La ville de Goma a été plongée dans la stupeur mercredi 10 décembre, après l’assassinat de Magloire Paluku Kavunga, ancien homme de médias reconverti dans la rébellion armée. Selon des sources proches du mouvement rebelle AFC/M23, il a été abattu en pleine rue, dans des circonstances encore floues.
Âgé de 58 ans, Paluku était une figure bien connue dans le paysage culturel et médiatique de l’Est de la RDC. Né à Butembo en 1966, il avait multiplié les casquettes : journaliste, écrivain, poète, musicien et comédien. Il avait notamment fondé Radio Kivu 1, une station influente dans le Nord-Kivu.
Sa carrière l’avait ensuite conduit au ministère de la Culture, où il occupa plusieurs fonctions, notamment comme conseiller culturel, avant de devenir directeur de cabinet. Mais c’est son engagement auprès de Corneille Nangaa, ex-président de la CENI et aujourd’hui à la tête de l’AFC/M23, qui avait marqué un tournant dans son parcours.
En 2024, Magloire Paluku figurait parmi les prévenus dans un procès historique devant la Cour militaire de la Gombe, accusé aux côtés de Nangaa de crimes de guerre, trahison et participation à un mouvement insurrectionnel. Condamné à mort, il s’était replié dans les zones contrôlées par les rebelles.
Jusqu’à présent, aucun détail précis n’a été communiqué sur les auteurs ou les raisons de son assassinat. Mais ce meurtre, survenu en pleine période d’instabilité dans la région, suscite des interrogations. Pour certains observateurs, il pourrait révéler des tensions internes au sein du M23.
La disparition de Magloire Paluku vient rappeler, une fois de plus, combien l’Est de la RDC reste un terrain miné, où s’entrelacent ambitions politiques, luttes armées et règlements de comptes silencieux.
José Mutumbula