentez d’échapper au contrôle de l’Inspection générale des Finances en invoquant ma lettre d’annonce d’une mission d’audit des finances de votre province, référencée CAB.PPCC/CC/TKG/132/2023, que vous qualifiez à tort d’ordre de mission. Vous êtes pourtant sans ignorer que la lettre à laquelle vous faites allusion ne constitue nullement un ordre de mission mais plutôt l’annonce d’une mission de la Cour des comptes, du reste ajournée sine die par ma lettre n°CAB.PPCC/CC/MMG/161/2023 du 28 mai 2023 », a éclairé Jimmy Munganga.

Et d’ajouter : «Je saisis, par ailleurs, la présente opportunité pour vous rappeler qu’il n’appartient pas à un responsable d’une entité auditée de se prévaloir de la préséance de la Cour des comptes sur tous les autres organes de contrôle des finances et des biens publics. Pareille attitude doit être interprétée et comprise comme une volonté manifeste d’échapper au contrôle et d’éviter, par ce fait-même, de s’acquitter de son devoir sacré de redevabilité en tant qu’agent public. C’est la raison pour laquelle, je vous prie de déférer sans réserve ni résistance au contrôle de l’Inspection générale des finances en mission dans votre entité».

Des sources concordantes indiquent que le gouverneur avait initialement instruit ses différents services de ne jamais présenter ce compte à l’Inspection générale des finances. A toutes les personnes informées sur ce compte, il a toujours fait croire que sa gestion était une exclusivité du gouvernement central.“Quand il a appris le déploiement d’une nouvelle mission d’audit de l’IGF, il a multiplié des prétextes fallacieux et des obstacles. Nous avons les informations qu’il a associé le directeur général du Bceco dans une démarche consistant à impliquer un procureur près la Cour des comptes, pour faire croire à l’opinion que cette dernière était déjà en mission similaire au Kasai oriental et que l’IGF ne pouvait plus agir”.

Voilà l’origine des échanges épistolaires entre l’IGF, le gouverneur et le premier président de la Cour des comptes, lequel s’est ouvertement montré favorable à l’audit de l’IGF. M. Munganga a, de vive voix, rappelé à Patrick Kabeya “d’arrêter de se réfugier derrière une mission imaginaire de la Cour des comptes pour tenter de se soustraire à l’enquête de l’IGF”.

J-P E

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