Arrivée du Secrétaire d’Etat américain au Rwanda

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Rwanda President Paul Kagame attends a press conference on the sidelines of the World Economic Forum (WEF) annual meeting in Davos on May 25, 2022. - US pharmaceutical giant Pfizer stated it would sell its patented drugs at a not-for-profit basis to the world's poorest countries, as part of a new initiative announced at the World Economic Forum in Davos. (Photo by Fabrice COFFRINI / AFP)

La date fatidique approche pour Paul Kagame

Le Rwanda s’apprête à accueillir la visite de haut niveau d’un dignitaire américain. Le secrétaire d’Etat Anthony Blinken fera le déplacement vers Kigali du 10 au 12 août prochain. L’agenda du secrétaire d’Etat est peu enchanteur pour le régime du président Paul Kagame.

Un communiqué du département d’État américain fixe son agenda: “Le secrétaire d’État soulèvera  des préoccupations relatives à la démocratie et aux droits de l’homme, comprenant la répression transnationale, la limitation de l’espace pour les opinions divergentes et l’opposition politique, et la détention injustifiée de Paul Rusesabagina, résidant permanent légal aux Etats-Unis

Anthony Blinken veut également échanger autour du rôle du Rwanda dans la réduction des tensions et de la violence actuelle dans l’Est de la RDC.

À Kigali, ce sont des sujets qui mettent mal à l’aise et sur lesquels le pouvoir aura du mal à s’expliquer.

Des membres de l’Opposition rwandaise multiplient des appels vis-à-vis des États-Unis pour contraindre le régime rwandais à l’ouverture démocratique.

SOUTIEN DE KAGAME AU M23

Des témoins, s’il en faut encore, ne seront que de trop. Le bourreau de la RDC et tireur des ficelles dans la crise qui endeuille l’Est de la République est bien connu : c’est le président du Rwanda, Paul Kagame. Après avoir longtemps joué avec des circonlocutions et autres langages de bois, « l’homme fort de Kigali » se dévoile lui-même, en laissant tomber les masques. À propos du M23, afin que nul n’en ignore, Kagame relativise, en disant que ce n’est pas un groupe terroriste, mais plutôt un « groupe ethnique » qui revendique ses droits. Après des crimes imprescriptibles commis sur le sol congolais par les terroristes du M23 et des milliers de morts qui s’en sont suivis, le président rwandais estime maintenant que « les problèmes dans cette région ne peuvent être résolus par la force des armes, ils nécessitent des solutions politiques ». Aux initiés de décrypter le message.

QUAND KAGAME PARLE DE LA PAIX

Face à la presse, il a également abordé la question relative à la construction d’une paix durable dans la région, surtout entre son pays, le Rwanda et le Congo de Félix Tshisekedi.

« Nous avons eu des bombardements depuis le territoire de la RDC vers le Rwanda qui ont tué des gens et endommagé des biens à plusieurs reprises. Nous avons besoin de paix pour nous deux, il faut qu’il y ait la paix au Rwanda et il faut qu’il y ait la paix en RDC », a dit Paul Kagame.

Curieusement, selon le président rwandais, ce sont des groupes armés de la RDC qui attaquent et tuent le peuple rwandais et non l’inverse !

« La RD Congo a des problèmes auxquels elle doit faire face, tout comme nous avons les nôtres en tant que pays souverain. Ce qui est inacceptable, cependant, c’est de voir des groupes armés de la RDC nous attaquer et tuer notre peuple », a-t-il martelé.

Mais de quels groupes armés et de quel peuple rwandais qui est tué par les Congolais ? Cette assertion confirme-t-elle indirectement que des morts enregistrés parmi les éléments M23 sont des Rwandais ? Lorsque l’on sait qu’en aucune circonstance, depuis le début de ce conflit, les FARDC ne sont allés attaquer les rwandais dans leur territoire, de quoi parle Kagame ?

Sans répondre à cette interrogation, c’est d’ailleurs sans étonnement que le chef de l’Etat rwandais entretient le flou par rapport à une question de la presse sur la question de la communauté parlant le kinyarwanda en RDC : « Ils parlent le kinyarwanda, mais ce sont des citoyens congolais ».

À tout prendre, cette sortie médiatique du président Paul Kagame vient donner de la matière à réfléchir aux politologues, historiens, sociologues et juristes. Car le peuple congolais voudrait bien cerner la portée de telles déclarations en ce moment précis.

SAUVER L’IMAGE DES USA EN AFRIQUE

Devancés par la Chine sur le continent, les Etats-Unis tentent de se concentrer désormais sur le nouvel adversaire commun de l’OTAN, la Russie. Selon un communiqué paru vendredi, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken effectuera du 7 au 9 août prochain une visite en Afrique du Sud, en RDC, et au Rwanda.

Il s’agit de contrecarrer l’influence diplomatique de Moscou alors que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov termine son tour d’Afrique. Ces efforts diplomatiques s’inscrivent dans la droite ligne de ceux entrepris récemment par la France pour s’assurer qu’elle contrôle toujours son pré-carré colonial. Même si le président français Emmanuel Macron qui était lui aussi cette semaine au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau a admis à demi-mot que son pays est en train d’être dépassé par la Russie en Afrique.

Anthony Blinken tentera à son tour de reprendre du terrain. Il rappellera selon le communiqué aux pays africains qu’ils ont un rôle géostratégique essentiel et sont des alliés cruciaux sur les questions les plus brûlantes comme la lutte contre les effets du changement climatique, l’insécurité alimentaire et les pandémies mondiales.

Il s’agira du deuxième déplacement du secrétaire d’Etat américain en Afrique subsaharienne depuis sa prise de fonctions. L’année dernière, il s’était rendu au Kenya, au Nigeria et au Sénégal. L’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, se rendra de son côté le mois prochain au Ghana et en Ouganda quand la directrice de l’agence américaine d’aide au développement Samantha Power a achevé récemment un déplacement au Kenya, allié de longue date des Etats-Unis, et en Somalie.

J-P Ebonga

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