Avec les mêmes gouvernantsMatadi Kibala est la goutte d’eau qui s’est ajouté à la misère des Congolais

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C’est vrai que le mal congolais ne vient pas du mandat de Félix Tshisekedi, mais quand les tares du passé prennent du volume sous le nouveau régime, on peut s’interroger sur les perspectives du pouvoir après 2023. L’accident de Matadi Kibala est la goutte d’eau qui s’est ajouté à la misère enregistrée dans le Grand Kasaï, à l’insécurité à l’Est pour faire déborder le vase des Congolais, qui ne demandent que la sanction contre les gouvernants instruits par le Chef de l’Etat lors du Conseil des ministres du 17 janvier dernier.
Matadi Kibala n’est que le prototype des marchés pirates qu’on retrouve à Type K sur l’avenue Bokassa où les mamans vendent les légumes dans la boue le long de la route, du marché de l’UPN à la base des embouteillages, des environs du marché de la Liberté, de Ndolo-Libongo sur la route des Poids lourds, du marché de Selembao… Autant de sites où une déviation malencontreuse d’un véhicule suffit pour ramasser des dizaines de vendeurs et passants et les amener outre-tombe. Mais, ces fléaux sont traités à la surface, les mamans vendant les produits vivriers à même le sol, soixante ans après le départ des colons belges.
LA JUNGLE
Que dire des motocyclistes, plus de 500 mille, sans plaques d’immatriculation ni casques pour eux et leurs passagers (3). Ils roulent sur les artères de la capitale sans respecter les lieux de stationnement, gênant la circulation, opérant des dépassements à la limite du tolérable, injuriant les conducteurs sans que sanctions ne suivent… Bref, un monde de non droit, car il suffit d’avoir 500 dollars pour mettre sa moto sur la voie publique sans se donner la peine de chercher ne fut-ce qu’un permis de conduire ou une plaque d’immatriculation, sans oublier l’assurance automobile. Rien de tout cela dans une ville où les lois existent, où des supposés dirigeants sont positionnés à différents postes, mais où l’on vit en tout désordre contre les des devoirs citoyens.
Des Kinois construisent avec des documents légaux dans les enclos de la SCTP (ex-Onatra), sur les traverses des rails, le long des berges des rivières, sur les collines sablonneuses de Kisenso ou de Mont-Ngafula, sur les terrains marécageux de Kingabwa et Masina. Quand le gouverneur Ngobila parle de Métro Kin, la société de transport par voie ferrée, pense-t-il à la délocalisation de toutes ces populations ?
FLEAU
Que dire des jeunes désœuvrés devenus des bandits avec armes blanches qui écument les quartiers de Kinshasa ? Combien sont-ils et pourquoi le phénomène ne dépérit pas malgré le transfert de centaines d’entre eux à Kanyama Kasese pour l’apprentissage des métiers et l’agriculture ? Une chose est certaine.
L’impact des actions des gouvernants est plus symbolique que déterminant pour changer le sort des populations qui ploient sous le fardeau de ces phénomènes. Est-il difficile de multiplier les écoles professionnelles, à l’instar de l’INPP, pour absorber ces jeunes désœuvrés ?
La gouvernance à Kinshasa est également mise à rude épreuve par la mauvaise qualité des véhicules qui circulent dans la ville. La plupart ne sont pas soumis au contrôle technique ni ne disposent de police d’assurance. Les policiers de roulage qui essayent de les réprimer sont, à leur tour, violemment critiqués comme si les conducteurs ont le droit de violer la loi à leur guise.
INONDATIONS
Mais, c’est dans le secteur de l’insalubrité où il y a à boire et à manger, car quand la pluie se déverse sur les artères de Kinshasa, elles se transforment en lacs inondant les parcelles et empêchant tout déplacement d’un coin à l’autre de la capitale. Or, sous ces lacs, il y a les câbles électriques dénudés, car tripotés par les populations, et qui peuvent électrocuter les  passants. Mais c’est aussi dans ces eaux insalubres que les Kinois inciviques libèrent leurs fosses septiques et tant d’autres déchets ménagers.
Tous ces faits de gestion appellent à des mesures sans complaisance pour relever le niveau de l’administration des villes et territoires du pays. Comment pourrait-on accomplir le plan de développement à la base-145 territoires, avec les mêmes acteurs qui n’ont pas publié l’héritage des années Mobutu. Il y a des doutes sérieux qu’on n’arrivera pas au bout de la course, à cause de la négligence, du laxisme, du favoritisme des nominations intéressées, des détournements… Bref, l’Afrique comme le Congo ne souffre pas de ses ressources naturelles abondantes, mais de ses enfants incapables de transformer les connaissances empiriques apprises dans les meilleures universités du monde.
REPROCHE
C’est là le reproche qui est fait à la classe politique depuis 1960 jusqu’à ce jour, cette incapacité de se prendre en charge fustigée par feu Mzee Laurent-Désiré Kabila. Le même reproche est fait actuellement aux fils et filles venus de la diaspora qui ont difficile à transposer ce qu’ils ont bénéficié en Europe ou en Amérique au pays. Car en descendant déjà à l’aéroport international de N’Djili, les besoins sautent aux yeux pour un pays où la population appelle le changement de tous ses vœux, mais avec quels fils ?
Ceux qui vont se remplir les poches et oublier les villages sans eau ni électricité, ou sans écoles ni centres de santé ;mais se contentent de détourner les deniers publics pour se construire des édifices à l’étranger.
Matadi Kibala est donc la sommation de toutes ces indifférences et irresponsabilités collectives pendant que les Chinois investissent dans les mines artisanales et s’enrichissent au point de susciter la jalousie des Américains. Malheureusement, le laxisme tant déploré a, une fois de plus, pris le dessus sur le bon sens au point que les populations sont perplexes sur les projets et les décisions qui sont édictées à l’issue des réunions des institutions publiques. Elles creusent plus le fossé avec les gouvernés qu’elles ne les confortent dans leurs sentiments d’être pris en charge de manière efficiente.
CONVERSION
Est-ce un problème des personnes qualifiées, de moralité, de conversion spirituelle ou des moyens financiers avec des partenaires comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement… avec des résultats nuls dans les 145 territoires du pays sans infrastructures de base de qualité ? Est-ce une malédiction à conjurer ? Du Mali, à la Guinée en passant par le Burkina Faso, il y a un lien qu’il faut couper même si le développement ne procède pas d’un miracle.
J-P Ebonga


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