Corruption à la présidence

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Affaire Vidiye : Une enquête judiciaire plus vaste attendue

Des acteurs de la société civile exigent une enquête judiciaire plus vaste qui viserait tout l’entourage du chef de l’Etat congolais. Vidiye Tshimanga, le désormais ancien conseiller stratégique du président de la République, promet de démontrer, preuves à l’appui, qu’il est victime d’une manipulation.

Il a dit que la décision de déposer sa démission a été mûrement réfléchie. Vidiye se dit toujours innocent et justifie son choix par le souci, dit-il, de préserver la dignité de la fonction du chef de l’Etat et sa confiance placée en sa personne. Il se considère comme une victime étant donné que, selon lui, c’est Félix Tshisekedi qui serait visé.

Le choix de démissionner, ajoute-t-il, s’explique aussi par le besoin d’avoir toute la liberté de dénoncer et de lever le voile sur les commanditaires « de cette machination ».

Dans un document publié le week-end, Vidiye dénonce  un « grossier montage et des calomnies qui ont porté atteinte à sa dignité et à celle du chef de l’État ». Il soutient que ses propos ont été détournés. Jusque-là, aucun dossier judicaire n’a été ouvert.

Des vidéos compromettantes que d’aucuns qualifient de scandaleuses  sont à la base d’un tollé sur les réseaux sociaux depuis jeudi 15 septembre. On peut bien voir, dans ces vidéos, Vidiye Tshimanga, conseiller stratégique du président Tshisekedi, en train de proposer ses services pour l’acquisition des licences minières en faveur de ses interlocuteurs, des prétendus investisseurs dans le secteur des mines.

Bien avant la démission de Vidiye, dans une communication transmise aux médias, la Présidence de la République avait réagi et tentait calmer la tempête. « Toute personne, y compris au sein du cabinet du président de la République, dont le comportement avéré aura enfreint la loi, la déontologie de sa fonction ou le règlement d’ordre intérieur du cabinet présidentiel, subira la rigueur de leurs effets », peut-on lire

Et de poursuivre : « la lutte contre la corruption est un des piliers de l’action du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, depuis son accession à la tête du pays en janvier 2019. Le chef de l’État a constamment fait montre de fermeté pour combattre ce fléau qui a appauvri notre pays depuis des décennies. »

Ainsi, « la création de l’Agence nationale de prévention et de lutte contre la corruption (APLC), la réhabilitation de l’Inspection générale des Finances (IGF), la redynamisation de la Cour des Comptes ainsi que le processus de digitalisation de l’administration publique en sont les preuves tangibles. La défense de l’intérêt général, le respect strict de la loi et la promotion de l’État de droit sont au cœur de la vision du président Tshisekedi pour édifier une justice sociale profitable à tous les Congolais. Cela ne se fera qu’au prix de l’exigence d’exemplarité de la part de chaque Congolais, à commencer par ceux qui dirigent le pays ».

LES DEMANDES D’EXEMPLARITE

Cerné après la diffusion d’une vidéo compromettante, Vidiye Tshimanga, a démissionné. De leur côté, des militants associatifs estiment que cette démission n’est pas suffisante. Ils attendent un peu plus.

L’Association congolaise pour l’accès à la Justice (ACAJ) se félicite de la démission de Vidiye Tshimanga. Elle recommande au Procureur général auprès de la Cour de Cassation d’ordonner une enquête judiciaire crédible et exhaustive.

De son côté, Jean-Claude Mputu, porte-parole de la coalition « Le Congo n’est pas à vendre », attend également une action similaire à mener par l’Inspection générale des Finances (IGF) : « L’IGF doit ouvrir une enquête et aller au-delà des déclarations, au-delà des sanctions éventuelles pour vérifier ces affirmations : le nombre des comptes offshore, des prête-noms, des mines qui sont distribuées aux gens à la présidence. »

Jimmy Kande, président du Réseau panafricain de lutte contre la corruption (UNIS), espère que Félix Tshisekedi, le président de la République, fera « le ménage dans son entourage ». « L’inaction du président le rendrait pratiquement coupable ou complice de ce genres des pratiques, étant donné qu’il a été présenté comme celui qui laisserait Vidiye Tshimanga faire des affaires en son nom », explique-t-il.

Les activistes réclament également des explications claires de la part de la société minière Ivanhoe, avec laquelle Vidiye Tshimanga aurait fait des affaires, selon les vidéos diffusées. « Qu’Ivanhoe éclaire l’opinion sur comment Monsieur Vidiye Tshimanga a pu acquérir ses parts dans cette société. Est-ce qu’Ivanhoe bénéficie des soutiens des politiques, tout en violant les lois de la République ? Cela va même de la réputation d’Ivanhoe qui doit réagir, afin que les lanternes des Congolais soient éclairées », poursuit Jimmy Kande.

Entre-temps, du côté du Parlement, l’Assemblée nationale a programmé l’examen d’un texte qui renforce les dispositions répressives contre la corruption.

J-P Ebonga

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