Le vendredi 27 juin dernier à Washington, la République démocratique du Congo et le Rwanda ont concluent un accord de paix marquant un moment historique, sous la médiation des États-Unis. Cet événement se déroule en présence de Marco Rubio, le Secrétaire d’État américain, et représente le résultat d’un effort diplomatique relancé durant l’administration Trump. Cette étape pourrait mettre fin à près de trois décennies d’hostilités et de conflits dans la région des Grands Lacs.
Cependant, cet accord va bien au-delà d’un simple geste politique, puisqu’il reflète l’intensification de la coopération entre Kinshasa et Washington, qui se met en place autour d’un « accord mutuellement bénéfique » touchant à plusieurs domaines : sécurité, développement économique, gouvernance, environnement, éducation et aide humanitaire. Les deux États ambitionnent donc de renforcer davantage leurs relations, déjà ponctuées de plusieurs réalisations dans divers secteurs.
Avec un soutien financier avoisinant un milliard de dollars par an, les États-Unis restent le principal partenaire bilatéral de la RDC. En une décennie, plus de 6 milliards de dollars ont été injectés pour améliorer les conditions de vie dans 25 des 26 provinces du pays. Ce soutien s’articule autour d’une aide globale au développement, en se concentrant sur les secteurs sociaux essentiels et la stabilité des institutions.
Washington adopte une approche collaborative pour le développement économique. Le projet de corridor de Lobito, avec un soutien de 4 milliards de dollars, vise à renouveler les infrastructures régionales en reliant l’Angola, la RDC et la Zambie via une ligne ferroviaire stratégique de 800 km.
Dans le domaine agricole, 110 millions de dollars ont été mobilisés pour combattre la pauvreté et la malnutrition, et l’initiative Gorilla Coffee Alliance a permis à plus de 2 000 producteurs du Sud-Kivu d’accroître leurs revenus. L’aide américaine inclut aussi le soutien à la formalisation de la chaîne d’approvisionnement en cobalt et cuivre ainsi que la traçabilité de l’or artisanal, une première dans le pays.
L’éducation occupe une place centrale dans la stratégie des États-Unis en RDC. Les États-Unis ont facilité l’accès à l’éducation pour plus de 350 000 enfants vivant en zone de conflit, ont produit du matériel éducatif en langues locales et ont coordonné une aide de 135 millions de dollars du Partenariat mondial pour l’éducation. À cela s’ajoutent la promotion de l’anglais, le développement de formations professionnelles, et l’ouverture de six espaces culturels américains dans le pays.
En ce qui concerne la gouvernance et la démocratie, les États-Unis ont été le principal financier du cycle électoral de 2023. Le pays du star et des bandes a investi 24 millions de dollars pour renforcer la transparence, activer la société civile et améliorer l’organisation des élections. Plus de 8 000 observateurs ont été mobilisés durant ce processus électoral.
Dans le domaine judiciaire, 2 500 nouveaux magistrats ont été formés grâce à un soutien de 13 millions de dollars. Washington a également soutenu le secteur médiatique, produisant des résultats notables : les revenus mensuels de dix stations de radio communautaires sont passés de 445 dollars en 2020 à plus de 7 000 dollars en 2024.
Depuis un quart de siècle, les États-Unis agissent comme des partenaires clés dans la protection du Bassin du Congo, considéré comme le deuxième poumon de la planète. Grâce au programme CARPE, plus de 650 millions de dollars ont été consacrés à la préservation des forêts et à la lutte contre les effets du changement climatique. En 2024, le braconnage des éléphants dans le parc de Garamba a atteint son niveau le plus bas en dix ans. Par ailleurs, un sommet régional a établi des fondations pour une coopération interfrontalière en vue de la protection de cet écosystème crucial.
Depuis 2019, la République Démocratique du Congo a bénéficié de 3 milliards de dollars d’aide humanitaire. En 2023, 5,3 millions de personnes ont reçu de l’aide alimentaire. Les États-Unis ont également réagi en cas d’urgence, notamment lors des inondations de janvier 2024, et ont pris des mesures contre les violences basées sur le genre avec un programme touchant 850 000 bénéficiaires. Du côté de la sécurité, Washington a soutenu les réformes au sein de la police congolaise, formant 600 agents et construisant 19 postes de police en 2023. Des échanges militaires, des cours de langue dans les écoles militaires et des initiatives de cohésion sociale viennent enrichir cette approche stratégique.
Enfin, la jeunesse congolaise a occupé une place centrale dans le projet bilatéral avec les États-Unis. Le programme Mandela Washington Fellowship offre chaque année des opportunités de formation aux jeunes leaders congolais, et le renouvellement des visas touristiques et étudiants à deux ans, instauré en septembre 2023, favorise désormais les interactions humaines et académiques.
J-P E
La rédaction