Face-à-face entre Tshisekedi-Kagame à Washington Faut-il s’attendre à un nouveau rapprochement ?

0
13

Prévue depuis juin 2025, la rencontre entre les Présidents Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda) semble sur le point de se concrétiser. L’émissaire de Donald Trump pour l’Afrique, Massad Boulos, a annoncé le 15 novembre qu’une réunion entre les deux leaders aura lieu « dans quelques jours » à la Maison Blanche. Ce face-à-face, sous l’égide de Trump, pourrait-il favoriser un rapprochement entre les deux hommes politiques? La recherche de la paix dans la région des Grands Lacs les y pousse.

Lors d’une conférence de presse organisée le 9 juillet 2025 à la Maison Blanche, Donald Trump avait déclaré que Félix Tshisekedi et Paul Kagame seraient attendus à Washington dans les « deux semaines suivantes » pour finaliser un accord de paix historique entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Cet accord, qui a pour objectif de mettre fin à plus de trois décennies de conflits dans la zone des Grands Lacs, inclut plusieurs engagements essentiels : le retrait des forces rwandaises de l’Est de la RDC, la neutralisation des groupes armés non étatiques, tels que les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda(FDLR), ainsi que l’établissement d’un cadre de coopération sécuritaire et économique régional.

Le 27 juin 2025, un premier progrès avait déjà été réalisé : les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda ont paraphé un accord à Washington, en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio. Trump a salué cet événement comme une victoire diplomatique : « Ils se battent depuis 30 ans. Sept millions de morts…Ça a été un combat long et terrible », avait-il affirmé. Pour Paul Kagame, cette initiative est accueillie avec prudence : bien qu’il apprécie la médiation des États-Unis, il met en avant la nécessité pour chaque partie de respecter ses engagements.

Du côté américain, ce sommet à venir s’inscrit également dans une approche stratégique. Le conseiller spirituel de Trump a noté que l’accord ne devait pas être « une paix sur le papier », mais devenir « une paix active », animée par la coopération et la reconstruction. Pourtant, des interrogations demeurent. Certains experts estiment que l’accord manque de mécanismes solides de justice et de réparation, notamment concernant les victimes de violences dans l’Est de la RDC. D’autres soulignent les enjeux liés aux ressources naturelles : l’Est du Congo est extrêmement riche en ressources minérales stratégiques, et le rôle des investisseurs américains dans le cadre de ce nouvel accord suscite des débats. Enfin, Félix Tshisekedi a lui-même mentionné, lors d’un entretien avec la diaspora congolaise en Égypte, que la signature prévue à Washington pourrait également inclure l’accord de Doha, un autre pacte en cours de négociation avec le mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda.

Un accord final à Doha comme condition préalable

Après de nombreuses discussions infructueuses, les autorités congolaises et les insurgés de l’AFC/M23 ont enfin fait un pas en avant dans le processus de paix dirigé par le Qatar depuis mars. Cet accord-cadre comprend huit protocoles qui précisent les sujets à aborder et les méthodes de mise en œuvre pour parvenir à un accord de paix définitif. Ce document a été signé le 15 novembre à Doha entre Kinshasa et l’AFC/M23. Il prévoit en particulier un cessez-le-feu immédiat, l’établissement de corridors humanitaires, la réaffirmation de l’autorité de l’État dans les zones touchées, ainsi que la libération des détenus. Washington, par l’intermédiaire de Massad Boulos, a applaudi cette avancée tout en rappelant que « le chemin vers la paix est long et complexe, mais il ne devrait pas prendre trop de temps ».

Dans ce contexte, Massad Boulos a affirmé que la réunion prévue à Washington devrait mener à la signature d’un accord économique « significatif » entre Kinshasa et Kigali. « L’invitation a été faite et les dirigeants des deux pays devraient se rendre à la Maison Blanche très bientôt, » a-t-il indiqué, en mettant en avant l’importance de cette alliance pour la stabilité de la région et la coopération économique.

Bien que la signature de l’accord de Doha représente une étape « cruciale », certains analystes pensent que son application sera essentielle pour renforcer la paix dans l’Est de la RDC. La rencontre (Tshisekedi-Kagame) à Washington semble agir comme une extension diplomatique de ce processus, soutenue directement par l’administration américaine.

Alors que le monde retient son souffle, Tshisekedi, Kagame et Trump pourraient sceller un tournant crucial en matière de diplomatie : non seulement la fin officielle d’un conflit prolongé, mais aussi le début d’une nouvelle ère de coopération régionale. Il reste à savoir si les promesses de paix se matérialiseront en véritables actions sur le terrain, au-delà des mots et des accords formels.

J-P Ebonga

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici