France : Décès d’Alain Delon, une légende du cinéma français s’en va

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L’acteur français né le 8 novembre 1935, est décédé dimanche 18 août, à l’âge de quatre-vingt-huit ans. Alain Delon est mort. Le monument du cinéma français s’est éteint le dimanche 18 août 2024, en début de la matinée, a annoncé ses trois enfants. Il avait quatre-vingt-huit ans et se faisait discret depuis son AVC, survenu en 2019. L’acteur français Alain Delon nous a quittés, ont annoncé ce dimanche, ses enfants, Alain-Fabien, Anouchka et Anthony. L’icône du septième art, le comédien était rarissime au cinéma depuis la fin des années 1990. Selon le communiqué de l’Agence-France-Presse (AFP), Alain Delon « s’est éteint paisiblement dans sa maison de Douchy, entouré de ses trois enfants et de siens ».                                                        

UNE MÉMOIRE TRÈS HONORÉE   

Les réactions affluent. Du président de la République à Fabien Roussel, tout en passant par Marine LePen, la mémoire d’Alain Delon a été honorée par des nombreux hommes et femmes politiques. Emmanuel Macron a notamment salué un « monument français », Eric Ciotti « patriote sincère et homme de droite ». Les hommages du monde entier se succèdent. Du Japon aux Etats-Unis, sa mort émeut. Pour le Spiegel allemand, qui affiche une photo de Delon avec Romy  Schneider, il était « le James Dean européen », tandis que le BBC salue un acteur qui faisait battre le cœur des spectateurs dans n’importe quel rôle, de celui d’un assassin à celui d’un charismatique escroc ». Ses interprétations auront marqué jusqu’au Pays du soleil levant (Japon). Les japonais l’idolâtraient selon la chaîne NHK, notamment « pour son charme et sa gestuelle ».                                              

ALAIN DELON S’Y ATTENDAIT  

Ça on peut dire qu’il s’y était préparé. Alain Delon est mort tellement de fois à l’écran que cela a dû lui paraître une dernière prise. Dieu, qui est un bon scénariste, a dit : « Coupez ! »Delon ne s’est pas relevé. Il ne tiendra plus la barre du ketch de Plein Soleil, il noiera plus Maurice Ronet dans la Piscine. Il ne s’effondrera plus sous les yeux de Cathy Rosier dans une boite de nuit tenue par Jean-Pierre Melville. Il est aujourd’hui libéré de la guerre que se menaient ses trois enfants : Anthony, Alain-Fabien et Anouchka déballant leur querelle dans un dramatique mélo médiatico-judiciaire, indigne de la star qui était leur père. Alain Delon qui était devenu riche par accident, d’après lui-même. Car au fond de lui, il  restait peut-être ce petit garçon de la banlieue parisienne dont les parents avaient divorcé lorsqu’il avait quatre ans, ce gamin placé en famille nourricière qui jouait dans la cour de la prison de Fresnes et qui avait entendu résonner les balles qui avaient exécuté Laval l’apprenti-charcutier qui avait préféré s’engager pour l’Indochine. Ses vingt ans, il les fête en prison à Saîgon. Là-bas, il voit « Touchez pas au Grisbi ». Le spectateur en treillis ne se doute pas une seconde que bientôt il partagera avec Gabin l’affiche de Mélodie en Sous-Sol (1963). Sa beauté d’ange diabolique et sa présence féline révolutionneront le cinéma dans les films de Clément Melville et Visconti. Parfois, Alain Delon se souvenait que son vrai père avait dirigé le Régina, une salle de Bourg-La-Reine en banlieue parisienne, mais ce souvenir lui paraissait tellement lointain.                                                

LE DERNIER GÉANT      

Qui, qui d’autre, peut aligner dans son curriculum vitae Clément, Antonio ni Visconti, Losey, Melville ? Il a été Swann, Zorro et Choban-Delmas.  Il a joué Siménon, travaillé pour Godard sur le tard, lui qui avait boudé la nouvelle vague. Tout au long de sa carrière, on le compara à son alter égo Jean Paul Belmondo. Les deux s’affrontèrent dans Borsalino (1970), se retrouvèrent dans Une chance sur deux (1998). Ils avaient porté le cinéma français sur leurs épaules. Cette tâche avait fini par les lasser. Delon tint la dragée Haute à Gabin et Ventura, deux colosses. Son admiration était destinée à John Garfield.                                                      

UN HOMME MYSTÉRIEUX       

Alain Delon garde son mystère. Il part avec ses secrets bien gardés. Le cinéma ne le méritait plus. Où était la parole donnée ? Où était l’ardeur ? Il laisse derrière lui un parfum de deuil et de catastrophe. Une fragrance qui a mal viré. Lorsque ses trois enfants, avec qui les relations n’étaient jamais simples, se sont publiquement déchirés sur fond d’un héritage encore à venir. Parmi les dernières images qu’Alain Delon laisse, il y aura celle de ce monsieur un peu hagard posant avec Anthony, Anouchka ou Alain-Fabien dans des manifestations d’amour filial calibrées pour les réseaux sociaux et les prétoires. Mauvais remake pour le quel il n’avait pas signé et qui aurait pu s’intituler Anouchka et ses frères. La passion porte un voile sombre. Il n’y aura plus d’Alain Delon. Son épitaphe était prête : « J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelque fois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu et par cet être factice créé par mon orgueil et mon ennui ». Il va falloir s’habituer à vivre dans un monde sans lui. Il n’est pas sûr qu’il soit tellement habitable. Du coup, il n’y a pas que ses enfants qui sont devenus orphelins car nous sommes tous des orphelins des années Delon.

Majoie Kisalasala

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