ELECTIONS EN 2023

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Katumbi : « L’ennemi du Congolais, c’est le politicien congolais »

Moïse Katumbi, président d’Ensemble pour la République, n’aime pas la politique bien qu’il a brigué des fonctions politiques telles que le gouverneur du Grand Katanga. Dans une interview accordée, le week-end dernier, à la presse lors de l’inauguration des locaux qui abriteront désormais le bureau national de son parti à Lubumbashi, Katumbi a déclaré : « L’ennemi du Congolais, c’est le politicien congolais ».

Parmi les raisons qui motivent l’ex-Gouverneur du Katanga à ne pas aimer la politique, il estime qu’il y a beaucoup de mensonges et la majorité des gens qui viennent en politique travaillent pour eux-mêmes et pour leur famille. « Ce qui me retient en politique, c’est de pouvoir faire pression sur tous ces dirigeants-là, pour qu’ils fassent le bien pour le peuple », affirme-t-il.

Selon Katumbi, « la vocation première de son parti est d’apprendre aux jeunes que la politique n’est pas destinée à l’enrichissement personnel, contrairement à une idée très répandue ». « Les gens ne pensent qu’à 2023, mais pensons un peu à changer les choses », ajoute-t-il.

LA MISERE

Quoiqu’étant membre de l’Union sacrée, Katumbi n’hésite pas de critiquer le pouvoir en place, au nom de ce qu’il qualifie de son franc-parler, à cause de la situation sociale des Congolais qui ne cesse de dégringoler. Pour illustrer la misère dans laquelle croupit la population, le président d’Ensemble évoque la malnutrition.

« C’est très triste, en 2022, que nous demandions aux bailleurs de fonds de nous aider à lutter contre la malnutrition de 27 millions de personnes alors que l’immense pays pourrait nourrir l’Afrique et même au-delà. La République démocratique du Congo n’exporte rien, à part le minerai », s’indigne-t-il.

Le Katanga; par exemple, divisé depuis 2015 en quatre provinces, « a besoin de deux millions de tonnes de maïs chaque année, mais n’en produit que 10% ». Le reste vient principalement de la Zambie voisine.

AGRICULTURE ET INFRANSTRUCTURES

Moïse Katumbi évoque l’époque où il était gouverneur, quand il faisait distribuer des semences améliorées aux paysans et exigeait de chaque société minière qu’elle « cultive au moins 500 hectares avant d’exporter les minerais ».

La production agricole avait augmenté, les prix avaient baissé. « Il y a moyen de faire des choses », estime-t-il, regrettant que ceux qui lui ont succédé après sa démission n’aient pas poursuivi l’expérience».

Et il faut aussi des routes. Celles-ci sont notoirement mauvaises en RDC où les véhicules peuvent rester des semaines embourbés sur des pistes de terre ravinées par les abondantes pluies. « Parce que c’est bien beau de recevoir des semences améliorées, mais si les paysans ne peuvent pas évacuer leurs produits, comment vont-ils les vendre ? Quand on aura les routes, asphaltées et bien entretenues, les Congolais iront cultiver », assure Moïse Katumbi.

ELECTIONS CHAOTIQUES

Bien que 2023 soit loin d’après lui, Katumbi appelle aux élections crédibles. « Laissons les électeurs décider lors de vraies élections, pas des élections chaotiques comme en 2018 », en appelle-t-il.

Il est jusqu’à la preuve du contraire membre de l’Union sacrée de la Nation. Mais sans l’ombre d’aucun doute, Moïse Katumbi se prépare sérieusement pour se porter candidat à l’élection présidentielle de 2023. En face de lui, il y aura, sans doute, le président sortant, Félix Tshisekedi Tshilombo, candidat déclaré à sa propre succession.

DEB.AUCHAGE

Tshisekedi semble damer des pions à Moïse Katumbi, avec notamment le ralliement de la quasi-totalité des membres du Gouvernement issus de son regroupement politique, qui ne peuvent que, s’ils sont logiques avec eux-mêmes, battre campagne pour lui et défendre le bilan de leur gestion.

A une année et demie de la tenue des prochaines élections générales, le camp politique de l’ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga se délite. Même si la rupture n’a pas été brutale, tous les signaux indiquent que le courant passe mal entre Moïse Katumbi et presque tous les ministres issus d’Ensemble pour le changement, du moins pour ce qui est de soutenir sa probable candidature à la magistrature suprême.

OKENDE

En effet, si Chérubin Okende, ministre des Transports, Voies de Communication et Désenclavement a pris part au lancement officiel de Ensemble pour la République à Kisangani, rien n’indique qu’il serait prêt à dire non à Félix Tshisekedi si ce dernier lui demande de soutenir sa candidature en 2023. Ses collègues Modeste Mutinga et Christophe Lutundula ont, eux, clairement annoncé qu’ils ne sont pas contre un second mandat pour Fatshi.

« Le PDG, mon parti et moi-même sommes foncièrement convaincus qu’avec Félix Tshisekedi à l’issue des élections de 2023, la RDC, notre pays, connaîtra une embellie spectaculaire en Afrique et à travers le monde. D’où notre soutien à sa candidature », peut-on lire sur le compte Twitter Officiel du ministre de la Solidarité nationale et Actions humanitaires.

CHRISTOPHE LUTUNDULA A FAIT SON CHOIX

Le Vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères a, quant à lui , clairement pris position pour la continuité et la poursuite de l’œuvre entamée en 2019 par le fils de feu Étienne Tshisekedi. « Je travaille aux côtés du président Tshisekedi. Le bilan du Gouvernement est aussi le mien. Il est aberrant que l’actuel Chef de l’Etat ne continue pas pour un deuxième mandat », a déclaré Christophe Lutundula sur RFI.

Il a poursuivi qu’ « il {ndlr le Président Félix Tshisekedi} doit continuer pour poursuivre ce travail, mais surtout, pour accomplir son projet, après déminage…»

Comme pour éviter tout équivoque, le chef de la diplomatie congolaise a expliqué que Moïse Katumbi sait qu’il travaille aux côtés du Chef de l’Etat et a dit ne pas savoir si le leader de Ensemble sera candidat en 2023.

« Mais, a insisté le VPM des Affaires étrangères, je l’ai déjà dit, le président Félix Tshisekedi a droit à un second mandat, c’est constitutionnel ». Ce, avant de renchérir qu’il travaille pour la réussite de ce Gouvernement.

HYPOCRISIE

Par ailleurs, il nous revient d’apprendre qu’un autre membre du Gouvernement issu d’Ensemble, en l’occurrence le ministre de l’ESU Muhindo Nzangi, aurait choisi de soutenir lui aussi Félix Tshisekedi Tshilombo en 2023.

Entre-temps, une quarantaine de députés nationaux d’Ensemble avaient menacé de désavouer Moïse Katumbi au cas où il mettrait en exécution ses menaces de quitter l’Union sacrée.

C’est dire qu’à l’allure où vont les choses, Moïse Katumbi est en train de perdre des poids lourds de son camp politique. Et, même s’il peut se consoler à l’idée que son tout nouveau parti, Ensemble pour la République, serait implanté dans une bonne partie du pays d’ici 2023, rien n’indique qu’il aura des cadres capables de palier au probable départ de grands noms susmentionnés. Toutefois, rien ne semble être définitif, encore qu’en politique, tout peut arriver.

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