Jeux de hasard, lotos; paris sportifs

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Les nouvelles passions des Kinois

Chaque jour qui passe, des milliers, que dis-je, des millions de Kinois, jouent aux multiples jeux de hasard organisés par la société nationale de loterie (Sonal) et beaucoup de nouveaux venus dans le secteur ludique. En effet, ils se partagent entre les  paris sportifs ou turfs, les lotos, les premiers game,  et même parfois les quizz proposés par des compagnies de télécommunications.

En se livrant à ces jeux de hasard, les jeunes et vieux, tous âges et sexes confondus, nourrissent l’espoir de gagner le gros lot. Ce rêve légitime est malheureusement à la source d’une oisiveté certaine.

« Un toit à toi  pour cinq mille francs, lesa punda, punda aleisa yo, jouez gagnez,quarté, quinté, etc » Ce sont autant des slogans couramment utilisés il ,y a quelques années par la Sonal pour inciter les jeunes Kinois à parier, auxquels s’ajoutent l’alléchante promesse d’une voiture, d’un frigo… distillée par les vendeurs de certains produits de consommation courante. Une forme détournée et illégale d’organiser des tombolas, nous a assuré sous anonymat un agent de la Sonal.

Tous ces slogans incitateurs, ces phrases aguicheuses font rêver et incitent au jeu. Ils attirent irrésistiblement des milliers, si pas des millions d’oisifs kinois qui ont fait de l’activité ludique presque une occupation à temps plein.

Dans tous les coins de la capitale congolaise, on retrouve ces Kinois de tous âges, pleins de rêve d’une fortune facile et rapide au gré d’un coup de pot magique. Ils ne vivent que de chevaux, de paris sportifs, d’ingrédients culinaires promus, des bouchons de bière à surprise et même de messages téléphoniques. Ce sont des chevronnés, surtout ceux des paris équestres. Ils connaissent toutes les ficelles et combinaisons plus ou moins tordues qui conduisent à la victoire. Donc du rêve réalisé d’un jackpot. 

 Le curieux dans l’affaire, c’est que tout ce beau monde ne paie pas de mine. Même s’ils n’ont jamais gagné le gros lot, ils sont pourtant rassurants et pleins d’espoir : « Vous savez, me susurre un quidam entre deux âges, c’est moi qui ai donné la combinaison gagnante à un type de Lingwala. Celui qui a raflé 2.000.000 de francs congolais le mois passé ».

Et lui-même ? Il ne se démonte pas pour autant. Si jusqu’ici, il n’a pas encore gagné le ros lot, du moins, chaque semaine, il ramasse deux ou trois fois de petits lots. Aussi, pourquoi doit-il perdre l’espoir ?

A côté de ces chevronnés qui font pratiquement figure de vrais professionnels, gravitent aussi des joueurs occasionnels. Ceux qui jouent quand ils peuvent, mais ne sont pas vraiment accros. Mais qui en savent autant et même plus que les habitués de tous les jours. Ils discutent longuement, doctoralement des combinaisons gagnantes à tous les coups. Mais qui à la proclamation des résultats, s’avèrent une fois sur cent des bides.

Eux aussi ne désespèrent pas. Le gros lot ? C’est peut-être pour demain. Il faut bien rêver. « Pourquoi pas ? Si Ngoy, si Matumona ou Moseka ont déjà gagné le gros lot, la chance finira par me sourire « me déclare fermement, d’un ton qui n’attend aucune réplique,, une sentinelle dont les maigres ressources vont grossir quotidiennement les caisses des sociétés des paris et lotos.   

   Notre propos n’est pas de critiquer la Sonal ou toutes les maisons de loterie ou de paris,  qui , reconnaissons-le pour le moment, à l’encontre de Bindo, Nguma, et récemment My Gold Reve et autres sinistres individus vendeurs d’illusions, constituent des boîtes sérieuses. Ou encore avec toutes les autres loteries nées au gré des circonstances. Nous épinglons un phénomène de société qui nourrit les rêves des Kinois.

En effet, le Kinois aime le rêve : il adore la vie facile sur un coup de pot. Le farniente à satiété sans grand effort. Que faire pour cela ? Une solution : le jeu. Le couplé, le quinté, le quarté, le loto, le pari sportif. C’est le sommet du rêve. Le grand pied. La fortune sans fin. Une jeunesse éternelle. La santé recouvrée. La récupération pleins azimuts dans tous les domaines. Une famille unie et à l’abri de tous les soucis et besoins. Des repas succulents, finis les « malewa ». Des vêtements somptueux ( à bas la friperie de l’avenue Kato) et vive une grosse cylindrée, du pognon à ne pas savoir qu’en faire, la célébrité( prezo, beau gars, le blanc…), le pouvoir . Pourquoi pas une virée à Mputuville ? Cet eldorado dont tout Kinois rêve la conquête?

Il faut bien rêver. « Chance eloko pamba » dit une chanson célèbre d’un non moins célèbre chanteur, décédé il y a quelques années. Feu Papa Wemba pour ne pas le citer.    

 Il est difficile de briser un rêve kinois. Kinshasa, c’est la ville de toutes les promesses. De tous les rêves extraordinaires. N’a-t-on pas vu des « shégues », des cireurs, des « londonniennes » ou des prostituées notoires, accéder du jour au lendemain à la célébrité, émigrer dans un des  pays « schengen » et y réaliser leurs rêves les plus fous ?

Alors, faut-il empêcher un forcené de la loterie ou du pari de rêver ? Que non ! Il faut d’ailleurs croire que la publicité mille fois rabâchée par le biais des médias est si efficace et si porteuse de bien d’espoirs. Qui dit le contraire ? Celui-là est bien à plaindre. Il n’a jamais vu l’affluence des parieurs à l’heure de la remise de leurs bulletins  de jeu aux kiosques ou à celle de la proclamation des résultats.

Puisqu’il faut bien rêver, messieurs-dames, à vos jeux et paris ! La fortune est peut-être au bout du crayon.

Kalume Ben Atar

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